CN 1203, 2539 000/1 180 730. Altitude moyenne 432m.
Date des fouilles: février - juin 2020.
Date de la découverte: septembre 2019.
Site déjà connu (agglomération gauloise, antique, médiévale).
Fouille préventive (construction d'un immeuble avec parking souterrain).
Surface fouillée env. 550 m².
Habitat. Aménagement de rive.

La bonne conservation des vestiges découverts à la rue du Midi 35 à Yverdon-les-Bains a été favorisée par des dépôts fluviatiles lents, déposés après l'abandon du site sans doute au cours du Moyen Âge central, quand le centre urbain se déplace quelques centaines de mètres plus au nord.
La parcelle fouillée est en effet bordée par un canal reprenant le tracé d'un ancien bras de la Thièle, la rivière qui coupait l'ancien vicus d'Eburodunum en deux parties distinctes.
La proximité du cours d'eau, qui s'ajoute à celle des marais de la plaine de l'Orbe au sud, a eu un impact direct sur les occupations humaines qui se sont succédé dans le secteur.
Les niveaux de tourbes, de sables lacustres et fluviatiles qui ont été documentés témoignent de profonds changements de l'environnement et de l'adaptation constante des habitants à ces fluctuations.
Datant du Haut-Empire, les deux premières phases ont été reconnues dans l'angle ouest de la fouille.
Elles sont matérialisées par des structures fossoyées associées à un mur dont la fondation de molasse, large de plus d'un mètre, suggère une construction imposante voire monumentale.
La découverte d'une statuette en bronze d'un taureau tricorne dans le comblement d'un des fossés évoque le sanctuaire antique fouillé en 2002-2003 une cinquantaine de mètres plus à l'ouest.
Les possibles liens entre les deux sites mériteront d'être discutés, même s'ils ne bénéficient pour le moment pas d'arguments déterminants.
Après une troisième phase qui voit le secteur végétalisé, notamment par l'apport de sédiments et la création d'un réseau de petites canalisations, une moitié de la zone fouillée est occupée par un habitat construit en matériaux légers (fig. 50).
Il est associé à une petite épaisseur de terres noires (entre 5 et 20 cm), qui ont livré un abondant mobilier daté, selon les observations, de la deuxième moitié du 4ᶜ s. et du début du 5ᶜ s. ap. J.-C.
Ce lot, qui comporte plus de 500 monnaies, de la céramique, du verre, des objets métalliques (notamment de nombreux déchets ou objets en plomb), de la tabletterie et une grande quantité d'ossements de faune, est une découverte unique à Yverdon pour l'Antiquité tardive, en tout cas pour les fouilles récentes.
Elle revêt d'autant plus d'importance qu'elle témoigne d'une occupation située en dehors du castrum, fortification érigée de l'autre côté de la Thièle sous le règne de Constantin.
Également inédit à Yverdon de ce côté de la rivière, un habitat des 6°-7° s. ap. J.C. succède au précédent, abandonné après une nouvelle modification du lit de la rivière (quelques trous de poteaux et deux sols de maison en cailloutis).
Enfin, le creusement, sans doute naturel, d'un nouveau chenal remodèle totalement l'aspect du secteur.
Lié à deux rangées de pieux parallèles, un vaste empierrement est alors mis en place pour renforcer la rive de ce nouveau bras de rivière.
Occupant une grande partie du périmètre de fouille, il se poursuit de part et d'autre du chantier.
Dans l'attente d'analyses dendrochronologiques, la datation de cet aménagement reste impossible à fixer avec certitude.
Elle se situe vraisemblablement entre le 7° s. et l'an mil ap.J.-C.

Mobilier archéologique: céramique, verre, tabletterie, métal, monnaies.
Faune: oui.
Prélèvements: carpologie, palynologie, géomorphologie.
Datation: archéologique. Âge du Fer, Tène finale (?); Époque romaine, Haut-Empire, Antiquité tardive; Haut Moyen Âge.
Archeodunum SA, Cossonay, C. Hervé.