CN 1185, 578 560/184 517. Altitude 600 m.
Date des fouilles: mai 2009.
Références bibliographiques: M. Strub, La ville de Fribourg: introduction, plan de la ville, fortifications, promenades, ponts, fontaines et édifices publics. Monuments d'Art et d'Histoire 50, canton de Fribourg I, 180-186. Bâle 1964; G. Bourgarel, Le canton de Fribourg. In: B. Sigel (Red.), Stadt- und Landmauern 2, 118 Zürich 1996; G. Bourgarel, La porte de Romont ressuscitée. Pro Fribourg 121, 1998, 14-18; CAF 11, 2009, 223.
Analyse d'élévation (travaux de réfection). Surface de la fouille env. 150 m².
Fortification urbaine, porte de ville.

Les travaux de réfection de l'enveloppe externe de la porte de Morat ont débuté en 2008 par la façade côté ville (sud) et la toiture inférieure et se sont poursuivis en 2009 avec la toiture du chemin de ronde sommital et les trois autres façades.
Construite entre 1410 et 1416 sous la direction de Nicolet Girard, la tour-porte de Morat est la plus imposante de la ville. De plan rectangulaire (10.5 m par 12 m), elle est dotée de sept niveaux et culmine à une hauteur de 34 m. Elle était initialement ouverte à la gorge. Ses maçonneries de carreaux de molasse régulièrement assisées atteignent une épaisseur de 2.4 m à 2.9 m au rez-de-chaussée pour se réduire par un ressaut à chacun des étages à 1.34 m à 2.25 m au niveau du chemin de ronde sommital. Ce dernier est protégé par un parapet de 0.58 m d'épaisseur et doté de baies-créneaux à linteau sur coussinets.
Les faces latérales de la tour sont aveugles au rez-de-chaussée et au premier étage à l'ouest alors qu'à l'est, le seul percement est la porte d'accès au chemin de ronde, porte à encadrement chanfreiné et en plein cintre. Les baies s'élargissent progressivement du deuxième au quatrième étage tandis que le cinquième étage est également aveugle. Seule la façade nord, faisant face à la campagne, a été dotée à chaque niveau d'ouvertures s'élargissant également de manière graduelle; de plus, les troisième et cinquième étages sont dotés de deux baies chacun. Le parement extérieur ne présente aucun trou de boulin et le lissage des joints est resté très sommaire. Ces caractéristiques prouvent que les maçonneries ont été dressées sans échafaudage, les planchers mis en place au fur et à mesure de l'avancement des travaux permettant de s'en passer; des ponts intermédiaires ont néanmoins dû être dressés contre les parois internes.
Les marques lapidaires sont nombreuses. L'une représente de manière schématique un taillant. Les autres sont des chiffres romains de 4 à 12; il ne s'agit pas de marques de tâcherons comme la première, mais d'indications de la hauteur des pierres destinées à faciliter le travail du maçon qui n'avait ainsi pas besoin de mesurer les moellons. À Fribourg, ce type de marquage est fréquent au 14ᵉ et au 15ᵉ siècle.
Dès la construction de la tour, le chemin de ronde sommital a été couvert par une toiture semblable à celle qui est encore en place; la présence de baies-créneaux plutôt que de simples merlons le montre et les supports sont insérés entre les dalles de couverture et non dessus comme c'est le cas pour les ouvrages où les toitures ont été ajoutées ultérieurement. La toiture actuelle remonte à 1651-1653 et elle possédait encore son lattage d'origine avec onze péclouses, des trous d'homme réservés dans le lattage pour permettre le remplacement des tuiles sans avoir besoin de monter sur la toiture. Le pan de toit incliné en direction de la ville remonte à 1570-1573; il a donc été posé suite à la construction de la façade sud, en 1567, en remplacement de la toiture d'origine, moins pentue, dont subsistent les empochements des poutres.
Enfin, côté campagne, les baies de la façade nord ont été transformées progressivement en canonnières entre 1560 et 1667. En 1888, la porte a été élargie pour faciliter le trafic et une seconde porte a été percée dans la muraille à l'ouest de la première pour les mêmes raisons, en 1950.

Datation: historique; dendrochronologique (Réf. LRD09/R6088).
S A E F, G Bourgarel.