CN 1165, 576 700/197 330. Altitude 500 m.
Date des fouilles: 15.4.-30.10.1990.
Références bibliographiques: ASSPA 73, 1990, 213.
Fouille de sauvetage (construction RN1).
Surface de la fouille env. 300 m².
Habitat.

Cette première campagne présentait plusieurs intérêts: d'une part, préciser l'extension occidentale des constructions romaines mises au jour de l'autre côté de la route cantonale sur la parcelle «Combette» et opérer un raccord avec elles, et d'autre part, tenter de clarifier les relations existant entre ces structures, les nombreux bois travaillés, découverts dans cette zone lors de la campagne hivernale de sondages 1989-1990 et la dépression tourbeuse de «Vorder-Prehl».

Une dynamique sédimentaire complexe: La reconnaissance de la stratigraphie mit en évidence l'existence, sous des colluvions de formations relativement récentes, d'un chenal fossile de forte amplitude ayant profondément marqué le terrain. Après une phase initiale de creusement qui affecta une partie de l'horizon et des structures romaines, nous avons pu observer un exhaussement continu du lit de ce chenal. Ce dernier s'est comblé progressivement par des dépôts alluvionnaires atteignant, par endroits, 1 m d'épaisseur. L'activité de ce chenal a eu plusieurs conséquences:

- la création d'étendues d'eau plus ou moins développées et temporaires («marigots», mares...) occupant toutes les dépressions avec comme corollaire la création de milieux anaérobies plus ou moins stables (limons organiques, tourbes...) permettant une bonne conservation des vestiges organiques;

- une déstabilisation du terrain, engendrée par la masse et la fluidité des sédiments déposés, qui se matérialise par la présence d'une série de glissements perturbant les différentes séquences stratigraphiques;

- probablement enfin, un abandon de cette zone par les populations gallo-romaines.

Les constructions romaines: Des différences notables ont été perçues entre les vestiges découverts de part et d'autre de la route cantonale. Au lieu-dit «Vorder-Prehl», le soin apporté à la réalisation des différentes structures et substructures d'habitat est moins grand. Les constructions paraissent encore plus légères et ne sont matérialisées au sol que par une série de trous de poteaux ou par des alignements de matériaux divers (galets, tuiles, moellons en calcaire jaune...) que nous interprétons comme des solins sur lesquels reposaient des sablières basses. Une seule fondation de mur, en galets, a été dégagée. Elle pourrait marquer la limite occidentale de la pars rustica et correspondre à un mur d'enceinte(?). Les foyers, tous aménagés sur tegulae, sont de dimensions nettement plus modestes en moyenne et moins bien appareillés.

Des structures originales et encore inédites sur le site de Morat-«Combette» ont été mises au jour:
- des fossés(?) extrêmement étroits (moins d'une quinzaine de cm de large) au tracé curviligne;

- les fondations d'une structure (fig. 25), de forme légèrement trapézoïdale (dimensions: 3 x 1,50 m), construite exclusivement avec des moellons en calcaire jaune récupérés et disposés horizontalement au moins en deux assises (podium, radier?);

- une structure de bois (fig. 26), composée de deux rangées parallèles de pieux de faible diamètre, en chêne pour la majorité (palissade visant à canaliser le chenal?).

Compte tenu de la surface restant à fouiller, il est encore trop tôt pour proposer une restitution architecturale précise et fiable du site et de l'ordonnance spatio-temporelle des différentes structures entre elles. Mais d'ores et déjà, il apparaît de manière indubitable que le chenal a joué un rôle primordial dans l'occupation et l'abandon de cette zone.

Prélèvements: bois pour dendrochronologie, sédiments pour analyse sédimentologique.
Datation: dendrochronologique en cours.
SAFR, M. Mauvilly et J.-L. Boisaubert