CN 1164, 551 300-600/197 200-500. Altitude moy. 454 m (de 450-458 m d'une extrémité à l'autre du site, dans l'axe nordest/sud-ouest).
Date d'intervention: mars-décembre 1997.
Site nouveau.
Fouille de sauvetage programmée (construction de l'autoroute A5). Surface totale de la fouille env. 12300 m².

Fosses-dépotoirs de l'âge du Bronze moyen. Structures indéterminées de l'époque de La Tène. Parcelles agricoles gallo-romaines.
Le lieu-dit du Grand Pré s'inscrit dans le prolongement direct du site du Bataillard fouillé précédemment (cf. ASSPA 80, 1997, 216). Les investigations ont touché deux zones distinctes: d'une part, une portion de l'ancien marécage et sa rive orientale, qui correspondent au tiers de la surface totale du chantier; d'autre part, la partie terrestre aux abords immédiats, composant les deux tiers restants.
La zone du marais n'a malheureusement livré aucun vestige archéologique. Cependant, l'étude des niveaux palustres se révèle essentielle à la compréhension du contexte paléo-environnemental. Sur la zone terrestre, en raison d'une importante érosion des sols, aucun niveau de circulation propre aux différentes époques rencontrées (âge du Bronze, époque de La Tène, période galloromaine) n'a été repéré. Néanmoins, les plus anciennes traces de fréquentation datables sont matérialisées par deux fosses-dépotoirs, de plan circulaire, creusées dans le substrat à une douzaine de mètres l'une de l'autre. Toutes deux ont livré un important mobilier céramique daté du Bronze moyen (tasses carénées à impression en épi, à décor à l'ongle) et quelques restes osseux (ongulés, bovidés). L'une des fosses contient, de plus, deux meules dormantes et une molette, toutes trois entièrement conservées. Les meules, l'une en grès partiellement épannelée, l'autre en granit, présentent une forme trapue assez similaire. Leur surface active est plate et polie par endroits. Une analyse du C14 de plusieurs charbons prélevés dans l'une des fosses confirme l'attribution au Bronze moyen: 1609-1526 BC cal. (100%), 1678-1612 BC cal. (99.3%), 1644-1600 BC cal. (55.7%).
Une quinzaine d'autres fosses sont dispersées de manière lâche sur l'ensemble de la zone terrestre. La plupart d'entre elles ne présentent pas un réel caractère anthropique et sont de nature indéterminée. Le rare mobilier récolté, difficilement datable, ne permet pas d'établir un lien chronologique ou contextuel avec les deux fosses-dépotoirs.
Des trous de poteaux, regroupés dans la même zone que les fosses-dépotoirs, ne présentent aucun plan cohérent au sol. La contemporanéité des trous de poteaux et des fosses ne peut être établie. D'ailleurs, deux trous de poteaux (TP), datés de l'époque de La Tène par l'analyse du C14, attestent une étape postérieure de l'occupation du site: TP 290: 347-189 BC cal. (100%), 196-172 BC cal. (100%); TP 315: 59-36 BC cal. (100%), 305-208 BC cal. (84%).
Il apparaît que, ultérieurement, la seconde zone a été assainie et/ou parcellisée. En effet, deux fossés, à profils en V et aux tracés rectilignes, se croisent selon un schéma non orthogonal. Leur mode de recoupement, de même que le repérage, à proximité, de deux autres tronçons de fossés révèlent des états successifs de découpage du sol. Bien que leur fonction exacte (drainage, délimitation de champs cultivés, etc.) ne puisse être encore assurée, des fragments de tuiles et de matériel céramique contenus dans le comblement de deux d'entre eux datent de l'époque gallo-romaine.
A l'extrémité nord-est du chantier, en dehors de tout contexte d'habitat, une structure lithique isolée pourrait également dater, d'après le rare matériel archéologique recueilli, de l'époque gallo-romaine. Il s'agit d'une aire empierrée, comportant un entourage circulaire de pierres sèches auquel se rattache une bande rectiligne de galets. Ce soubassement supportait une épaisse dalle polygonale de schiste (diamètre: 90 cm), présentant des traces de feu à la surface. Cette structure méritera une étude comparative approfondie afin d'en préciser la fonction.
Enfin, le fort taux d'humidité sur le site du Grand Pré, dû à la présence du marais et de plusieurs ruisseaux encore à ciel ouvert au siècle dernier, a nécessité la mise en place d'un système de drainage sur l'ensemble du terrain. Cet assainissement est matérialisé par un réseau de drains modernes (19°-20° s.), certains encore en activité, et par de nombreux chenaux d'époque indéterminée dont les cours fossiles se dirigent soit en ligne droite vers le lac, soit en direction de l'ancien marais. Les conditions particulières des sous-sols ont participé au Phänomen d'érosion des couches und à la dégradation des materials sporopollinique.

Faune: bovidés, caprinés, suidés, ongulés, équidés.
Prélèvements: sédiments (macrorestes, palynologie, carpologie, micromorphologie), bois (dendrochronologie, anthracologie).
Datation: archéologique et C14. Service et Musée cantonal d'archéologie de Neuchâtel, A. Leducq et M. Paratte.