CN 1284, 554 800/188 870. Altitude 445 m.
Date des fouilles: avril-juin 2004.
Références bibliographiques: G. Bourgarel/A. Lauper/A.-C. Page, Estavayer-le-Lac. Le passé revisité, Pro Fribourg 109, 28. Fribourg 1995; A. de Riedmatten, Humbert le Bâtard. Un prince aux marches de la Savoie (1377-1443). Cahiers lausannois d'histoire médiévale 35, 100s. Lausanne 2004.
Analyse de bâtiment (transformations). Habitat.

L'immeuble est situé dans la partie inférieure de la Grand-Rue, avec une façade sur le Bordet. Sa situation en tête de rang traduit à elle seule son caractère prééminent. Les armes d'Humbert le Bâtard de Savoie qui somment la porte d'entrée ne font que souligner l'importance de la bâtisse. Le rang de maison dont fait partie la Grand-Rue 43 est parallèle au lac, il longe le Bordet et son parcellaire est perpendiculaire à cette ruelle ce qui explique que l'immeuble présente sa façade pignon sur la Grand-Rue (soit la façade nord en plaçant ce dernier dans l'axe du lac, comme au Moyen-Âge). A l'opposé, les maçonneries médiévales du mitoyen ne présentent aucune trace de fenêtre, attestant l'ancienneté de cette implantation, assurément antérieure à l'époque d'Humbert le Bâtard (1377-1443), en tous cas pour une partie de la construction. La construction étant implantée dans la pente, les trois premiers niveaux sont tous de plain-pied, soit la cave côté lac, le rez-de-chaussée côté Grand-Rue et le premier étage côté Bordet, à quoi s'ajoutent un second étage et de vastes combles. L'analyse a mis en évidence cinq phases principales: La première occupe seulement le quart sud-ouest du bâtiment actuel, soit l'emprise de la cave. Il en subsiste le rez-de-chaussée et, à l'est, la construction était close par une simple paroi de colombage. La deuxième phase marque la construction de la bâtisse dans son volume actuel. A l'extérieur, il en subsiste d'importantes parties de la façade sur la Grand-Rue, au moins les vestiges d'une ouverture par niveau, dont, au rez-de-chaussée, la porte principale, en arc brisé à l'origine, qui est surmontée depuis sa construction des armes d'Humbert le Bâtard. A l'intérieur, l'escalier à vis est inscrit dans la construction primitive qui abrite également la cuisine au rez-de-chaussée. Au premier étage, une cheminée a été plaquée à la façade sur la Grand-Rue dès sa construction, à proximité du mur de refend qui subdivise la bâtisse en son centre. Aux 16° et 17° s. (3 NANA phase), le bâtiment ne subit apparemment pas de grosses transformations, mais reçoit plusieurs décors peints aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. La quatrième phase regroupe les travaux du 18° s. L'immeuble acquiert alors son aspect actuel. Le niveau des planchers est modifié dans les étages et les façades reçoivent la plupart des percements actuels. La toiture actuelle avec sa caractéristique galerie en pignon remonte à ces transformations. Au 19° s., la cinquième phase est caractérisée par la subdivision en plusieurs appartements, ce qui implique la création de deux nouvelles portes percées dans la façade est et quelques transformations intérieures, notamment l'installation d'un escalier en bois contre le refend sud et la «disparition», derrière des cloisons, de l'escalier en vis. Les datations dendrochronologiques seront du plus haut intérêt, car ce sont ces dernières qui permettront de confirmer, ou d'infirmer, si ce bâtiment est bien celui érigé pour Humbert le Bâtard de Savoie suite à 1'acquisition d'un cheseau dans le bourg d'Estavayer à la fin mars 1422.

Prélèvements: 67 échantillons en vue de datations dendrochronologiques: LRD04/D5556.
Datation: archéologique, historique.
SAEF, Ch. Kündig et G. Bourgarel/SBC, D. Raemy.