CN 1301, 501 770/118 210. Altitude env. 373 m.
Date des fouilles: décembre 2003.
Référence bibliographique: L. Blondel, Genava 1, 1923, 88-112. Nouveau site.
Fouille de sauvetage (construction d'une station de pompage). Surface fouillée 7 m², surface détruite 45 m².
Habitat littoral.

A l'occasion de terrassements pour des aménagements hydrauliques, dans la partie inférieure du Parc de La Grange, sur la rive gauche de la rade de Genève, un site littoral du Néolithique final a été découvert de manière fortuite. Le Parc de la Grange a déjà livré plusieurs établissements d'époques différentes: Âge du Bronze final, occupation Allobroge et villa romaine. En outre, en 1921, un site littoral immergé avait été signalé et relevé par Louis Blondel, lors de la baisse importante du niveau des eaux. Ce site, très érodé, n'était plus marqué que par quelques pilotis. Il se trouvait à l'époque à environ 80 m vers le lac, par rapport à la nouvelle découverte. Actuellement il est recouvert par le quai.
Cette fois, le site découvert est exceptionnel par sa position stratigraphique et sa conservation. La modeste surface fouillée a livré une couche archéologique très riche, conservée sous environ 1.5 m de sables et de graviers lacustres. L'épaisseur de l'horizon anthropique atteint environ 45 cm et consiste en plusieurs niveaux d'inondation dans lesquels le mobilier archéologique est bien conservé, mais sans restes organiques, car plus haut que le niveau du lac actuel (372 m). Un des intérêts du site réside dans la séquence lacustre qui recouvre l'occupation préhistorique. Les alternances de sables, de graviers et de galets témoignent de plusieurs transgressions lacustres qui sont à mettre en relation avec les hauts niveaux du Léman, postérieurs au Néolithique final. Un ensemble de 18 pilotis de chêne a été récolté sur la surface de l'excavation, la datation dendrochronologique obtenue sur 12 d'entre eux révèle une occupation humaine s'étendant entre 2947 av. J.-C. et 2792 av. J.-C. Le mobilier archéologique est en accord avec ces datations. La céramique se rapproche de celle du groupe de Lüscherz, mais néanmoins avec des formes et des décors originaux par rapport à ceux connus dans la région des Trois Lacs. Les outils de roche verte consistent dans des petites haches polies avec des facettes de polissage typiques du Néolithique final lémanique. Le bois de cerf est représenté par des gaines de haches à talon ou à double douille. Le silex comporte des fragments de poignards en silex du Grand-Pressigny et des pointes de flèche losangiques. On compte aussi deux perles circulaires en calcite et une en coquillage. Les restes de faune sont particulièrement bien représentés, avec une majorité de bovidés et de caprinés, mais aussi des suidés et des cervidés.

Matériel archéologique: céramique: plusieurs profils complets, objets en bois de cerf, haches en pierre polie, outils en silex: lames, pointes de flèche, etc., perles en calcite et en coquillage, meule dormante, etc.
Faune: nombreux restes bien conservés. Principales espèces représentées: bovidés, caprinés, suidés, cervidés, etc. Etude: I Chenal, Muséum d'histoire naturelle de Genève.
Géologie: Institut Forel, Univ. de Genève.
Prélèvements: 18 pieux de chêne.
Datation: dendrochronologique. Dates d'abattages entre le printemps 2947 av. J.-C. et aux environs de 2899 av. J.-C., de 2830 av. J.-C. à l'automne/hiver 2792/91 av. J.-C. Analyses: Laboratoire de dendrochronologie de Moudon.
Fouilles et documentation: GRAP, Dép. d'anthropologie et d'écologie Univ. de Genève, pour le compte du Service archéologique cantonal de Genève.
GRAP, P. Corboud.