CN 1243, 2535 270/1152446. Altitude env. 379 m.
Date de l'intervention: 30.5.-22.7.2016.
Références bibliographiques: C. May Castella, Boulodrome, Prés-de-Vidy. Intervention archéologique 1990. Rapport inédit, Archéologie cantonale, Lausanne 1991 ; AAS 99, 2016, 199-201 (avec littérature antérieure) ; AVd. Chroniques 2015, 105-106.
Fouille programmée (projet Métamorphose, Ville de Lausanne). Surface 1200 m².
Vicus.

L'Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité de l'Université de Lausanne (IASA) a effectué sa quatrième fouille-école sous les terrains de pétanque du Boulodrome. L'opération a été menée avec l'autorisation et le soutien de l'Archéologie cantonale. La surface de fouille a été étendue à la troisième parcelle d'habitation, à l'est du chantier. Cette dernière avait déjà été partiellement fouillée en 1990 sur environ 70 m², lors de la construction du Boulodrome (May Castella 1991). Les données relatives aux travaux d'il y a 26 ans ont été intégrées lors de l'élaboration des fouilles 2016. La campagne de 2016 visait à terminer la fouille du premier bâtiment, atteindre les niveaux non-maçonnés du deuxième et débuter l'exploration du bâtiment 3 et de son portique (fig. 32). Une petite partie du nord du bâtiment B1 a révélé une probable forge qui sera fouillée dans des conditions optimales en 2017.
La première période d'occupation (dès 60/70 apr. J.-C.), connue seulement sur la parcelle B1, voit la construction, directement sur les niveaux de sables lacustres, d'un petit bâtiment monocellulaire (4.70 × 3-4.40 m) avec un appentis à l'avant. Dotée d'un sol en terre battue et d'un foyer de galets recouverts d'une sole d'argile, la bâtisse était flanquée d'empierrements ayant servi de niveaux de circulation extérieurs. La question du parcellaire à cette époque reste encore ouverte, mais il semblerait que la surface dévolue au futur bâtiment 1 ait déjà été réservée, même si elle n'était de loin pas entièrement bâtie.
Dès 90 apr. J.-C., l'urbanisation du secteur s'intensifie, avec la construction du decumanus, fouillé en 2014 et 2015. Les trois parcelles sont occupées et présentent un aspect hétéroclite. B1 est constitué de plusieurs modules d'habitation, construits pour la plupart sur poteaux plantés avec des sols en terre battue et des foyers de galets ou de terre cuite architecturale, réunis autour d'une cour, ou d'une zone de circulation. B2, occupant l'entier de la parcelle, est bâti sur des sablières, avec notamment un sol en mortier de tuileau, probablement en relation avec une pièce thermale dont les vestiges ne nous sont pas parvenus. Les murs principaux de B3 sont maçonnés alors que la plupart des divisions internes sont encore montées sur des sablières basses. L'élément le plus marquant de B3 est l'existence d'une petite pièce (4 × 4.40 m) dotée d'un terrazzo en mortier de chaux avec un médaillon central grossièrement réalisé en opus crustatum (fragments de TCA).
Dès 160 apr. J.-C., la maçonnerie (murs bahut) apparaît dans B2, constitué alors d'un plan bien connu (deux pièces s'ouvrant sur la rue et un couloir central ; fig. 32). B1 est toujours bâti en matériaux légers, alors que B3 est complètement remblayé pour servir d'entrepôt. Lors de ces travaux, une forge temporaire a été installée à l'avant de B3.
A l'extrême fin du 2ᵉ siècle de notre ère, B1 est rebâti sur des fondations maçonnées, alors que les deux autres bâtiments ne subissent que de petites transformations internes.
La fouille de la troisième parcelle a livré de nombreux éléments relatifs à l'occupation du secteur au 4ᵉ siècle de notre ère. Ce bâtiment a en effet été remanié et plusieurs structures (muret, foyer et trous de poteau), sont à rattacher à cette phase tardive, datée principalement par des monnaies (Aes IV en contexte, notamment).
Les opérations de 2016 ont apporté des données inédites sur l'évolution de ce quartier charnière de Lousonna antique, montrant un décalage de près d'une centaine d'années entre la parcelle 3 et 1 pour l'apparition de la maçonnerie. De plus, le dynamisme de ce secteur périphérique de l'agglomération au 4ᵉ siècle a pu une nouvelle fois être démontré, soulignant la complémentarité de l'étude poussée de ce quartier et de Chavannes 11.

Datation: archéologique. Du changement d'ère au milieu du 4ᵉ siècle de notre ère.
IASA, Université de Lausanne, F. Lanthemann.