CN 1185, 570 360/193 020. Altitude 439-441 m.
Date des fouilles: septembre-octobre 2001.
Références bibliographiques: A. Pantet/Ch. Chevalley/J. Morel, BPA 42, 2000, 151s.; S. Freudiger, BPA 43, 2001, à paraître.
Fouille de sauvetage programmée (pose de canalisations liée au rééquipement de parcelles) et sondages de contrôle. Surface explorée env. 150 m².
Habitat. Thermes. Voirie.
La pose de nouvelles conduites souterraines dans la partie orientale de l'insula 18 a engendré l'exploration du sous-sol archéologique sur le tracé des futures canalisations. Ces investigations ont été suivies par une série de sondages topographiques ayant pour objectif principal de cerner l'emprise sud-est de ce quartier limitrophe (fig. 16).
Intégrant les données des interventions ponctuelles de 1983, 1986 et 2000, le premier bilan de ces recherches laisse entrapercevoir l'organisation architecturale et le découpage particulier de cette portion d'insula. Son plan trapézoïdal découle en effet de l'axe oblique d'une rue qui délimite le quartier à l'est (fig. 16,1). Large de 6.5 m et encadrée par les murs de façade des bâtiments riverains, celle-ci permettait de rejoindre la route du Port (fig. 16,2) à partir du decumanus menant à la Porte du Nord-Est (fig. 16,3). Avant de parvenir à cette bifurcation, le passant arrivant du centre-ville par la voie décumane devait ainsi longer la façade méridionale de l'insula 18 sur une distance de quelque 124 m, équivalant à la longueur de ce quartier aux mensurations hors normes.
À l'intérieur de l'insula 18, les vestiges exhumés sur l'emprise des tranchées témoignent d'une succession de locaux de service et de salles qui se développent à l'est d'une cour à portiques (fig. 16, A). La restitution de cette dernière, centrée sur la largeur du quartier, s'appuie sur la mise en évidence de deux segments d'une épaisse maçonnerie, interprétée comme un mur de stylobate (fig. 16,4). Le tracé de son pendant occidental est proposé à partir d'un large fossé de récupération qui fixerait la largeur de la cour A à 9 m (fig. 16,5). Enfin, la branche est de son portique, large de 3.3 m, est déterminée par la mise au jour d'un tronçon de son mur de fond (fig. 16,6).
À l'arrière de ce portique est aménagée une vaste salle quadrangulaire dotée d'un sol de terrazzo et de fresques encore partiellement en place (fig. 16,B). Ses dimensions (11.5 × 8 m) et sa position axiale par rapport à la cour à péristyle A confèrent à cette salle une fonction particulière, peut-être celle de réception, à caractère privé ou public. En l'état actuel de nos connaissances, il est prématuré de considérer cette unité orientale comme faisant partie intégrante du vaste complexe monumental qui s'étend à l'ouest, quand bien même son insertion dans l'axialité qui semble régir le quartier tout entier est frappante.
De part et d'autre de la salle axiale B se déploient en alternance une série de pièces secondaires et de couloirs, tous équipés de sols de béton de chaux et de décors muraux peints. L'exploration de la portion sud en 2001 a révélé, outre les vestiges d'un bâtiment antérieur sous le sol des pièces collatérales (fig. 16,C), un vaste local de service ou cour (fig. 16,D) qui sépare ces dernières d'une pièce quadrangulaire hypocaustée de 20 m², accolée à la façade méridionale du quartier (fig. 16,E). Partiellement dégagé, le local de service attenant à l'est abrite un praefurnium (fig. 16,7). Ce dernier est muni d'un imposant canal de chauffe extérieur en molasse, analogue à ceux équipant les thermes publics des insulae 19 et 29. Un tel dispositif confirme ici l'existence d'une section thermale riveraine qui occupe, avec un bassin et deux autres pièces hypocaustées contiguës mises au jour en 2000 (fig. 16,F), l'angle sud-est de l'insula.
Plusieurs indices témoignent d'un reconditionnement du secteur thermal dans le courant de la deuxième moitié du 2ème s. ap. J.-C. Ce réagencement semble faire partie d'un programme de transformations qui a également affecté l'ensemble de l'unité architecturale nord dont l'implantation pourrait remonter à l'époque flavienne. Les réfections sont ici caractérisées notamment par la pose de nouveaux sols et l'adjonction de foyers dont un est venu s'adosser aux parois peintes de l'angle sud-est de la salle axiale B (fig. 16,8).
Les informations récoltées dans la tranchée exploratoire ouverte en direction de l'est parlent en faveur du développement linéaire, dans le sens nord-sud, du corps de bâtiment sis à l'arrière de la cour A. La fermeture orientale de la salle B, laquelle s'étend sur toute la largeur de cette aile, est en effet bordée par une étroite galerie sanitaire, large de 0.95 m (fig. 16,9).
Fig. 16. Avenches VD, Aux Conches-Dessous, insula 18 est. Extrait du plan archéologique schématique de l'insula 18. En grisé, les tranchées et sondages ouverts en 2001. Les lettres et les chiffres renvoient au texte. Document MRA.
Cette galerie semble délimiter une parcelle triangulaire occupant l'extrémité orientale de l'insula 18 et qui s'est urbanisée à partir de la fin du 1er s. ap. J.-C. Les vestiges exhumés laissent à penser que celle-ci a entre autres abrité un complexe thermal, comme en témoignent une salle hypocaustée (fig. 16, G) et la pièce froide adjacente équipée d'un bassin (fig. 16,H). Dégagé dans sa quasi-totalité, ce dernier est de forme allongée (5 × 2.2 m) et se trouve accolé à l'une des parois de la pièce dont il occupe la moitié de la largeur (fig. 16,10). Un escalier d'angle permettait de descendre dans le bassin dont la profondeur peut être estimée entre 0.5 m et 0.6 m. Celui-ci s'est avéré en relativement bon état de conservation, en dépit du démantèlement de la majeure partie de son revêtement en plaques de calcaire blanc. En outre, certains fragments de fresque issus du comblement du bassin semblent appartenir à un décor aquatique qui devait orner cette pièce que l'on interprète volontiers comme un frigidarium.
Quant à la pièce hypocaustée contiguë G, apparemment plus vaste, elle a pu constituer l'une des salles chaudes du balneum d'une habitation privée ou d'un établissement public érigé en bordure de la voie menant au Port. Non menacés pour l'instant, ces vestiges ont été réenterrés après protection.
Enfin, les sondages de contrôle réalisés au-delà de la rue rejoignant celle du Port ont permis de préciser le calage topographique d'un bâtiment riverain fouillé en 1885 (fig. 16,I), tout en apportant quelques compléments à son plan: édifié à partir de la fin du 1er s. de notre ère, ce bâtiment a semble-t-il connu des adjonctions à l'ouest; celles-ci ont empiété sur les niveaux d'une chaussée (fig. 16,11) qu'il est pour l'instant difficile de rattacher à celle reconnue plus au nord (fig. 16,1).
Désormais confirmée, l'implantation en avancée et désaxée du bâtiment I implique un dispositif en chicane du decumanus à la hauteur du carrefour présumé (fig. 16,12). L'agencement de ce dernier n'a pu être clairement mis en évidence: ses vestiges sont enfouis à plus de 4 m sous les remblais d'accotement de la route cantonale et seule une fouille de surface peut être à même de résoudre ce problème de voirie antique.
Investigations et documentation: A. Pantet, A. Mazur et N. Vuichard Pigueron.
Prélèvements: bois carbonisés (détermination essence, C14), sédiments (palynologie), échantillons de mortier au tuileau.
Mobilier archéologique: déposé au MRA. Ensembles AV 01/11069-11075; 11080; 11084-11137. Céramique, verre, enduits peints, éléments de placages en calcaire, tubuli, fer, bronze, plomb, os.
Datation: archéologique. 1er-3ème s. ap. J.-C.
Fondation Pro Aventico, J. Morel.
Avenches VD, Aux Conches-Dessous, insula 18 est
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Détail de la chronique
Commune
Avenches
Canton
VD
Lieu-dit
Aux Conches-Dessous, insula 18 est
Coordonnées
E 2570360, N 1193020
Altitude
439 m
Numéro de site cantonal
--
Numéro d'intervention cantonal
--
Nouveau site
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Prélèvements
bois/charbon de bois, restes botaniques, échantillons de sédiments géoarchéologiques
Analyses
14C, pollen
Institution
--
Date de la découverte
--
Surface (m2)
150 m2
Date de début
01 septembre 2001
Date de fin
31 octobre 2001
Méthode de datation
14C, archéologique
Auteur.e
--
Année de publication
2002
Époques
Empire romain
Type de site
habitat, habitat (édifice public), infrastructure (transport)
Type d'intervention
fouille (fouille de sauvetage/préventive)
Mobilier archéologique
céramique, verre, métal (élément architectural (prélevé))
Os
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Matériel botanique
bois/charbon de bois, pollen
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