CN 1184, 555 115/188 945. Altitude 466 m.
Date des fouilles: juin-septembre 2008.
Références bibliographiques: J.-P. Grangier, Annales d'Estavayer, Estavayer-le-Lac 1905, 225, n° 148s.; 300, n° 200-202; CAF 6, 2004, 220 (Estavayer/Rue et Porte du Camus).
Fouille et analyse de sauvetage programmée (restauration). Surface de la fouille env. 120 m².
Fortifications urbaines, tour.

La restauration de la tour des Ecureuils à Estavayer-le-Lac a permis de compléter les observations sur les défenses du quartier de la Bâtiaz, implanté entre 1338 et 1342.
La pose d'un paratonnerre a révélé que le fossé précédant la tour mesurait entre 1 m et 3.5 m de profondeur (devant la porte du Camus). Son fond, caractérisé par l'affleurement du substrat molassique, présentait un léger pendage en direction du centre où a été aménagé un canal lors de la construction, dans le courant du 18e s. probablement, de l'actuel pont de pierre conduisant à la porte du Camus.
Hormis la suppression de son crénelage et la fermeture de la face côté ville, la tour elle-même n'a subi que très peu de transformations depuis sa construction entre 1401 et 1403. Cette construction a respecté le contrat très précis passé le 31 juillet 1401 entre le conseil de la ville et l'un des siens, Jaquet Banquetaz, davantage entrepreneur qu'homme de l'art, car il n'a jamais été attesté comme tel dans les sources, et mort avant 1429. La tour des Ecureuils présente le classique plan hémicirculaire, - ici outrepassé en raison de sa localisation dans un angle de l'enceinte -, ouvert côté ville; il s'agit donc, selon la terminologie consacrée, d'une tour ouverte à la gorge. La forme du couronnement, probablement crénelée mais plus certainement à baies créneaux, reste hypothétique. Le contrat de 1401 n'en dit rien, comme il reste muet sur tous les travaux de charpenterie qui ont dû faire l'objet d'une autre convention non conservée. Pourtant, il ne fait pas de doute que la tour était couverte dès l'origine, car son chemin de ronde, simplement revêtu d'une chape de mortier, ne présente aucune trace de dispositif d'évacuation des eaux pluviales. La documentation écrite plus tardive vient confirmer cette analyse. En 1596, il s'agit bien de reconstruire une charpente préexistante et attestée. On décide de consulter un tuilier également «pour faire l'appret de tuyle convenable». Les travaux sont entrepris en 1598 par le charpentier Claude Mercier des Granges (Marnand ou de Vesins?) avec du bois acheté en Provence. La couverture actuelle avait conservé une grande partie de ses tuiles gironnées, dont la surface n'est pas marquée au doigt mais peignée; cet aspect plus rare se retrouve assez fréquemment sur les toits d'Estavayer. Les 12000 tuiles achetées pour la couverture de la tour proviennent des tuileries d'Yverdon (soit probablement de Clendy) qui fournissaient fréquemment la population staviacoise. Elles ont hélas toutes été jetées sur l'initiative malheureuse du couvreur. Le lattage était aussi en grande partie d'origine; il présentait, dans sa partie inférieure, des ouvertures pour faciliter le remplacement des tuiles, les «péclouses» déjà relevées au château de Bulle. Les marques d'assemblage de la charpente, tracées en rouge, ont également pu être relevées dans les parties accessibles.

Prélèvements: 9 échantillons de la charpente et du lattage en vue de datations dendrochronologiques (Réf. LRD08/RP6110).
Datation: historique; archéologique.
SAEF, G. Bourgarel; SBC, D. de Raemy.