CN 1164, 567 420/205 655. Altitude moyenne 427.5 m
Dates des fouilles : juillet-août 2014.
Prospection aérienne et intervention subaquatique (érosion). Surface documentée 300 m²
Structure isolée de type ponton.
Bibliographie : B. Arnold, A la poursuite des villages lacustres neuchâtelois : un siècle et demi de cartographie et de recherche. Archéologie neuchâteloise 45, 177-185. Neuchâtel 2009.

Dans la région des Trois-Lacs, la déstabilisation des fonds lacustres résulte essentiellement de la première correction des eaux du Jura (deuxième moitié du 19° s.), qui a abaissé le lac de 2.7 m ; les strates sédimentaires sont érodées progressivement et ce phénomène menace les sites archéologiques. Dans cette perspective, l'Office du patrimoine et de l'archéologie de Neuchâtel (OPAN) a mis en place un programme de surveillance de la beine littorale comprise entre La Tène et Vaumarcus. Un cordon de trente kilomètres de long, pouvant atteindre 400 m de large et immergé jusqu'à une profondeur de 6 à 8 m d'eau. Ce monitoring comporte deux volets complémentaires : des plongées régulières, afin de rédiger des fiches sanitaires de chaque site et, des prospections aériennes, à l'aide d'un dirigeable à air chaud, pour documenter le blanc-fond à l'aide de photographies.
En 2012, lors d'un vol dans la région de La Tène, un nouveau gisement est apparu à la limite du front d'érosion situé à environ 150 m du rivage actuel. Il se révèle sous la forme d'une concentration de pieux et de bois couchés sur une surface de 300 m². De nouvelles images ont été prises en 2013 qui montrent une érosion de plus en plus marquée de cette zone avec un dégagement plus prononcé des bois. En 2014, des plongées ont été menées, afin de rechercher du mobilier, de topographier les vestiges et prélever des échantillons pour une analyse dendrochronologique. Aucun mobilier ne semble conservé, en revanche, le plan au sol de cette structure a pu être restitué et il est composé de 11 pieux répartis sur deux rangées parallèles au rivage. Les sections importantes des bois correspondent aux valeurs moyennes les plus fortes observées pour les éléments de fondation des maisons néolithiques ou même de l'âge du Bronze. Cet aménagement a bénéficié d'une qualité de construction qui soulignerait son importance. De plus, sa localisation, très au large aujourd'hui, mais en bordure du rivage de l'époque, évoquerait un aménagement de type ponton.
Pour l'étude dendrochronologique, quatre échantillons ont été prélevés et mesurés. Ils synchronisent très bien ensemble et la courbe moyenne de croissance obtenue est longue de 130 ans et se situe chronologiquement entre 2670 et 2630 av. J.-C. Le cambium, conservé sur la majorité des pieux, témoigne d'un abattage pendant l'hiver 2630/29 av. J.-C.
Cette découverte est rattachée au site de la Pointe de Marin 2, dont l'existence était attestée jusqu'ici uniquement sous la forme d'un croquis sur le plan général de L.-A. de Mandrot publié dans la première moitié du 19ᵉ siècle. Deux pieux attribuables à cette station ont été repérés en 2008 et un bois a été dendrodaté de 2621 av. J.-C. Ces deux éléments de fondation se trouvaient à une vingtaine de mètres plus à l'est de la structure récemment mise au jour. En outre, un fragment de pirogue en chêne a été remarqué dans cette zone et une datation C14 situe l'esquif au Néolithique final entre 2580 et 2340 av. J.-C. Ainsi, l'ensemble de ces trouvailles témoigne d'une occupation de la baie de la Tène pendant l'Auvernier cordé.

Prélèvements : quatre échantillons de bois pour l'étude dendrochronologique.
Datation : dendrochronologie; C14. 27ᵉ s. av. J.-C
OPAN, F. Langenegger et F. Droz (aérostier).