CN 1202, 531700/177400. Altitude 479-482 m.
Date des fouilles: juin/août 1987.
Références bibliographiques: RHV 1929, 323-378; V. v. Gonzenbach, Les mosaïques romaines d'Orbe. GAS 5, 1974; AS 1, 1978, 2, 84-86; v. pp. 195ss., communication L. Flutsch.
Fouille programmée. Surface de la fouille env. 3000 m². Habitat.

De mi-juin à mi-août 1987, la fouille a porté sur le complexe résidentiel, en l'occurence sur la partie orientale (fig. 1, zone B) d'un vaste bâtiment rectangulaire de 100 m sur 80 m environ, organisé autour de deux cours intérieures bordées de colonnades donnant sur les pièces habitables. Situés sous l'ancienne route cantonale, les vestiges sont ici très bien conservés: protégés par la chaussée, ils n'ont pas subi les atteintes répétées des labours modernes. C'est ainsi qu'apparaissent, à environ 1 m de profondeur, les sols des cours, des portiques et de plusieurs pièces d'habitation.
Le plan du bâtiment ainsi complété présente un agencement des pièces habitables sur trois côtés, la façade orientale, qui donnait sur la plaine de l'Orbe, n'étant occupée que par un long corridor dont les parois étaient revêtues d'enduits peints. L'enduit blanc qui en ornait le plafond, tombé d'une seule masse sur le sol, est en grande partie conservé.
La mosaïque 1 (voir: V. v. Gonzenbach, Les mosaïques romaines d'Orbe, GAS 5), dont la majeure partie, enfouie sous la chaussée, était encore inconnue, a enfin pu être entièrement dégagée: quelques lambeaux en place, associés au relevé précis des empreintes de tesselles dans le lit de pose, permettront probablement d'en restituer les motifs. Un important réseau de canalisations a été mis au jour sous les sols. Cinq conduites, toutes de construction différente, se jettent perpendiculairement dans un grand égout collecteur qui traverse l'ensemble du bâtiment et que F. Troyon avait en partie exploré en 1862 déjà (fig. 10c). A chacune de ces jonctions, la maçonnerie montre la trace d'un regard, fermé par une trappe ou une dalle aujourd'hui disparue. Les investigations futures devraient permettre de compléter notre connaissance de ce réseau, en amont comme en aval. Au fond de ces égouts, ossements de porc, de mouton, de bœuf, de volaille, de gibier, coquilles Saint-Jacques, coquilles d'huîtres reflètent une partie des goûts culinaires des occupants.
De nombreuses traces du chantier de construction du bâtiment (surfaces de travail, déchets de taille et de préparation de mortier) ont été mises en évidence directement à la surface du terrain vierge; le matériel archéologique associé à ces niveaux (ou mêlé aux remblais qui les ont recouverts avant que les sols ne soient aménagés) permet de situer à la fin du 1er siècle ou au début du 2ème siècle l'édification de cette partie de la villa. Parmi ces remblais, des fragments de peinture murale laissent entrevoir l'existence d'un bâtiment plus ancien situé en dehors de la zone fouillée. Le matériel céramique récolté au fond de l’égout autorise à dater de la fin du 3ème siècle l'abandon des installations. A l'extrémité nord de la zone fouillée, à environ 50 m du grand bâtiment rectangulaire, deux pièces chauffées malheureusement très arasées et le fond d'un bassin indiquent que les surfaces construites sont encore plus vastes que ne le laissait prévoir la photographie aérienne.
Provisoirement remblayés, les vestiges seront dégagés à nouveau à l'issue du programme d'investigation archéologique, dans le cadre d'une mise en valeur générale du site à destination du public. Une nouvelle campagne de recherches prévue pour l'été 1988 portera sur les constructions enfouies sous la chaussée, à l'ouest immédiat de la surface explorée en 1986.

Mobilier archéologique: céramique, fragments d'enduits peints, ossements.
Faune: déchets culinaires: bœuf, porc, cheval, mouton/chèvre, volaille, cerf, ours, huîtres et coquillages.
Fig. 10b Prélèvements: analyse pétrographique des matériaux de construction, des éléments architecturaux et des tesselles de mosaïques. Datation: archéologique. Fin 1er s.-fin 3ème siècle apr. J.-C. IAHA Lausanne, L. Flutsch.