CN 1165, 570 780/198 280. Altitude env. 431 m (Site I); 570 545/198 205. Altitude env. 429.5 m (Site II). Date des sondages: août et novembre 2003. Deux nouveaux sites.
Prospection préliminaire à des travaux de renaturation. Habitats littoraux.

Le projet d'aménagement de la zone naturelle des Chenevières de Guévaux, sur la rive nord du lac de Morat a nécessité une petite campagne de sondages archéologiques. Lors des quatre premiers sondages, deux établissements préhistoriques sont apparus, distants de 250 m, sous une épaisseur d'environ 1.5 m de limons et d'argile de colluvionnement.
L'habitat situé le plus à l'est (Chenevières de Guévaux I) est attribué au Bronze ancien, par la trouvaille de fragments d'une grande jarre en céramique, à fond plat et à cordon impressionné et languette. Un profil de céramique fine plus modeste semble appartenir à une tasse de type Roseaux. Plusieurs pilotis dépassent de la couche archéologique, épaisse de 10-15 cm. Un de ces pilotis, ainsi qu'un bois couché ont été datés par dendrochronologie de 1660/59 av. J.-C. L'extension de la couche anthropique atteint une surface d'environ 150 × 80 m, parallèlement à la rive actuelle, située à moins de 70 m.
Plus à l'ouest, un deuxième site d'habitat (Chenevières de Guévaux II) n'a pas livré de matériel archéologique. Seuls une couche archéologique, des pilotis et un niveau d'incendie attestent d'une occupation humaine. Les pieux récoltés n'ont pas pu être datés par dendrochronologie. En revanche, deux datations radiocarbone fournissent des dates comprises entre le Cortaillod classique et la culture de Horgen. En fonction de la calibration des deux dates, nous proposons une occupation comprise entre la fin du Cortaillod classique et le Cortaillod de type Port Conty. Ce deuxième établissement occupe une surface de 70 × 60 m, à environ 120 m de la rive actuelle.
L'intérêt principal de cette trouvaille est la présence d'un site littoral du Bronze ancien attesté pour la première fois sur les rives du lac de Morat. En outre, la situation de ces deux établissements confirme les observations faites sur les rives fribourgeoises du lac de Morat. En effet, sur la rive nord, les sites littoraux ne sont généralement pas (ou plus) conservés dans le lac actuel, mais sur la terre ferme.

Prélèvements : pieux de chêne et un d'érable, charbons de bois pour C14 Datation : dendrochronologique. Pour le site I : sur un bois couché d'érable, abattage en automne/hiver 1660/59 av. J.-C. (avec réserves) ; sur un pilotis aux environs de 1660 av. J.-C. Analyses : Laboratoire de dendrochronologie de Moudon. Datation : C14. Pour le site II : sur un pilotis, ARC 2359 : 4680 ± 50, calibré à deux sigma 3630-3360 BC. Sur les charbons bois en surface de la couche archéologique, ARC 2360 : 4575 ± 50, calibré à deux sigma 3502-3098 BC. Analyses : Archeolabs. Fouilles et documentation : GRAP, Dép. d'anthropologie et d'écologie Univ. de Genève, pour le compte de la Section des monuments historiques et archéologie du canton de Vaud. GRAP, Ch. Pugin et P. Corboud.