CN 1243, 536 100/152 060. Altitude 380 m.
Date des fouilles: décembre 2000-avril 2001.
Références bibliographiques: ASSPA 83, 2000, 242-244.
Fouille de sauvetage programmée (projet immobilier). Surface de fouille env. 1600 m².
Théâtre gallo-romain. Habitat.


Un nouveau projet immobilier sur la parcelle jouxtant celle où fut découvert le théâtre en 1998 a justifié de nouvelles investigations. Celles-ci ont permis la mise au jour d'une prolongation vers l'ouest du mur de scène du théâtre (fermeture au sud en avant de la scène) et un retour de celui-ci vers le nord (fig. 19). Ces vestiges se réduisent le plus souvent aux fondations de galets non liés au mortier surmontés, dans le meilleur des cas, de 5 à 6 assises d'élévation parementées et maçonnées. Comme cela avait été observé plus à l'est, ce mur a passablement souffert de la poussée des masses de terres accumulées dans la pente.
Quant au retour vers le nord, il ne se prolonge que sur 8 m, récupéré ou détruit par les aménagements modernes. Lors de la fouille dans cette zone perturbée, aucune trace de gradins n'a été repérée. Ces quelques éléments associés aux découvertes précédentes permettent de proposer un plan général du théâtre dans son état le plus récent. Cette hypothèse tient compte en outre de fouilles anciennes qui ont été intégrées au mieux. Malheureusement, il n'y a que peu de chances qu'elle puisse être vérifiée un jour, compte-tenu des impacts considérables dûs aux travaux de l'avenue des Figuiers.
Les murs récemment découverts, consolidés puis prélevés pour la durée des travaux, viendront s'intégrer à l'intérieur du nouvel immeuble. Cet aménagement complétera la « crypte » du bâtiment voisin où sont conservés les restes du théâtre. Ce projet et sa réalisation ont pu être menés à bien grâce à la bonne entente toujours préservée entre toutes les parties prenantes.
Outre ces trouvailles directement liées au théâtre, c'est un quartier d'habitat (ou d'artisanat) totalement insoupçonné qui a été mis au jour. Son affectation demeure floue, l'étude du matériel et les travaux d'élaboration n'ayant pas encore débuté.
Le quartier est limité vers l'ouest par un mur dont ne subsistent que quelques assises de galets et une probable palissade, conservée sous la forme d'un fossé étroit et rectiligne. Ces deux éléments, observés sur une longueur de plus de 45 m, auraient, semble-t-il, contenu les eaux d'un bras secondaire du Flon. Au-delà, aucune trace n'indique une occupation organisée.
Le quartier mis au jour se compose de deux types de construction indiquant au moins deux phases d'occupation. Il s'agit tout d'abord de deux bâtiments aux bases maçonnées dont l'un (fig. 19, B1) paraît lié au fonctionnement du théâtre, soit en tant que petit sanctuaire, soit, plus simplement, comme atelier (vestiaire ou autre local de stockage) pour les artistes. Les vestiges de ce local se résument à quelques assises d'élévation parementées surmontant des fondations, séparées par un ressaut. Le tout dessine un bâtiment rectangulaire de 9 ×13 m, respectant parfaitement les alignements donnés par les murs du théâtre et le mur d'endiguement à l'ouest du site. Malheureusement, l'absence de niveaux d'occupation liés à ce local, suite aux nombreuses perturbations modernes, nous prive d'une détermination précise de sa fonction. Quoiqu'il en soit, aucun objet cultuel n'a été découvert.
Le second bâtiment (fig. 19, B2), situé en limite sud de la parcelle fouillée, comporte plusieurs pièces. Certaines d'entre elles étaient décorées d'enduits peints polychromes soulignant l'aisance des propriétaires et dotées de sols de terrazzo. Les constructions se poursuivent visiblement au-delà des emprises de la fouille, laissant supposer une extension du quartier en direction du sud, jusqu'en bordure du rivage lacustre antique.
La datation de l'ensemble, fort complexe, reposant sur l'analyse du matériel (principalement céramique et monnaies) découvert sur les lieux, n'est pas encore réalisée dans le détail. Toutefois, les bâtiments maçonnés ainsi que le théâtre sont sans doute utilisés du 1er-3e s. ap. J.-C.
Lors de la poursuite des investigations sous une couche d'alluvions, des constructions plus anciennes, vraisemblablement d'époque augustéenne, ont été atteintes. A ce niveau, ce sont des maisons à pans de bois, sur solins ou sablières basses, avec un sol de simple terre battue. Disposées en terrasses successives, elles respectent parfaitement le réseau orthogonal conservé par les constructions plus tardives (théâtre et bâtiments maçonnés) indiquant en cela l'établissement d'un plan d'urbanisme précoce.
Outre les nombreux tessons de céramique, ce sont des monnaies, quelques fibules et des fragments d'objets de la vie quotidienne qui ont été récupérés sur les lieux. Certains locaux sont équipés de foyer de terre cuite servant au chauffage ou à la cuisine. Par ailleurs, les niveaux de circulation, très fragiles, ont le plus souvent disparu lors des débordements du cours d'eau voisin ou à la suite de glissements de terrain fréquents et particulièrement ravageurs dans ce milieu très sableux.
Vers l'est, on passe vraisemblablement des quartiers d'habitation à une zone ou devait se trouver une nécropole, encore très mal connue. La fouille en laboratoire de la fosse (ST1 sur le plan), située dans cette zone et prélevée en 1998, semble confirmer son caractère funéraire.
Aucun élément du réseau de voirie n'a été repéré sur le site. Le lien entre les parties est et ouest de l'agglomération demeure donc inconnu. Celui-ci était certainement établi par un pont jeté au-dessus du Flon. Cet ouvrage n'a malheureusement que peu de chances d'être découvert un jour, vu le nombre de bouleversements ayant affecté la basse vallée du cours d'eau. Par ce pont s'effectuait certainement aussi le passage routier en direction du Valais.


Investigations et documentation: F. Eschbach, Archeodunum S.A., Gollion.

Datation: archéologique. 1er-2e s. ap. J.-C. pour le théâtre et les bâtiments maçonnés; époque augustéenne pour les constructions en terre et bois.

Archeodunum S.A., Gollion, F. Eschbach.