CN 1164, 2555 110/1 198 771. Altitude 426.5 m. Date des fouilles subaquatiques: octobre 2022. Références bibliographiques: Arnold, B. (2009) À la poursuite des villages lacustres neuchâtelois: un siècle et demi de cartographie et de recherche. Hauterive, Office et musée cantonal d'archéologie de Neuchâtel. Archéologie neuchâteloise 45, 106-108.

Surface fouillée 160 m² Habitat, station littorale.

Située sur la rive nord du lac de Neuchâtel, la baie de Cortaillod renferme plusieurs sites lacustres, dont le plus vaste est celui de Cortaillod-Les Esserts ; une station qui, durant la seconde moitié du 19ᵉ s., lors des périodes de basses eaux, a livré de nombreux objets alimentant notamment les collections privées. Ce champ de pieux est essentiellement documenté grâce à une image aérienne, réalisée en 1927, qui montre un village se développant sur près de deux hectares et protégé, côté lac, par une triple palissade. Cette photographie est fondamentale pour la compréhension de ce pilotis qui a été en grande partie recouvert de remblais pour la construction d'un terrain de sport vers la moitié du 20ᵉ s. Aujourd'hui, la portion encore visible est immergée sous 2 à 4 m d'eau.

Les quelques datations dendrochronologiques disponibles montrent que cette station est l'une des dernières construites avant l'abandon généralisé des rives en 850 av. J.-C. Elle s'étend sur une vaste surface regroupant une soixantaine de maisons avec une brève durée d'occupation d'une vingtaine d'années. Un tel développement spatio-temporel s'observe également dans la baie voisine grâce à la fouille intégrale du village contemporain d'AuvernierNord. Hormis des prélèvements dendrochronologiques, Cortaillod-Les Esserts n'a jamais véritablement fait l'objet d'investigations scientifiques, car jugé trop érodé: en effet, l'abaissement de la plateforme littorale, atteignant par endroits 1.8 m, est dû non seulement à la première Correction des eaux du Jura, mais surtout au type d'aménagement du rivage construit sous la forme d'enrochements disposés à même le site, accentuant ainsi le reflux des vagues. Le déficit de documentation sur Cortaillod-Les Esserts, de même que son importance dans l'évolution chronologique de l'habitat à l'âge du Bronze, ont motivé la section Archéologie de l'Office du patrimoine et de l'archéologie de Neuchâtel (OPAN) à réaliser une opération subaquatique, en étroite collaboration avec la Fondation Octopus.

Une dizaine de plongeurs se sont relayés pendant 15 jours pour, d'une part, documenter l'extension maximale du site et, d'autre part, évaluer la quantité de mobiliers archéologiques encore présents dans la couche de réduction. Pour ce faire, la baie a été quadrillée et des points de référence permanents ont été disposés sous l'eau. Afin d'obtenir une vision la plus globale possible du village, deux bandes de 80 m² ont été fouillées par secteurs de 4 × 4 m, l'une placée près du rivage et l'autre 30 m plus au large, non loin de la palissade. En outre, une zone de 50 m² a été modélisée en 3D, afin de pouvoir la replacer avec précision sur la photographie aérienne de 1927.

Parmi les vestiges archéologiques, enregistrés dans des unités d'un mètre carré, le mobilier lithique, peu sensible à l'érosion, est encore bien présent avec des polissoirs, lissoirs, meules, percuteurs et pierres à filet. Concernant la céramique, la quantité retrouvée indique un état de conservation remarquable malgré l'intensité très élevée des phénomènes d'érosion dans la baie. Environ 2000 tessons ont été mis au jour sur l'ensemble des deux zones de fouille. Cet ensemble est intéressant car il définit l'ultime phase de la chronologie du Bronze final (HaB3). Les résultats de ces travaux justifieront la mise en œuvre de mesures de protection de Cortaillod-Les Esserts, notamment par la pose de balises.

Prélèvements: bois couchés pour analyses dendrochronologiques et mobilier céramique et lithique. Datation: archéologique. Âge du Bronze.

OPAN-section Archéologie, F. Langenegger; Fondation Octopus, J. Pfyffer.