CN 1185, 570 350/192 800. Altitude 446 m.
Date des fouilles: août-septembre 1998.
Fouille programmée (poursuite du programme de remise en valeur des thermes). Surface fouillée env. 500 m².
Références bibliographiques: J. Bourquin, BPA 16, 1954, 93-114; G. Th. Schwarz, BPA 18, 1961, 17-39; 20, 1969, 59-68; Ch. Chevalley/J.-P. Dal Bianco/J. Morel, BPA 37, 1995, 215-226; J. Morel et al., BPA 40, 1998 (à paraître).
Thermes publics.

Le projet de marquage au sol de la partie non visible du noyau central des thermes de l'insula 29, sis au voisinage immédiat du forum, a occasionné le dégagement superficiel des vestiges de son caldarium (fig. 20). D'une surface intérieure d'environ 300 m², ce dernier n'était en effet que très partiellement connu par les fouilles du siècle passé et par quelques sondages réalisés en 1957-58. Cette intervention avait donc pour but de compléter voire de corriger la restitution en plan jusqu'ici proposée pour la salle chaude des thermes et ses services.

Les récentes investigations ont pour l'essentiel consisté à suivre le tracé des murs nord, sud et ouest du caldarium ainsi que ceux de sa galerie de service périphérique (fig. 20,1) et de la canalisation qui ceinture l'ensemble (fig. 20,2). La réouverture et l'élargissement d'anciens sondages ont localement mis en évidence plusieurs traces de réfections tant à l'intérieur de la galerie de service que dans la salle chaude même. Elles témoignent de l'important programme de transformations qui a semble-t-il concerné le monument flavien dans sa totalité dans le courant du 2e quart du 2e s. ap. J.-C. Déjà décelé lors des fouilles de 1995 au pourtour du tepidarium et du frigidarium, ce programme se traduit principalement ici par l'adjonction d'un troisième alveus à l'intérieur de la niche centrale (fig. 20,3). Cette baignoire, de 5 × 3 m, n'est pas conservée et est attestée uniquement au niveau de son hypocauste: celui-ci comporte en effet les vestiges de murettes transversales en carreaux de terre cuite qui devaient supporter le mur du bassin. Un dispositif analogue a par ailleurs été constaté sous les alvei latéraux. La transformation de la niche centrale en bassin a également impliqué le réaménagement du couloir de service occidental. La mise au jour d'un premier mur de fermeture, sis en retrait de la façade (fig. 20,4), témoigne d'un passage initial plus étroit qui courait à l'arrière du caldarium pour relier les fournaises des baignoires latérales. L'installation d'un praefurnium destiné à desservir le nouveau bassin central (fig. 20,5) est très certainement la cause du réélargissement du couloir. Celui-ci a ainsi vu sa largeur utile passer de 1.50-2.60 m après que sa nouvelle fermeture ait été alignée sur celle des locaux de service d'angle. Les eaux du bassin central devaient très probablement être vidangées par la canalisation jouxtant le praefurnium et qui se déversait dans le collecteur extérieur (fig. 20,6).

Le sol et l'équipement des absides encadrant la niche centrale n'étaient pas conservés. Ne subsistait qu'un conduit dont les parois maçonnées étaient aménagées dans l'hypocauste. Cette installation est supposée avoir servi en même temps de support et de gaine technique pour les vasques placées dans ces absides. En revanche, les chambres de chauffe placées à l'arrière des alvei latéraux avaient leurs fournaises en grande partie préservées: leur long canal de chauffe extérieur (5.30 × 2.50 m) est constitué de blocs de molasse jointifs; ceux de l'assise supérieure conservée portent l'empreinte ovoïde de chaudières qui devaient alimenter les bassins en eau chaude. Les parois du canal de chauffe se prolongeaient sur 1 m à l'intérieur de l'hypocauste, au-delà d'une ouverture de 0.30 m de large, réservée dans le mur du caldarium.

Les deux autres baignoires (7.50 × 2.50 m) sont logées dans des niches en saillie prévues à cet effet dans le plan initial. La seule portion conservée de l'alveus sud a permis d'observer les traces d'une réfection apportée au sol du bassin. A cette occasion, le radier en béton de tuileau a subi une recharge pour atteindre une épaisseur finale de 0.40 m. Sous cette recharge est apparue une plaque de plomb de 1.10 × 0.33 m. Disposée juste à l'avant du praefurnium, elle pourrait avoir appartenu à une testudo alvei du premier état. Fond et parois étaient revêtus de dalles de calcaire blanc, identiques à celles qui recouvraient le sol de la salle chaude. Situé au même niveau que le fond du bassin, ce dernier a également été rehaussé d'une dizaine de centimètres lors des transformations. Un élément de bordure du bassin en calcaire encore en place témoigne d'un dispositif avec emmarchement de part et d'autre d'une paroi épaisse de 0.30 m. Cet agencement, d'une largeur hors tout de 0.90 m, prenait appui sur des murettes de soutènement régulièrement espacées de 0.40 m.

Les dalles de grès du sol des galeries attenantes comportent les rigoles de vidange primitives des alvei (fig. 20,7). Leur passage à travers les murs du caldarium et des galeries a été obstrué lors de la phase de transformations. Le système d'évacuation qui a remplacé ces rigoles n'est pas connu.

Le niveau de marche à l'intérieur des couloirs nord et sud se situe environ 1 m plus bas que le sol de la salle thermale, tandis que celui de la branche occidentale est inférieur de 1.70 m. Les traces des escaliers qui devaient permettre de descendre dans cette dernière font défaut, tout comme celles des accès à la galerie périphérique.

Ces données ont servi de base pour les compléments de remise en valeur du monument qui sont actuellement en cours de réalisation.

Investigations, documentation: J.-P. Dal Bianco, M. Meystre, A. Pantet, A. Widmann, J. Morel.
Mobilier archéologique: déposé au MRA.
Datation: archéologique; numismatique. 1er-3e s. ap. J.-C.
Fondation Pro Aventico-MHAVD, J. Morel.