CN 1202, 531135 / 177465. Altitude 480 m. Date des fouilles: juin-août 1994. Références bibliographiques: ASSPA 71, 1988, 271-273; 72, 1989, 281-285; 77, 1994, 148-152. Fouille programmée (dans le cadre de la construction de la RN9). Surface de la fouille env. 2000 m². Habitat. Tombe.

Pour sa neuvième intervention sur le site de Boscéaz, l'Institut d'archéologie et d'histoire ancienne de l'Université de Lausanne a porté son attention sur la zone située au sud de celle de 1993, aux alentours des mosaïques du Triton et du Labyrinthe (mosaïques 4 et 5), explorées en 1845 et 1930, vestiges qu'il importait de replacer dans leur contexte architectural (fig. 16, grisé). Du point de vue chronologique, la mise en évidence, en 1993, d'une séquence s'étalant du Néolithique au 4e s. ap.J.-C. promettait beaucoup. Comme l'an dernier, le Néolithique n'a pu être attesté que par des éléments de mobilier, en l'occurrence deux fragments de silex hors contexte.
Malgré une très grande densité de structures repérées - fonds de trous de poteaux, traces de sablières, fosses-foyers, comblement d'une grande structure excavée quadrangulaire d'environ 8 × 12 m (fig. 17, A) - il ne sera vraisemblablement pas possible de préciser, voire de percevoir une organisation spatiale précise de ces vestiges et d'en démêler les différentes périodes. Seul le mobilier permet de distinguer des occupations de l'âge du Bronze ancien, de la fin du Bronze moyen (dont un tronçon d'épée pliée du type de Rixheim) et de l'époque de La Tène.
Deux murs, qu'il n'a pas été possible de relier aux vestiges du même type découverts les années précédentes, appartiennent à une construction maçonnée antérieure à la villa du second siècle (fig. 17, noir).
Les découvertes relatives à la période palatiale (env. 160-260 ap.J.-C.) ont permis tout d'abord de mieux situer et de préciser le plan archéologique au voisinage des mosaïques 4 et 5. Ainsi, un corridor hypocausté (fig.17, L119/133), resté curieusement inconnu, a pu être mis en évidence, probable réaménagement afin de tempérer quelque peu la pièce à mosaïque attenante. Dans la même aile du bâtiment, un peu plus à l'est, à l'angle d'une pièce pourvue d'un terrazzo, un autre petit local chauffé a été implanté après coup, dont le praefurnium était alimenté depuis un local de chauffe en fer à cheval, accolé à sa façade méridionale (fig.17, L121/122).
Terrazzos, seuil de calcaire, canalisations, peinture murale, bassin (fig. 17,B;18) complètent les découvertes de cette année. Notons que, comme par le passé, aucun niveau ni aménagement de jardin n'a malheureusement pu être décelé dans la cour (L17), les labours modernes ayant entamé les niveaux romains jusqu'à leurs remblais.
D'importantes traces du chantier de construction des bâtiments ont également été mises au jour, notamment une fosse d'extinction de chaux grasse de 2 × 2,5 m, planchéiée et contenant encore du matériau utilisable (fig. 17,C), ainsi qu'une installation de sciage de pierre caractérisée par un fond d'amphore rempli de sable abrasif et un bloc erratique (2 × 1 m) en cours de débitage (fig. 17,D).
Mentionnons encore, implantée dans les remblais de la cour L17, la présence d'une inhumation d'enfant en position assise repliée contenant une monnaie d'Hadrien (fig. 17,E).
La découverte la plus inattendue de cette campagne a été la mise au jour d'un bâtiment d'époque postérieure, implanté dans les murs du palais. Il s'agit d'une maison de forme rectangulaire formée d'un corridor et de 6 pièces, dont 3 au moins étaient pourvues d'un four ou d'un foyer (fig. 17, grisé, bâtiment B6). Elle réutilise et s'appuie par endroits sur les murs de la villa. L'examen des jonctions des murs, la qualité de leur maçonnerie (blocs grossièrement équarris d'un module [20 × 25 cm ] largement supérieur au module du petit appareil de la pars urbana), l'implantation du bâtiment dans les remblais de celle-là, sa position enfin, barrant l'accès de la cour de service, permettent de postuler que cette unité d'habitation a fonctionné après l'abandon du palais. Bien qu'aucun mobilier ne permette de proposer de datation absolue pour ce bâtiment, il est tentant, à titre d'hypothèse, de le rattacher aux autres structures tardives découvertes cette année (foyers, fig.17, grisé), en 1991 et en 1992 dans la partie occidentale du corps de bâtiment B4 et au faciès céramologique du 4e s. ap.J.-C. qui leur est associé.
Les fouilles de cet été, même si elles n'ont pas permis d'affiner nos connaissances sur l'occupation du plateau de Boscéaz antérieure à la création gallo-romaine, apportent des éléments nouveaux qui nous permettront certainement de mieux cerner la vie de la population locale après la parenthèse romaine.

Mobilier archéologique: céramique, fragments d'enduits peints, fer, bronze, verre, tesselles, opus sectile, monnaies.
Faune: ossements, coquilles d'huitres.
Matériel anthropologique: squelette d'enfant.
Prélèvements: mortiers, sédiments.
Datation: archéologique. IAHA Lausanne, C.-A. Paratte.