CN 1085, 568 300/252 085. Altitude 530 m.
Date des fouilles: mai-juillet 2007
Références bibliographiques: OCC/SAP rapports inédits «Archéologie et Transjurane» n^137 et 140.
Fouille de sauvetage programmée (autoroute A16). Surface de la fouille environ 180 m².
Four à chaux.

Ce four à chaux a été découvert fortuitement en 2006 lors de travaux de décapage mécanique liés à l'autoroute A16. Il avait échappé à une campagne de sondages archéologiques creusés en 1999 ainsi qu'à des fouilles paléontologiques extensives sises à proximité. La présence d'un ou de plusieurs fours à chaux aurait pu être présumée de part la toponymie du lieu-dit où il est question de chaux (Tchâ). La découverte tardive n'entrant pas trop en conflit avec la programmation des travaux de génie civil, un délai d'intervention largement suffisant a permis une fouille presqu'entièrement manuelle du four.
Le four à chaux est de type semi-enterré. Il présente un mur de soutènement pratiquement circulaire d'un diamètre extérieur de 4.00 m. Le diamètre intérieur de la structure est de 3.00 m. Le four est constitué de pierres sèches calcaires. Son mur est haut de 0.80 m seulement, peut-on dire, par référence aux autres fours rencontrés jusqu'ici en Ajoie. Cette hauteur moindre ne semble pas résulter d'une destruction ou d'une récupération mais bien correspondre à une volonté de construction. Les pierres sont chauffées à cœur sur toute l'épaisseur du mur.
Le terrain encaissant est constitué de marnes fossilifères du Kimméridgien qui sont chauffées et rubéfiées sur une vingtaine de centimètres d'épaisseur au contact du mur ainsi qu'à la base du four. Ils sont faciles à creuser et n'ont donc pas induit la faible profondeur du four comme aurait pu le provoquer un socle calcaire.
Aucun reste de la voûte n'a été observé. La fouille n'a pas permis non plus de déterminer avec certitude l'emplacement de la gueule, ou porte d'alimentation du four. Celle-ci devait probablement être placée hors du sol. Différents indices la situeraient au sud de la structure.
Une pointe de pieu en sapin, carbonisée dans sa partie supérieure, a été trouvée à la base et au centre du four, sous le foyer, le piquet étant sans doute lié à la confection de la voûte. Il est daté par dendrochronologie de 1675±10 ans (rapport LRD07/R5944), ce qui est confirmé par le mobilier archéologique trouvé dans le niveau de circulation ainsi que dans le chaufour lui-même. Le mobilier, essentiellement céramique, est cependant près d'un siècle plus jeune que le pieu.
Quelques structures annexes et proches du chaufour ont également été découvertes et fouillées. Elles semblent liées et donc contemporaines à son exploitation. Il s'agit principalement de trois probables fosses d'extraction de sédiments argileux et d'un amas de blocs de calcaire constituant semble-t-il un stock de matière première.

Prélèvements: charbons de bois, chaux, sédiments des différents remplissages, éléments de construction.
Datation: dendrochronologique; archéologique. Temps modernes.
OCC/SAP, P.-A. Borgeaud.