CN 1244, 558 800/153 270. Altitude 850 m.
Date des fouilles: février 2004; juillet 2005.
Références bibliographiques: D. de Raemy, Châteaux, donjons et grandes tours dans les Etats de Savoie (1230-1330). Un modèle le château d'Yverdon. CAR 98 et 99, 221-226, 362-364. Lausanne 2004.
Sondages et analyse non programmée (transformation). Surface de la fouille env. 300 m².
Château, fortification.

Le château de Châtel-Saint-Denis a été construit par Amédée V de Savoie entre 1298 et 1305, selon les comptes de châtellenie qui ne signalent plus de travaux au château dès 1320, mais l'édifice reste mal connu et mal conservé. Le donjon, qui avait déjà été abaissé au niveau des corps de logis suite à un incendie en 1758, a encore perdu une part importante de sa substance entre 1938 et 1954. Des sondages archéologiques réalisés en 2004 ont montré que le mur sud du donjon, où il était prévu de loger un ascenseur, était en fait l'élément le mieux conservé de la tour maîtresse d'origine. Il s'élève à une hauteur de 16 m, alors que ses trois autres façades ont été abaissées à huit mètres, très loin des 25 m de la hauteur initiale estimée.

En 2005, la transformation de la partie centrale de l'aile occidentale a impliqué une intervention d'urgence. Cette aile a conservé d'importantes parties médiévales, les grandes transformations signalées par les comptes de 1576 à 1580 n'ayant pas entraîné une reconstruction complète qui n'aurait épargné que la courtine extérieure. Nous savons maintenant que la façade sur cour remonte au Moyen Âge ainsi qu'au moins un des murs de refend, celui jouxtant les anciennes cuisines et s'appuyant à la courtine occidentale.

Cette césure entre la courtine et le mur de refend peut marquer une étape de la construction du château, à moins qu'il ne s'agisse de transformations médiévales, réalisées après la vente du château à la famille valdôtaine des Challant qui le posséda entre 1384 et 1455. Le temps imparti aux recherches archéologiques n'a pas laissé le loisir de répondre à ces questions.

Passé en mains fribourgeoises en 1575, le château doit son aspect actuel aux travaux entrepris dès cette époque. La datation des échantillons de bois apportera des précisions sur leur chronologie, car ils se sont poursuivis au 17ᵉ s., comme l'indique un linteau de porte avec la date de 1618. Les transformations ultérieures, en particulier le renouvellement des enduits au 19ᵉ s., ont quasiment effacé tous les décors picturaux ainsi que les traces d'utilisation des diverses pièces, dont les fonctions restent énigmatiques, à l'exception de la cuisine. Si le décrépissage des murs extérieurs réalisé après 1934 permet d'observer d'anciens percements, il a hélas transformé le château en un véritable écorché et surtout fait disparaître les décors picturaux du début du 17ᵉ s. dont de maigres restes subsistent sur des encadrements de porte. Cette frénésie de l'appareil mis à nu découle de l'idée erronée que ces ouvrages militaires n'étaient ni crépis ni enduits au Moyen Âge et à l'époque moderne. Le château de Châtel n'a hélas pas été la seule victime de cette mise à nu: Bulle, Romont et Morat ont subi le même sort ainsi qu'une partie du château de Chenaux à Estavayer, seul le château de Gruyères ayant été épargné par cette mode ravageuse et inesthétique.

Prélèvements: 11 échantillons de bois en vue de datations dendrochronologiques, LRD05/R5695PR.
Datation: archéologique; historique.
SAEF, G. Bourgarel.