CN 1325, env. 571925/105400. Altitude env. 471 m. Date des fouilles: 6 juin-novembre 2001.
Références bibliographiques: Vallesia, 46, 1991, 224; 47, 1992, 331 s. (observations lors de l'ouverture de tranchées pour la pose de conduites sous la rue de la Délèze et sous la rue des Alpes). Fouille de sauvetage programmée (projet d'immeuble). Surface de la fouille env. 900 m².
Habitat. Tombe.
Un projet immobilier d'envergure a motivé l'intervention des archéologues dans le quartier de la Délèze où fut retrouvé, en 1874, le «trésor de la Deleyse». Le chantier ouvert en 2001 est situé au croisement de deux rues d'époque romaine, la rue de la Basilique qui bordait au nord-ouest les insulae 1 à 5 et la rue des Artisans, perpendiculaire, qui longeait du côté nord-est les insulae 5, 10 et 15. Ce secteur de la ville antique est relativement mal connu, car situé, à proximité de l'église paroissiale, sous les maisons d'un ancien quartier dans lequel les projets modernes de construction ou de transformation n'affectent que rarement le sous-sol, à quelques exceptions près.
A priori, l'objectif de cette intervention était double:
- D'une part, il s'agissait de déterminer si le réseau des insulae se prolongeait au-delà de la rue des Artisans (située, grosso modo, dans l'axe de l'actuelle rue des Alpes), du côté nord-est; le cas échéant, il importait de savoir si cette extension était contemporaine de la fondation de la ville de Forum Claudii Vallensium, peu avant 50 de notre ère, ou si elle était le résultat d'un développement ultérieur de l'agglomération.
- D'autre part, on avait l'espoir de pouvoir aborder le problème du déplacement, à la fin du IVᵉ s. ou au début du Ve, de la ville dans la région de l'église paroissiale. A l'emplacement de cette dernière, en effet, s'est développé, dès le IVᵉ s., un premier sanctuaire chrétien qui deviendra, à la suite de plusieurs transformations et reconstructions, la première cathédrale du Valais, au plus tard dans le courant de la première moitié du Ve s. On a constaté que le centre de la ville antique, situé dans la région de l'ancien stade municipal, avait été abandonné vers l'an 400 de notre ère, vraisemblablement au profit des alentours de la cathédrale paléochrétienne. Le chantier, le premier d'importance ouvert dans ce secteur depuis les fouilles de l'église paroissiale, qui ont considérablement modifié la conception que l'on avait du développement de l'agglomération de l'Antiquité tardive, devait permettre d'étayer le bien-fondé de cette hypothèse.
Sur ce second point, la déception des archéologues fut vive quand ils constatèrent qu'à une époque relativement récente, postérieure à la construction de certaines anciennes maisons de la rue de la Délèze, le niveau du terrain avait été considérablement abaissé, amenant la disparition des couches et des vestiges postérieurs au IIᵉ s. ap. J.-C. Sous un bâtiment, en bordure de la rue actuelle, des couches et des maçonneries du Haut-Empire étaient en revanche conservées à des niveaux plus élevés que le macadam! Le problème de l'éventuelle continuité d'occupation de ce secteur entre la fin de l'époque romaine et le début du Moyen-Age n'a donc pas pu être abordé.
Les recherches archéologiques ont par contre montré que le réseau des insulae s'étendait au-delà de la rue des Artisans et ce, semble-t-il, dès l'origine (l'étude approfondie du mobilier datable retrouvé dans les plus anciens niveaux le confirmera certainement). En regard de l'angle nord de l'insula 5, on a repéré l'angle ouest d'un «nouvel» îlot qui a été nommé «insula 17». La rue des Artisans est large d'env. 5.20 m, sans compter les portiques qui bordaient les îlots tant le long de cette rue que le long de la rue de la Basilique. Ces trottoirs couverts étaient larges d'env. 2.80 m. Les colonnes ou plutôt les piliers en bois qui supportaient leurs toitures reposaient sur des murets ou murs dont le premier état était contemporain des murs maçonnés de façade des insulae. D'une façade à l'autre, la rue était donc large d'un peu moins de 12 m.
L'angle est de l'insula 15, situé à l'emplacement où on l'attendait, était lui aussi bordé de portiques tandis que plus au nord-est, l'angle sud de la «nouvelle» insula 16 qui lui faisait face, n'était pas situé dans l'exact prolongement des murs des autres insulae: cet îlot était de plus dépourvu de portiques du côté sud-est et le trottoir qui le bordait au sud-ouest ne fut couvert que dans un deuxième temps.
Au milieu de la rue de la Basilique, large d'env. 8 m (un peu moins de 15 m, portiques compris), on a repéré l'égout voûté en maçonnerie construit à la fin du Ier s. ap. J.-C. pour récolter les eaux usées des thermes publics de l'insula 2; il est parfaitement bien conservé et sa hauteur libre est, à cet emplacement, de 1.25 m pour une largeur d'env. 80 cm. Un regard, fermé par une épaisse dalle de calcaire en a été repéré. Cet égout a succédé à un autre, beaucoup moins profond, couvert de dalles posées horizontalement. Ces égouts ne récoltaient pas les eaux de surface, car ils auraient été périodiquement obstrués, dans la mesure où les rues n'étaient pas dallées, mais composées de recharges successives de gravier, parfois mêlé à de la terre ou du sable fin. Ces eaux étaient récoltées dans des fossés à ciel ouvert aménagés le long des portiques.
L'artère principale, dans ce secteur, était indubitablement la rue de la Basilique. Plusieurs constats nous ont montré qu'il pouvait être malaisé de la traverser dans l'axe de la rue des Artisans. On notera aussi que l'angle ouest des portiques de l'insula 17 était protégé par des dalles dressées, faisant office de chasse-roue. En provenance du sud-est, les chars qui empruntaient la rue des Artisans tournaient ainsi fréquemment à droite pour continuer leur route en direction de la vallée supérieure du Rhône (?) par la rue de la Basilique.
Les constructions découvertes semblent avoir eu une fonction artisanale ou commerciale. On n'a pas identifié de locaux ayant pu appartenir à un habitat. À côté des innombrables tessons en céramique, les petits objets métalliques (monnaies, fibules, etc.) étaient plutôt rares. Une trouvaille mérite d'être signalée, même si elle n'est à ce jour pas encore interprétable: on a mis au jour une dizaine de petites coupelles en céramique posées sur le sol, semble-t-il, sur lesquelles ou à proximité desquelles gisaient les squelettes de très jeunes petits mammifères, probablement des chiots. S'agit-il d'une pratique rituelle? Les analyses en cours devraient permettre de lever un coin du voile.
Matériel anthropologique: un squelette du Haut Moyen-Age dans un petit secteur «miraculeusement» préservé de la rue de la Basilique.
Faune: à étudier.
Prélèvements: sédiments, bois calciné, etc.
Mobilier archéologique: céramique, métal, verre, os, etc.
Datation: archéologique. Ier-IIe s. ap. J.-C.
ORA VS, F. Wiblé.
Martigny VS, quartier de la Délèze
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Détail de la chronique
Commune
Martigny
Canton
VS
Lieu-dit
quartier de la Délèze
Coordonnées
E 2571925, N 1105400
Altitude
471 m
Numéro de site cantonal
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Numéro d'intervention cantonal
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Nouveau site
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Prélèvements
bois/charbon de bois, échantillons de sédiments géoarchéologiques
Analyses
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Institution
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Date de la découverte
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Surface (m2)
900 m2
Date de début
06 juin 2001
Date de fin
30 novembre 2001
Méthode de datation
archéologique
Auteur.e
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Année de publication
2002
Époques
Empire romain, Moyen Âge
Type de site
habitat, funéraire (tombe)
Type d'intervention
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Mobilier archéologique
céramique, métal, verre, matériel organique
Os
squelettes humains
Matériel botanique
bois/charbon de bois
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