CN 1325, env. 571 882/105 522. Altitude env. 473 m.
Date des fouilles: 8.1.-21.12.1991.
Site nouveau.
Fouille non programmée (intervention liée aux travaux de restauration de l'édifice). Surface de la fouille env. 600 m².
Eglise

D'importantes recherches archéologiques ont été entreprises dans le sous-sol de l'église paroissiale de Martigny dans le cadre des travaux de restauration de cet édifice de la fin du XVII siècle. Ils furent motivés par le projet de dépose du dallage en schiste et de sa repose sur une dalle de béton, ce à quoi nous ne nous attendions pas. Le problème est d'importance: il s'agissait de savoir si l'église paroissiale de Martigny, connue comme telle dès la fin du XII siècle (alors qu'elle était apparemment isolée dans les «Granges de Martigny»), était par exemple l'héritière d'une ancienne chapelle funéraire de la Basse-antiquité, installée en périphérie de la ville romaine, ou celle de la première cathédrale du Valais dont la localisation à Martigny a fait l'objet de nombreuses controverses jusqu'à ces derniers temps quand bien même Saint-Théodore, premier évêque connu du Valais, avait signé les actes du concile d'Aquilée en 381 ap. J.-C. en tant qu'episcopus octodorensis.
Les fouilles ne sont actuellement pas terminées; sous toutes réserves, on en peut cependant présenter l'évolution suivante:
- A l'époque romaine, le site était occupé par un édifice probablement privé, de fonction et d'extension inconnues, dont on a identifié quelques murs (villa suburbana?). Il se situait vraisemblablement non loin d'une nécropole du Haut-Empire.
- Au IV siècle de notre ère, d'après les maçonneries, une salle d'env. 3,75 x 9,30 m (de dimensions intérieures) fut pourvue d'une annexe quadrangulaire surélevée de la hauteur de deux ou trois marches, d'env. 4 x 3,75 m. Aucune installation spécifique n'a été mise en évidence. Comme cette annexe au sol surélevé se situe à l'emplacement des chœurs des églises qui furent construites par la suite sur ce site, on peut supposer qu'il s'agit là d'un premier lieu de culte chrétien.
- Vers le V siècle de notre ère fut aménagée une église double qui occupait la majeure partie de la nef actuelle. Le chœur de l'église «principale» est formé de l'annexe de l'édifice mentionné ci-dessus qui, à l'intérieur, fut transformé en abside semi-circulaire. Les murs latéraux de la nef de cette église seront réutilisés lors de la construction des édifices postérieurs, jusqu'à l'époque romane. Cette nef a des dimensions intérieures de l'ordre de 15,50 x 7,75 m. Du côté de l'entrée, à l'ouest, elle est apparemment flanquée d'une annexe de 3 m de largeur.
Au sud de cette église fut construite une autre (pour les catéchumènes?) de même longueur mais plus étroite (env. 6 m), dont le chœur quadrangulaire, large de 4,50 m à l'origine, fut également transformé en abside semi-circulaire par la suite, une annexe flanquant également cette église du côté ouest. On n'a pas (encore?) repéré le baptistère que l'on s'attend à trouver dans un complexe de ce genre. Aucune installation liturgique spécifique n'a été mise au jour pour l'instant. Il n'en demeure pas moins que ces églises accolées appartiennent vraisemblablement au premier groupe épiscopal du Valais.
- Vers l'An Mil, on reconstruisit une église à une nef, probablement, dont les murs latéraux et ouest reprennent ceux de l'église précédente, mais dont le chœur semi-circulaire se trouve en retrait par rapport à celui du Haut Moyen-Age. Cette église fut remaniée à l'époque romane; elle fut pourvue d'un bas-côté au sud, que fermait à l'est une chapelle. Enfin, apparemment, au début du XIII siècle on reconstruisit le chœur semi-circulaire de l'église, plus à l'est; il était précédé d'un avant-chœur quadrangulaire voûté qui était fermé du côté de la nef par un imposant jubé. Auparavant, la chapelle latérale sud avait été pourvue d'une abside nouvelle, semi-circulaire. Le clocher roman qui flanquait l'avant chœur au nord ne fut démoli et reconstruit au même emplacement qu'à partir de 1715, 28 ans après la consécration de l'église, ce qui explique sa position curieuse par rapport à l'église baroque qui, pour des raisons que l'on ignore, fut «occidentée» alors que les édifices précédents étaient orientés dans le sens propre du mot.

Datation: archéologique.
ORA VS, F. Wiblé.