Une opération de fouille et de surveillance a été planifiée dans l’urgence à la Route des Granges Saint-Germain, à la suite de la découverte d’ossements humains devant le cimetière actuel d’Orbe par une entreprise de génie civil. À l’arrivée des archéologues, une quinzaine de tombes partiellement détruites étaient visibles dans les profils des tranchées déjà creusées (fig. 1), de même qu’un niveau de route sans doute d’époque moderne. Huit sépultures en place ont été fouillées sur les tronçons en cours d’exécution (fig. 2) – certaines complètes, d’autres déjà perturbées par des travaux plus anciens.
Encore préservé des grands projets immobiliers, le secteur des Granges Saint-Germain est peu connu du point de vue archéologique. Le cimetière actuel est censé se situer à l’emplacement de l’ancienne église Saint-Germain qui fonctionna comme église paroissiale jusqu’à la Réforme. Des analyses par radiocarbone sont envisagées sur les ossements pour confirmer l’attribution des sépultures découvertes au cimetière médiéval et définir les différentes phases d’inhumation.
L’espace funéraire semble en effet densément occupé, avec au moins quatre niveaux de tombes, une configuration qui se retrouve fréquemment dans les cimetières en lien avec une église. Les raccordements de tranchées réalisés au niveau du mur de délimitation actuel du cimetière ont mis au jour de nombreux ossements humains, principalement en position secondaire, témoignant de l’existence de sépultures aussi dans les secteurs épargnés par les travaux en question. De même, le suivi de la réfection de la chaussée a permis d’observer l’extension de la couche d’occupation du cimetière du Moyen Âge sur presque toute la largeur de la route actuelle, hormis l’extrémité septentrionale entièrement remaniée.
Les sépultures ont fait l’objet d’une documentation photographique, taphonomique et anthropologique. Ces données apporteront des informations sur les modes d’aménagement des tombes (cercueils), sur la population inhumée et éventuellement sur son état sanitaire. Les tombes uniquement documentées en coupe seront incluses dans l’étude, de même que les ossements humains découverts hors contexte. Le mobilier se compose principalement de clous de cercueils, aucun objet n’ayant été déposé avec les défunts. De la céramique d’époque romaine a également été récoltée dans des couches antérieures à l’espace funéraire. Enfin, il sera intéressant de mettre en perspective le cimetière de Saint-Germain avec les autres espaces funéraires du Moyen Âge mis au jour en 2018 à Orbe-Gruvatiez (AAS 102, 2019, 222) et en 2020 à Orbe-Les Granges Saint-Martin, cimetière vraisemblablement en lien avec l’ancienne église Saint-Martin.
Fouille: Archeodunum Investigations Archéologiques SA, Cossonay, A. Andrey.