CN 1185, 569 840/192 590. Altitude 448-452 m. Date des fouilles: avril 1995; juillet-novembre 1995. Références bibliographiques: BPA 25, 1980, 6-52; 33, 1991, 126-130; 37,1995, à paraître; ASSPA 73, 1990, 204; 74, 1991, 214-220; AS 15, 1992, 1, 2-17. Fouille de sauvetage (pose de canalisations); sondages préliminaires et de vérification. Surface fouillée env. 600 m². Habitat.

Les investigations réalisées en plusieurs étapes ont permis de préciser l'emprise du complexe monumental de Derrière la Tour qui s'étendait, sur plus de 2 ha, au pied du versant nord de la colline d'Avenches, à 150 m env. en contrebas de l'amphithéâtre. Dans le cadre de l'étude de cet ensemble, plusieurs sondages de vérification (fig. 9) ont abouti à la mise en évidence du plan symétrique de la partie centrale du palais. Il a ainsi été confirmé que la vaste salle d'apparat (18 × 12 m), ornée de la fameuse mosaïque de Dionysos découverte et détruite au 18ᵉ s., constituait l'élément axial de l'édifice (fig. 9,1). Les recherches ont également révélé que le bâtiment principal allongé (fig. 9,2) abritant cette salle possédait des avancées aux angles de sa façade nord (fig. 9,3), tandis qu'il s'ouvrait au sud sur une vaste cour rectangulaire (fig. 9,4), de 69 m de long sur 42 m de large, aménagée sur au moins deux niveaux. La demi-terrasse inférieure nord était délimitée par un mur de soutènement (fig. 9,5) rythmé par deux exèdres semi-circulaires (fig. 9,6) faisant face au corps principal. Placées symétriquement de part et d'autre d'une volée de marches non conservées (fig. 9,7), ces niches devaient accueillir des aménagements d'agrément du type bassin ou fontaine, comme en témoigne la présence de grosses dalles de fond quadrangulaires en grès flanquées à l'arrière d'un petit socle à blocage en mortier de tuileau. La poursuite des sondages a montré que cette cour était ceinte sur ses quatre côtés de portiques (fig. 9,8) bordés de caniveaux. Le portique est, large de 4.50 m, devançait une série de pièces parmi lesquelles un local à alternance d'exèdres quadrangulaires et semi-circulaires (fig. 9,9) en grande partie mis au jour lors des fouilles de 1971. Les récents compléments d'information, s'ils excluent l'hypothèse d'un bassin, ne permettent pas pour autant de préciser la fonction de cet espace, hall d'entrée latérale ou simple pavillon d'agrément. La branche ouest du portique ainsi que le corps de bâtiment attenant sont pour l'instant restitués; des sondages prévus ultérieurement s'efforceront de préciser la limite occidentale de ce complexe et de vérifier l'éventuelle présence d'un dispositif analogue à celui du corps oriental (fig. 9,10). Est également restituée une allée centrale dans la cour, sous laquelle courait une canalisation dont une large portion coudée (fig. 9,11) a pu être documentée. Cette allée devait mener à un triclinium (fig. 9,12) dégagé sur sa moitié et qui faisait face à la grande salle axiale du bâtiment nord. Accessible par un large escalier de cinq marches intégré au mur de fond du portique sud (fig. 9,13), ce pavillon (9 × 6 m) était doté d'une abside, de niches latérales et d'un haut plafond voûté dont les vestiges jonchaient le sol à près de 4 m sous le couvert végétal du talus actuel (fig. 10). Plusieurs éléments de fresques représentant un décor architectural étaient encore fixés aux murs préservés sur plus de 2 m de hauteur. En outre, des empreintes de mobilier calciné étaient encore visibles sur le sol en terrazzo signinum qui entourait un tapis de mosaïque central polychrome partiellement conservé, de 2.40 m de côté. Autant d'indices qui témoignent du luxe apporté à ce triclinium, lequel a probablement également servi de salle de réception secondaire, dédoublant ainsi celle plus grande du corps principal vis-à-vis. Des sondages complémentaires ont également permis de s'assurer que ce pavillon se trouvait isolé, en avancée sur la façade méridionale. L'ensemble était doublé par un mur amont de soutènement délimitant un vide sanitaire (fig. 9,14). Une canalisation ménagée dans le mur de fond du portique complétait ce dispositif d'assainissement (fig. 9,15). Les premiers résultats montrent que ces recherches ont touché le noyau primitif d'une importante résidence édifiée aux environs de l'époque néro-flavienne. Lors de son développement en un prestigieux ensemble monumental aux allures de palais, au début de l'époque sévérienne, les transformations apportées à la partie centrale de la domus témoignent du respect du plan initial. C'est l'adjonction, à l'est, d'une aile portiquée (fig. 9,16), prolongeant le bâtiment nord, ainsi que d'un balneum (fig. 9,17), s'articulant avec l'insula 7 voisine, qui confère à l'ensemble un caractère palatial avec une longueur connue de près de 200 m pour une largeur de 90 m. Une tranchée de prospection réalisée dans la cour est (fig. 9,18) a mis en évidence plusieurs tronçons de son mur de fermeture sud oblique (fig. 9,19) qui suit le tracé d'une rue decumane et qui délimite une aile d'habitat méridionale (fig. 9,20). Plus surprenante est la présence, dans la partie centrale de cette cour, d'un vaste bâtiment quadrangulaire (fig. 9,21) dont l'emprise totale et la fonction nous échappent encore. Toutefois, ce bâtiment a supplanté une série de locaux (fig. 9,22) apparemment contemporains de la première domus.

Mobilier archéologique: déposé au MRA. Datation: archéologique. 1er-3e s. ap. J.-C. Fondation Pro Aventico-MHAVD, J. Morel.