CN 1185, 2579570/1183860. Altitude 658 m.
Date des fouilles : février-juillet 2016.
Site déjà connu.
Références bibliographiques: Ch. Stajessi, Architecture militaire. La Tour rouge à Fribourg. Fribourg artistique à travers les âges 5, 1894, pl. XVIII-XIX ; M. Strub, La ville de Fribourg : introduction, plan de la ville, fortifications, promenades, ponts, fontaines et édifices publics. canton de Fribourg I, = Les monuments d'art et d'histoire de la Suisse 50, 111-115. Bâle 1964 ; G. Bourgarel, Le canton de Fribourg. In : B. Sigel (Red.) Stadt- und Landmauern. 2 , Stadtmauern in der Schweiz. Kataloge, Darstellungen. Veröffentlichungen des Instituts für Denkmalpflege an der ETH Zürich 15, 2 , 107-109. Zürich 1996; G. Bourgarel, La porte de Romont ressuscitée. Pro Fribourg, no spécial 121, 10-11. Fribourg 1998 ; A. Lauper La ville de Fribourg en Nuithonie. In : Société d'histoire de l'art en Suisse (éd.) Fribourg-Valais. Guide artistique de la Suisse 4b, 88. Berne 2012.
Suivi de chantier, analyse du bâti (réfection de la couverture, consolidation du couronnement). Surface de la fouille 214 m².
Tour défensive.

Dominant Fribourg à l'est, la Tour Rouge a été implantée sur un promontoire du Schönberg pour contrôler les vallées du Gottéron et de la Sarine ainsi que la route de Berne. D'aspect massif et dotée de cinq niveaux, cette tour de plan presque carré (14.48-14.90 m de côté) est la plus vaste de la ville. Ses maçonneries s'élèvent à une hauteur de 25 m à laquelle s'ajoutent les 15.11 m de sa toiture. Elle est la seule tour détachée de l'enceinte. Ses faces nord et est, les plus exposées, ne sont que parcimonieusement dotées de percements et leurs maçonneries sont plus épaisses ( 2.38 m d'épaisseur au rez-de-chaussée). Placé à l'ouest, côté ville, l'accès primitif se trouvait au premier étage et était protégé par une bretèche située au quatrième. Cette dernière est flanquée d'une fenêtre géminée à remplages aveugles ; au même étage, la face sud présente deux fenêtres géminées, dont l'une également à remplage. Au cinquième niveau, le couronnement est percé de baies-créneaux à linteau sur coussinets (fig. 45). Décrite par Marcel Strub et ses prédécesseurs comme un donjon dont la construction aurait été liée à l'incorporation du faubourg des Forgerons à la ville en 1253, la Tour Rouge n'a pas été érigée avant la seconde moitié du 14ᶜ siècle comme le montre l'observation des maçonneries, en particulier le module des moellons de molasse et les marques de hauteur d'assises. D'après le recensement de ces marques sur une quarantaine d'édifices de Fribourg, celles observées à la Tour Rouge ne peuvent, de plus, être antérieures au second tiers du 14ᶜ siècle. Deux étapes de construction ont été mises en évidence : la première série de marques a été relevée jusqu'à une hauteur de 7.5 m, soit à mi-hauteur du deuxième niveau, alors qu'au-dessus, les valeurs des marques changent radicalement, le 10 correspondant à peu près au 5 de la première série. C'est à partir de ce changement de valeur qu'apparaissent les marques de tâcherons. Les six marques différentes identifiées n'apportent pas d'indice pour une datation précise, car elles figurent sur des constructions datées de la fin du 13° siècle aux années 1430. Néanmoins, la quatrième, un triscèle, n'apparaît qu'au deuxième étage de la tour de l'actuelle cathédrale St-Nicolas, érigé entre 1412 et 1430. Les baies géminées à remplages aveugles du troisième étage présentent, elles, des accolades qui ne sont assurément pas antérieures au dernier tiers du 14ᶜ siècle : des accolades semblables ont été sculptées vers 1390 au rez-de-chaussée de la tour de St-Nicolas et en 1366 sur le bâtiment de la Grand-Rue 36. Enfin, les baies-créneaux du couronnement sont identiques à celles des tours Henri et des Rasoirs ainsi que de la porte de Morat, achevées entre 1412 et 1413. La construction de la Tour Rouge a donc débuté avant 1387, date de la première mention de la solde des gardes, et s'est achevée en 1417 par la pose de la toiture.