CN 1222, 529 600/168 500. Altitude env. 476 m.
Date des fouilles : 10.3.-29.7., 9.-15.9. et 6.-13.10.2014.
Références bibliographiques : AAS 97, 2014, 212 ; AVd. Chroniques 2013, 98.
Fouille de sauvetage (gravière).
Surface de la fouille 500 m².
Nécropole.

La campagne de fouille de 2014 menée dans le cadre des travaux d'extraction de gravier à Orny a révélé les vestiges inattendus d'un complexe funéraire protohistorique. L'ensemble est implanté au début de la plaine alluviale du Nozon, à une centaine de mètres des pentes nord-occidentales de la colline du Mormont.
Il s'agit de structures fossoyées délimitant trois espaces distincts qui se développent sur un axe nord-sud (fig. 14). Le premier est marqué par un fossé circulaire de datation indéterminée contenant quelques pierres éclatées au feu et de rares tessons de céramique à pâte grossière. Le deuxième correspond à un fossé en forme de fer à cheval, comblé de blocs calcaires, qui a livré un anneau à nodosités daté de La Tène ancienne, ainsi que quelques tessons de céramique. Enfin, le troisième espace est matérialisé par dix-huit fosses, dont seize organisées en cercle, qui correspondent à des sépultures adventices également datées de La Tène ancienne.
Malgré le fort arasement du site, le mode de déposition des individus et l'architecture des sépultures peuvent être appréhendés. Celles-ci consistent en fosses étroites, profondes et allongées, qui présentent des traces évidentes d'aménagements en bois maintenus par des pierres de calage. Certaines structures se démarquent par leur caractère particulier, comme l'inhumation simultanée de deux individus (fig. 15) ou l'orientation contraire de trois individus.
Ces tombes contenaient les restes de vingt individus, principalement des jeunes femmes et des enfants, dotés de divers éléments de parure, notamment des fibules en bronze et en fer, des anneaux à nodosités, ainsi que plusieurs colliers de perles en pâte de verre colorée, en ambre ou en bronze. Il faut également relever la présence d'éléments plus singuliers, comme une défense de suidé sertie dans un cylindre métallique, une épée dans son fourreau ou encore un torque et une bague en bronze. La plupart de ces objets appartiennent à un faciès typologiquement homogène de la fin du 5° s. av. J.-C.
La disposition des fosses sépulcrales suggère qu'elles ont été creusées autour d'une tombe centrale, dans la masse d'un tumulus dont aucune trace ne subsiste. Ce type d'aménagement a notamment été mis en évidence sur d'autres sites du Plateau, comme dans les cimetières du Löwenberg FR et d'Unterlunkhofen AG.
Si la fonction de la structure empierrée occupant le centre de l'ensemble demeure pour l'instant peu claire, il est en revanche probable que le fossé circulaire situé au sud corresponde à l'enclos d'une deuxième sépulture monumentale arasée. La présence d'ossements humains épars dans la terre végétale indique d'ailleurs que des sépultures ont été détruites.
La découverte de cet ensemble s'ajoute à celle d'une tombe à incinération contenant des fragments de disque ajouré en bronze datés du HaD 1, identifiée lors des sondages préliminaires de 2012. Il est donc possible de supposer que le site a été fréquenté de manière régulière sur plus de deux siècles entre la fin du Premier et le début du Second âge du Fer.
Les fouilles ont également confirmé la présence d'une phase d'habitat plus ancienne, représentée par quelques foyers et des fosses qui ont livré de la céramique à pâte grossière non tournée, ainsi que des éclats de silex. Ces éléments pourraient matérialiser une éventuelle phase d'occupation néolithique mais cette hypothèse devra encore être confirmée par datation radiocarbone.

Mobilier archéologique : bronze, fer, terre cuite, céramique, pâte de verre, ambre, faune, industrie lithique.
Restauration en cours (MCAH).
Matériel anthropologique : 20 squelettes ; étude en cours (A. Gallay).
Prélèvements : sédiment, charbons ; étude géologique en cours (M. Guélat).
Datation : archéologique. La Tène ancienne.
Archeodunum SA, Gollion, D. Maroelli.