CN 1301, 500 260/115 690. Altitude 376 m.
Date des fouilles: 2.5.-13.6.2012.
Références bibliographiques: L. Blondel, Genava 18, 1940, 54-68.
Fouille de sauvetage non programmée (construction d'un immeuble). Surface de la fouille env. 450 m².
Aménagements de rive. Pont.

De nombreux blocs de calcaire taillés ainsi que des éléments de bois assez bien conservés sont apparus lors du terrassement destiné à la construction d'un immeuble. Cette trouvaille fortuite a nécessité une fouille de sauvetage qui a duré environ un mois. Plus d'une centaine de blocs taillés d'époque romaine (parmi lesquels se trouvaient un bloc inscrit et plusieurs fragments sculptés) ont été mis au jour. Alors que les premiers éléments découverts par les terrassiers ont été prélevés avant l'intervention du service archéologique, les suivants ont été documentés in situ.

L'organisation de l'ensemble a rapidement montré qu'il s'agissait d'un réemploi de blocs architecturaux dans un dispositif probablement destiné à renforcer les rives de l'Arve. L'ensemble ainsi mis au jour fera prochainement l'objet d'une étude approfondie. C'est sans doute dans un tel contexte qu'il convient d'autre part de replacer une découverte analogue effectuée au début du 19ᵉ siècle à moins de cent mètres au sud de notre parcelle.

Lors du dégagement des blocs, des dizaines de têtes de poteaux en bois sont apparues dans une couche de dépôts fluviatiles (fig. 39). La fouille de ces vestiges a révélé la présence d'une structure massive et bien conservée, en chêne, constituée de deux rangées jointives de madriers servant à stabiliser trois rangées de poteaux.

Disposés sur le sable d'une ancienne plage de l'Arve - dont le cours actuellement distant d'une centaine de mètres a beaucoup varié au cours des siècles -, les madriers présentent une longueur de 4-5 m pour une largeur de 30-40 cm. Les poteaux n'ont conservé qu'une hauteur maximale d'environ 1 m. Ils étaient emboîtés aux madriers et fixés par un système de tenons et mortaises. La structure couvre ainsi une largeur de 9-10 m, pour 4-5 m de longueur. Orientée perpendiculairement au cours de la rivière et dans sa proximité immédiate, il s'agit vraisemblablement d'une pile d'un ancien pont sur l'Arve. Les analyses dendrochronologiques et au radiocarbone fournissent une date aux environs de 1115 apr. J.-C.

Une deuxième série de poteaux nettement moins bien conservés est également apparue à une dizaine de mètres au sud de cette structure mais selon un alignement est-ouest. Disposés à intervalles de 30-50 cm, ces poteaux, parfois renforcés par de gros galets de rivière, ont constitué un aménagement de rivage. La dendrochronologie fournit une datation plus récente, entre 1125 et 1155 apr. J.-C. Cet aménagement pourrait indiquer un déplacement progressif du cours de l'Arve vers le sud, durant le 12ᵉ siècle, phénomène qui aurait pu entraîner l'abandon du pont précité au profit d'un autre situé en aval. La structure que nous interprétons comme une pile de pont a en effet été comblée progressivement par au moins un mètre de dépôts fluviatiles avant d'être partiellement recouverte par les blocs architecturaux réemployés que nous avons mentionnés.

Prélèvements: Dendrochronologie (N.réf.LRD12/R6716); C14 (ETH-46207: 905±30 BP, 1030-1210 apr. J.C. (95,4 %).
Datation: dendrochronologique; C14; archéologique. Epoque romaine; 12ᵉ siècle.
SCA GE, Ph. Ruffieux.