CN 1165, 574720/197260. Altitude 428 m.
Date des fouilles: fin janvier-fin mars 2012.
Références bibliographiques: C. Crivelli/R. Blumer/M. Mauvilly et al., Patrimoine englouti: passé, présent et avenir. CAF 14, 2012 (à paraître).
Fouille de sauvetage non programmée (construction d'une infrastructure portuaire flottante). Surface de la fouille 310 m².
Habitat.

Un projet de construction d'un nouveau port flottant à proximité de la station littorale de Meyriez-Village a conduit le Service archéologique de l'Etat de Fribourg à réaliser en 2011 une évaluation d'impact. La menace de cette construction sur les vestiges a induit un réaménagement du projet, décalé de 25 m vers le nord. Cependant, une partie du dragage du fond lacustre prévu pour l'accès des bateaux touchait tout de même la bordure de la station. Pour cette raison, la fouille de cette zone a été entreprise afin de la libérer.
L'intervention a consisté à documenter sept sondages régulièrement répartis sur la zone menacée, soit une surface d'un peu plus de 300 m². Un dépôt anthropique composé de deux couches distinctes de fumiers lacustres est conservé par endroit sur une épaisseur de 15-20 cm. Il s'intercale entre une fine couche de craie surmontée de sables graveleux, et une couche sous-jacente de craies surmontant un niveau sableux et une couche d'argile.
Seul 17 des 199 pieux observés sont des chênes (=9%). Les autres bois, principalement des essences de bois blanc, accusent souvent un faible diamètre (62% entre 5 et 9 cm) et ne sont généralement pas refendus (82%). Aux pieux s'ajoutent 86 trous de poteau de 4-30 cm de diamètre. Les pieux et trous de poteau s'insèrent dans trois niveaux distincts. Outre quelques alignements de pieux et la présence de bois couchés, la structuration de l'espace, la faible quantité d'éléments mobiliers et le nombre important de macrorestes plaident en faveur d'une interprétation en tant que zone de stockage ou d'activités périphériques.
Le mobilier, peu abondant, provient principalement de la couche supérieure de fumiers. Les 37 éléments lithiques (meules, molettes, galets encochés, polissoirs, lissoirs, ébauche de lame de hache, nucléus, perle) sont attribuables au Cortaillod tardif, tandis que 53 tessons de céramique (soit 2,3 kg) à pâte grossière et dégraissant cristallin, dont sept bords, sont datés vraisemblablement du Cortaillod. Parmi les cinq objets en matière dure animale figurent deux gaines de hache en bois de cervidé, dont l'une à tenon et ergot marqué. Enfin il faut signaler la découverte exceptionnelle d'une bobine de fil de lin très fin enroulé de manière très serrée sur une baguette végétale (fig. 5).
Les rares datations dendrochronologiques disponibles (postérieur à 3882 av. J.C., et 3896-95 av. J.C.) feraient de cette station l'une des plus anciennes de la région des Trois-Lacs (Cortaillod classique). Elles ne sont donc probablement pas en lien avec le mobilier attribuable au Cortaillod tardif.

Prélèvements: 199 pieux dont 17 chênes, 1 bois couché, mobilier divers.
Datation: dendrochronologique. 3896-95 av. J.-C.; antérieur à 3882 av. J.-C. (sans aubier).
SAEF, R. Blumer et C. Crivelli.