CN 1243, 2537 835/1 152 870. Altitude 508 m.
Dates de l'intervention: 11.10.2021-7.11.2022.
Référence bibliographique: Thorimbert, S. (2022) Lausanne VD, Parc de la Brouette. AAS 105, 331-332.
Fouille de sauvetage (rénovation totale du collège).
Surface investiguée env. 265 m².
Cimetière, habitat, canalisations.

La découverte fortuite d'ossements humains au pied de la façade sud du collège lors des travaux de rénovation a occasionné une intervention de sauvetage. Celle-ci s'est déroulée dans la cour sud et dans le sous-sol du bâtiment. Au final, l'opération a livré 117 structures funéraires et 13 aménagements antérieurs au cimetière : constructions semi-enterrées, trous de poteau, canalisations, etc.
Localisée hors de l'enceinte médiévale, la parcelle apparaît pour la première fois sur un plan du 17ᵉ siècle. Située entre l'hôpital Saint-Roch et sa chapelle au nord et la Tour de l'Ale au sud, elle a une fonction agricole (verger, champs) et semble exempte de construction jusqu'à la mise en fonction d'un cimetière à la fin du 18ᵉ siècle. Toutefois, le changement d'affectation du site intervient à une période antérieure, comme le montrent les données archéologiques.
Dans l'emprise de la cour sud, une structure fossoyée (fond de cabane ?), associée à plusieurs trous de poteau englobe un système d'évacuation d'eau. Le tracé d'une fosse similaire a été mis en évidence dans le prolongement, à l'intérieur d'un local en sous-sol du collège, mais elle n'a pas été fouillée. Dans l'hypothèse où ces deux entités n'en forment qu'une seule, elles dessinent un aménagement long de 13 m environ et large de 4 m.
Complètement libre de sédiment et sans fond aménagé, la canalisation est constituée de deux piédroits en moellons équarris, surmontés d'une couverture de petites dalles et de blocs. Le tout est recouvert d'un amas drainant de galets, qui a livré un récipient en céramique datant au plus tôt du 16ᵉ siècle. Encore inexpliquée, la fonction de ce dispositif est peut-être à rapprocher d'un lavoir.
Connu par les archives, le cimetière est ouvert le 24 mai 1792 hors du périmètre habité. Totalement saturé en mars 1800 déjà, et devant respecter le délai de 20 ans entre deux cycles d'inhumation, l'espace est étendu au terrain attenant acquis à cet usage. Trente ans plus tard, le problème se pose à nouveau. Progressivement englobé dans la trame urbaine, le cimetière est fermé vers 1830, des décrets stipulant qu'aucun cimetière ne peut être établi à l'intérieur d'une agglomération (1810-1812). Un nouveau cimetière est mis en fonction en janvier 1832 à moins de 500 m à l'ouest, à l'emplacement de l'actuel Parc de la Brouette.
Bien que l'intervention n'ait concerné que des portions restreintes du cimetière, elle a mis en évidence quelques aspects concernant la gestion de l'espace. Le secteur fouillé n'a connu que deux cycles d'inhumation. Les fosses sont disposées bout à bout en suivant des lignes axées nord-ouest/sud-est (fig. 96). Cette organisation n'est pas sans rappeler le système de tranchées utilisé au Parc de la Brouette. Les défunts, qui reposent dans des cercueils cloués, ont la tête placée au nord-ouest. Certains sont enveloppés dans un linceul.
Une seule sépulture se distingue par son orientation nord-est/sud-ouest et par la quantité de mobilier associé (50 boutons métalliques, 2 boucles de botte, 1 épingle et 1 éventuel briquet à percussion). Le problème récurrent de saturation de l'espace a été contourné en intercalant des tombes entre les lignes et en creusant des fosses plus profondes accueillant jusqu'à trois cercueils superposés.
Notons la découverte d'un fragment de céramique romaine brûlée (pied annulaire de sigillée) et de quelques esquilles d'os cré-més (identification humaine non possible), disséminés dans les comblements de plusieurs sépultures, qui témoignent pour la première fois d'une possible présence à l'époque romaine dans le secteur.

Mobilier archéologique: agrafes vestimentaires, boucles, boutons, céramique, clous, crochets, épingles, faune.
Mobilier anthropologique: 115 squelettes, lots et réductions.
Datation: historique. 16ᵉ siècle, 1792-1830.
Archeodunum Investigations Archéologiques SA, S. Thorimbert.