CN 1185, 578 404/184 179. Altitude 625 m.
Date des fouilles: 21.-25.4.2003.
Références bibliographiques: M. Strub, La ville de Fribourg, t. I, MAH no 50, 170-177.187-191. Bâle 1964; S. Morgan, Freiburger Geschichtsblätter 72, 1995, 221-275; G. Bourgarel, Le canton de Fribourg, in: B. Sigel (réd.), Stadt und Landmauern 2, 101-126. Zürich 1996; G. Bourgarel, Pro Fribourg 121, 1998, 11-30.
Fouille de sauvetage programmée (réfection de la place de jeux). Surface de la fouille env. 600 m².
Fortifications urbaines.
L'abaissement du terrain de 1.50 m pour la création d'un nouveau terrain de basket au pied du Grand-Belluard (1490-1499) a fait l'objet d'un suivi attentif par le Service archéologique. Il s'agissait essentiellement de repérer les fossés et l'éventuelle contrescarpe qui auraient pu compléter les défenses du Grand-Belluard. Vu la nature des éléments qui étaient attendus, il n'était pas question d'effectuer une fouille manuelle, mais de suivre l'excavation mécanique et de compléter les observations par des coupes.
Nos attentes n'ont pas été déçues: deux fossés se dessinaient parfaitement dans le substrat morainique compact du secteur. Le premier, d'une largeur de 5 m, suivait simplement la muraille du Grand-Belluard. Le second, prenant naissance dans le premier, au centre de l'arrondi du Grand-Belluard, suivait une ligne oblique par rapport à l'enceinte du début du 15ᵉ siècle, en direction du sud et parallèlement à un mur situé entre ce fossé et l'enceinte du début du 15ᵉ siècle. Ce n'est qu'en fin d'excavation qu'il a été possible de comprendre que ce système de défense se rattachait aux ouvrages du 17ᵉ siècle. Cette découverte, aussi modeste soit-elle, est capitale pour comprendre l'ampleur et la nature des travaux de renforcement des défenses de la ville, conçus et réalisés par Jean-François Reyff, selon ses projets de 1650 et 1656 dont les plans ont disparu. La construction de la tour des Mouches en remplacement de la double porte de l'Auge, l'enceinte de l'Auge et ses digues, la reconstruction de la porte du Stalden et une muraille à la Grand-Fontaine font partie de cette première étape à quoi s'ajoutent la reconstruction de la muraille à l'est de la porte de Morat et la modernisation de son belluard, en 1647. La seconde étape est marquée par la modernisation du front occidental de l'enceinte et la construction d'un bastion près de la porte de Bourguillon pour renforcer le flanc sud en 1664.
La ligne de défense occidentale n'est connue que par le relevé de Pierre Sevin en 1696 (aux AEF) et sa partie sud par des vues du 19ᵉ siècle (Ph. De Féguely, 1809; J. Kappeler vers 1830) qui ne donnent des détails précis que de la porte de Romont et de sa redoute partiellement fouillée en 1987 et 1994. Comprenant un ouvrage à cornes aux Grands-Places et des places d'armes protégées par un chemin-couvert dessinant des triangles allongés entre les tours, de la porte de Romont à la tour du Blé, les étangs se substituant aux places d'armes entre la tour d'Aigroz et la porte des Étangs, ces ouvrages paraissent n'avoir été que de simples levées et fossés de terre, à l'exception de la redoute de la porte de Romont. En fait, l'escarpe des chemins-couverts était constituée d'un mur d'une épaisseur de 1.35 m, au parement de grands moellons de molasse bruts d'extraction. Ces maçonneries correspondent aux fondations et s'enfoncent à une profondeur d'au moins 1.60 m dans le terrain, ce qui laisse supposer une élévation d'une hauteur équivalente.
La somme de ces ouvrages remparés représente une longueur d'environ 950 m, soit plus de 4000 m³ de maçonneries et quatre ou cinq fois plus de terre déplacée, à quoi s'ajoutent encore la redoute, son cavalier et son mur de contrescarpe. Ces chiffres donnent l'ampleur des travaux pour lesquels le pape Alexandre VII a versé la somme de 30752 livres en 1662, Fribourg étant alors terre catholique cernée par la Berne protestante et ses conquêtes.
En tenant compte des travaux réalisés durant la première étape et du bastion de Bourguillon, les fortifications du 17ᵉ siècle atteignent une ampleur proche de celle des fortifications réalisées entre 1370 et 1420, sans les quinze tours construites durant ce laps de temps que nous avons désigné comme l'âge d'or des fortifications fribourgeoises. Sachant que les défenses de la ville sont restées faibles à l'Époque moderne, ces chiffres mettent aussi en évidence les moyens considérables qu'il fallait mettre en œuvre pour assurer une défense urbaine efficace contre les progrès de l'artillerie. Plus la puissance et la portée des canons augmentaient, plus il fallait que les fortifications s'étendent et s'abaissent. Le stade ultime de cette évolution fut atteint lorsque la superficie des défenses a été équivalente à celle de la ville à protéger, comme ce fut le cas à Vienne notamment au 18ᵉ siècle, mais cette cité était encore la capitale d'un empire doté d'autres moyens que celle d'un canton suisse.
Tant et si bien que le Gouvernement fribourgeois a renoncé à cet effort d'adaptation dès 1710, se contentant seulement de quelques nouveaux corps de garde et laissant à l'état de projets l'adaptation des fortifications.
Datation: archéologique; historique.
SAEF, G. Bourgarel.
Fribourg FR, Grand-Belluard, jardins du quartier d'Alt
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Détail de la chronique
Commune
Fribourg
Canton
FR
Lieu-dit
Grand-Belluard, jardins du quartier d'Alt
Coordonnées
E 2578404, N 1184179
Altitude
625 m
Numéro de site cantonal
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Numéro d'intervention cantonal
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Nouveau site
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Prélèvements
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Analyses
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Institution
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Date de la découverte
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Surface (m2)
600 m2
Date de début
21 avril 2003
Date de fin
25 avril 2003
Méthode de datation
historique, archéologique
Auteur.e
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Année de publication
2004
Époques
Moyen Âge
Type de site
infrastructure (military_installations )
Type d'intervention
fouille (fouille de sauvetage/préventive)
Mobilier archéologique
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Os
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Matériel botanique
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