CN 1300, 486 220/110 150. Altitude 413 m
Date des fouilles: avril-août 2009.
Références bibliographiques: B. Reber, Recherches archéologiques à Genève et aux environs, 26-46. Genève 1901; IAS N.S. 24, 1922, 23-32; Genava 7, 1929, 138-166; 20, 1972, 61-81; F. Le Ny, Les fours de tuiliers gallo-romains. Méthodologie. Etude technologique, typologique et statistique. Chronologie. Documents d'archéologie française 12, 42s. Paris 1988.
Fouille de sauvetage programmée (travaux forestiers). Surface de la fouille env. 80 m².
Zone artisanale.

Une intervention a été nécessaire à l'emplacement d'un four à tuiles romain en prévision d'une coupe d'arbres dans le Bois de Fargout (Les Bois de Chancy). La structure et des niveaux archéologiques encore en place ont ainsi été localisés et étudiés. Le site avait été laissé à l'abandon suite à une première fouille effectuée en 1919.

Le four, orienté est-ouest, est installé sur un éperon qui surplombe le Rhône d'un côté et le nant du Longet de l'autre. À 500 m du site, en contrebas, se situe le castrum de Chancy.

Les différentes parties du four sont bien conservées, mis à part la sole et les voûtes, encore partiellement en place en 1919 et depuis disparues. La fouille a permis notamment de découvrir l'aire de chauffe qui n'avait pas été dégagée à l'époque. Une large tranchée effectuée à l'est, au-delà de l'alandier, permet d'estimer son diamètre à 7 m.

Aménagé dans le substrat argileux, le four est doté de parois externes construites de tuiles. La chambre de chauffe se compose de huit murets de soutènement, voûtés au centre, qui supportaient la sole. Sur les trois côtés, les fondations du laboratoire s'appuient sur de gros fragments de tegulae disposés en épi. Ce système de construction n'est pour l'instant pas attesté dans d'autres fours.

Différentes étapes de transformations ont été repérées, plus spécifiquement dans la zone de l'alandier et du pourtour du four, plusieurs fois remaniés avec des matériaux récupérés et de l'argile. Avant ces transformations, l'alandier était constitué de gros blocs de molasse qui devaient supporter sa voûte.

Deux niveaux de marche, dont l'un est en relation avec un petit foyer quadrangulaire, étaient encore conservés à l'extérieur. Le fond du four, constitué d'une chape argileuse, présente également une phase de reconstruction.

Ce type de four daterait du 3ᶜ s. apr. J.C. (type IIE ou IIE' de la typologie de F. Le Ny [1988]). Une analyse par thermoluminescence sur plusieurs échantillons de tegulae donne une datation de la dernière cuisson autour du 4ᶜ s. D'ailleurs, il a certainement fonctionné lors de la construction du castrum daté de cette période. Cependant, une utilisation plus tardive, jusqu'au 5ᵉ s., n'est pas à exclure en tenant compte d'une potentielle marge d'erreur. Des tuiles du 1ᵉʳ s. apr. J.-C., prélevées contre les bords extérieurs, démontrent que des fours plus anciens étaient installés dans cette zone.

Après son abandon, le four a été affecté à une autre fonction comme le prouve le négatif d'une poutre quadrangulaire qui a percé la structure pour l'installation d'une toiture. Les moellons qui composent la partie supérieure du pourtour auraient été installés lors de cette dernière phase d'utilisation. Ce type de construction pourrait correspondre aux périodes représentées par le matériel céramique du 5ᵉ-8ᵉ s. provenant d'un des sondages situés à 50 m au nord du four. Ce matériel était associé à un aménagement de tegulae disposées à plat formant un niveau de marche.

L'occupation du plateau a donc perduré en tout cas jusqu'au début du haut Moyen Âge, en restant probablement une zone artisanale.

En effet, cette région a toujours été propice à la production de tuiles et de briques; en témoignent les fours encore en fonction jusqu'au 20ᵉ s. ou connus par la toponymie.

Mobilier archéologique: céramique, objets métalliques.
Prélèvements: C14; thermoluminescence (ARCHEOLABS TL).
Datation: archéologique. Époque romaine. - Thermoluminescence. Réf. A 093103 TL (2009).
SCA, G. Zoller et A. de Weck.