CN 1165, 2576 794/1 198 844. Altitude 431 m.
Date des fouilles : mai - juin 2022.
Site nouveau.
Références bibliographiques : Bugnon, D./Mauvilly, M. (2005) Redécouverte d'un tronçon de voie romaine sur la rive sud du lac de Morat. CAF 7, 148-163 ; Pugin, C./Corboud, P. (2001) Inventaire et étude des stations lacustres de la rive fribourgeoise du lac de Morat : travaux réalisés en 2000 dans les communes de Greng, Meyriez, Morat, Montilier et Galmiz. Genève ; Winiger, A. et al. (2008) Stratigraphie, datations et contexte environnemental, la station lacustre de Concise 1. CAR 111. Lausanne ; Wolf, C./ Mauvilly, M. (2004) 150 Jahre Ausgrabungen in den Seeufersiedlungen von Muntelier: Versuch einer kritischen Synthese. CAF 6, 102-139 Castella, D. (2013) Aventicum, côté lac. In : S. Delbarre-Bärtschi/N. Hathaway (éd.) EntreLacs, Le Pays des Trois-Lacs à l'époque romaine, 48-55. Avenches.
Fouille de sauvetage programmée (construction de trois immeubles). Surface de la fouille env. 3500 m².
Infrastructure.

La surveillance d'une nouvelle excavation à l'est du village de Montilier a mené à la découverte d'une quarantaine de pilotis formant un double alignement parallèle et d'un épandage de vestiges galloromains. Située à 150 m de la rive actuelle du lac de Morat, la parcelle impactée par les travaux se trouve dans une zone riche en sites archéologiques. En raison de la présence d'un bâtiment préexistant, le Service archéologique de l'État de Fribourg n'a pas pu réaliser de sondages préalablement au projet de construction. C'est donc lors de l'inspection du fond de l'excavation que sont apparus deux alignements de pilotis distants d'environ 2 m et orientés selon un axe NW/SW, perpendiculairement à la rive du lac de Morat. Il s'agit de bois façonnés en pointe dont le diamètre oscille entre 5 et 16 cm. La majorité d'entre eux est en chêne et conservée sur une faible longueur (entre 15 et 114 cm). Les plus grands éléments ont été récoltés dans la partie septentrionale de l'alignement en raison du biseautage de la partie sommitale des pieux par le terrassement du fond de fouille à 431 m. Il est donc probable qu'un certain nombre de pieux aient été détruits par les travaux d'excavation dans la partie méridionale. L'espacement entre les éléments constitutifs des rangées est variable, mais plus important du côté de la rive. Dans l'ensemble, ce double alignement peut être suivi sur 22 m, entre le profil nord de l'excavation et le dernier pilotis topographié. Concernant les traces de travail recensées sur ces pieux, nous observons qu'il s'agit de petits enlèvements de quelques centimètres carrés réalisés avec un outil de faible largeur. Ces marques se situent uniquement sur l'extrémité de la pointe et pourraient avoir été réalisées avec une hache en pierre. En l'absence de datations absolues réalisées sur ces bois, leur attribution chronologique est, pour l'heure, hypothétique. Toutefois, l'axe de l'alignement des pilotis mène en direction d'une station lacustre découverte par carottage en 2000. Située à une centaine de mètres, cette occupation, attribuée par ses inventeurs à la station de Muntelier/Dorfmatte I, pourrait être le lieu d'arrivée de ce chemin. Sur la base d'une datation dendrochronologique confirmée par une analyse C14, elle a été occupée aux environs de 2700 av. J.-C. À l'instar de ce qui a été observé notamment pour le site de Concise/Sous-Colachoz (VD), la rive de Montilier a livré pas moins de cinq chemins d'accès reliant les différents villages à la terre ferme. D'après les données partielles récoltées lors de différentes fouilles, certains d'entre eux mesurent plus d'une centaine de mètres. Plus au nord-est, un épandage de fragments de tegulae et d'éclats de calcaire jaune hauterivien, mêlés à des galets rubéfiés, a été repéré dans les profils nord et est de l'excavation. Cette couche, très riche en débris gallo-romains, accuse un léger pendage en direction du lac et se trouve entre les cotes d'altitude 431.5 et 431.7. Ce mobilier, non roulé, est dispersé sur 300 m² et repose directement sur une couche de limon tourbeux indiquant un environnement de dépôt à faible profondeur. Sur la base de ces indications, nous pouvons estimer un niveau du lac de Morat pouvant se situer aux alentours de 432 m, ce qui est en accord avec les observations réalisées lors de la fouille du port et du canal d'Avenches. Ces vestiges sont peut-être en relation avec la route romaine située à 100 m au sud-est sur la rive.

Mobilier archéologique : pieux, tegulae, éclats de calcaire hauterivien.
Prélèvements : charbon de bois, matière organique.
Datation: en cours.
SAEF, L. Kramer.