CN 1184, 554 755/188 930. Altitude 430 m.
Date des fouilles: 9.5.-1.7.2005.
Fouille de sauvetage non programmée (travaux de transformation). Surface de la fouille env. 90 m².
Habitat.

Dans cet immeuble, les travaux commencés sans autorisation et en dehors des procédures n'ont pas permis de mettre sur pied la fouille qu'aurait méritée le premier four banal jamais découvert en milieu urbain dans notre canton et dont subsistaient d'importants vestiges. De plus, le bâtiment qui l'abritait n'ayant pu être analysé pour les mêmes raisons, nous avons dû nous contenter d'observations superficielles.
L'immeuble actuel est implanté dans le rang de maisons adossées au pied de la Motte-Châtel, face au port médiéval, dans l'ancien quartier dit de «Petite Rive». De plan trapézoïdal (profondeur 13-14.50 m, largeur 6.30-7.20 m), la maison possède deux étages sur rez-de-chaussée et est agencée, en profondeur, selon la subdivision tripartite classique, où l'espace central abrite les cuisines et la cage d'escalier empiétant ici sur la partie arrière. Les pièces habitables situées aux extrémités reflétaient surtout les importantes transformations du 18° s. qui ont vu notamment la reconstruction des façades; les niveaux antérieurs ont cependant été maintenus comme en témoignent la cloison délimitant les pièces donnant sur la rue au premier et au deuxième étage, les poutraisons du rez-de-chaussée et de l'espace central ainsi que la cheminée et une niche à linteau sur coussinets qui la flanque au premier étage. Cette niche est le seul témoin architectural qui révèle avec certitude les origines médiévales de la maison (13°-14° s.?).
Signalé depuis 1422 dans les plus anciennes reconnaissances conservées (Archives de l'Etat de Fribourg, Estavayer, Rec124, fol. 81v), le four banal occupait la moitié sud de la partie arrière du rez-de-chaussée et sa cheminée devait être plaquée à la façade arrière de l'immeuble. Il a fait l'objet de nombreuses reconstructions; ce qui en subsiste aujourd'hui pourrait résulter d'une réhabilitation importante par le fournier Claude Losay, lorsqu'il devient en 1709 son seul propriétaire (Archives communales d'Estavayer-le-Lac, 0185, Mc33, 1707-1710, s.p., 29.11.1709). De dimensions imposantes (3.50 m de longueur), il présentait un plan ovoïde aux typiques maçonneries de moellons de molasse contenant de nombreux remplois du four précédent (fig. 41). Le cendrier, simple fosse d'une soixantaine de centimètres de profondeur, était placé au pied de sa façade et sa sole était constituée d'un dallage de molasse posé directement sur le remblai sabloargileux mis en place entre ses fondations. La chambre de cuisson a encore été doublée d'un nouveau parement de molasse.
La démolition du four dans les années 1820 a signifié également la transformation de la façade arrière de la maison avec l'implantation des subdivisions actuelles, car il semble que le four n'était pas isolé de l'échoppe à l'origine; en effet, seuls la cage d'escalier et le couloir qui la desservait étaient alors délimités par des cloisons. L'abandon du four se produisit peu avant 1828, année où les habitants de Rive se plaignirent de ne plus pouvoir cuire leur pain en leur quartier (Archives communales d'Estavayer-le-Lac, 0288, Mc69, p. 235, 15.2.1828). Par la suite, la pièce a été réaménagée en cellier et son sol partiellement revêtu de carreaux de terre cuite (25 × 12 cm) portant au revers le nom du lieu de production, soit Yvonand; mais une partie des carreaux a été moulée dans une matrice portant l'inscription «Yvonnaud», trahissant la main d'un ouvrier peu familier de la pratique de l'écriture encore au 19° s.

Matériel archéologique: carreaux de sol.
Datation: archéologique; historique.
SAEF, G. Bourgarel; SBC, D. de Raemy.