CN 1225, 570 830/162 980. Altitude 765 m. Date des fouilles: suivi d'avril à juin et octobre, prélèvements dendrochronologiques le 1.10.10. Références bibliographiques: AF, ChA 1987/1988 (1990), 22-25; 1989-1992 (1993), 30; M. H. Jordan, Le Château de Bulle. Pro Fribourg 93. Fribourg 1991; D. de Raemy, Rapport dactylographié du 22.1.1990, déposé au SAEF; CAF 2, 2000, 64s.; D. de Raemy, Châteaux, donjons et grandes tours dans les Etats de Savoie (1230-1330). Un modèle: le château d'Yverdon. CAR 98/99, 210-216. Lausanne 2004; AAS 92, 2009, 344; CAF 11, 2009, 214.
Suivi de chantier, datation dendrochronologique des escaliers du donjon (travaux d'adduction, projet d'aménagement du donjon). Surface de la fouille env. 100 m².
Site défensif, urbain.

Le suivi des travaux dans le fossé oriental du château a permis la découverte d'une construction qui était adossée à la courtine orientale, proche de l'angle nord. Il n'a cependant pas été possible de dater cette construction, assurément antérieure au 18e s., ni d'en étudier le lien avec le château lui-même, l'emprise des travaux étant trop restreinte. Aucun autre élément n'est à signaler dans ce secteur des fossés du château.
Les datations dendrochronologiques des escaliers du donjon ont donné des résultats spectaculaires justifiant le maintien des escaliers des deuxième et troisième niveaux, qu'un projet d'aménagement condamnait. En effet, ces escaliers rudimentaires et très raides s'avèrent être contemporains de la construction. Constitués de trois sommiers posés côte à côte, ils prennent appui sur la poutraison des planchers ainsi que sur une console ancrée dans le mur et supportent des marches constituées de segments de poutres triangulaires chevillées dans les limons. La datation des planchers et de leurs sommiers de support corrobore celle de la tourelle nord-ouest qui avait déjà permis de dater la construction du château de Bulle entre 1291 et 1298, sous l'épiscopat de Guillaume de Champvent (1273-1301). L'érection du donjon, ou plus justement de la tour maîtresse, peut être détaillée en étapes annuelles: en 1292, construction des premier et deuxième étages, avec la pose du sommier et du plancher du deuxième étage ainsi que du sommier de support du plancher du troisième; en 1293 construction du troisième étage et pose du plancher de ce niveau ainsi que du sommier du quatrième étage et, l'année suivante, la fin des travaux. Les escaliers ont été mis en place à l'achèvement des travaux, la volée du troisième étage en 1294/95, avec des sommiers datés de 1293/94, et celle du deuxième en 1294/95, sommiers et consoles étant contemporains. La présence des sommiers les plus anciens au troisième niveau suggère que ces escaliers ont été mis en place au gré du démontage des échafaudages qui ne pouvait se faire que du haut vers le bas.
Ces escaliers sont les seuls de cette époque conservés en Suisse romande et les seuls escaliers médiévaux en bois connus à ce jour en Suisse. Ils sont donc des témoins uniques du mode de construction des liaisons verticales dans une tour médiévale. Cette liaison indispensable pour desservir les niveaux de défense concentrés dans la partie sommitale restait malaisée, ces escaliers étant très raides et leurs marches irrégulières. Il ne s'agit assurément pas d'une maladresse ou d'une quelconque économie de moyens, mais certainement de la volonté de ralentir les déplacements au cas où un ennemi aurait atteint les niveaux supérieurs du donjon qui constituaient le dernier et plus sûr refuge du château, la tour maîtresse restant isolée des corps de logis et des chemins de ronde établis au sommet des courtines.
Ces escaliers ont vu leurs marches, ou du moins une partie d'entre elles, remplacées en 1813 suite à la reconstruction de l'escalier du premier étage en 1811. Enfin, la passerelle d'accès, en tout cas sa couverture actuelle, remonte à 1753/54, époque de l'importante transformation des corps de logis.

Prélèvements: dendrochronologiques: LRD10/R6420.
Datation: dendrochronologique.
S A E F, G Bourgarel.