CN 1204, 555/176. Altitude 640 m.
Date des sondages: avril-fin juin 2009.
Références bibliographiques: M. Mauvilly, Les abris naturels en territoire fribourgeois, de la Préhistoire à nos jours. AS. 32, 2009, 4, 24-31.
Sondages. Surface des sondages env. 5 m²
Abri de falaise.

Localisée à près de 600 m d'altitude, la cavité de La Baume s'ouvre au pied d'une falaise de molasse d'environ 30 m de hauteur. Elle fait partie d'une enfilade d'abris creusés dans les affleurements de molasse (OMM) qui bordent le sommet de la vallée de la Haute Broye, sur sa rive gauche. Avec plus de 200 m² de surface protégée, cet abri naturel, ouvert plein est, est l'un des plus vastes et des plus spacieux du canton de Fribourg.
Le sondage exploratoire, bien que limité à 5 m² seulement, a permis de mettre au jour une stratigraphie exceptionnellement développée de près de 6 m de hauteur. Avec des traces de fréquentation s'égrenant de l'époque actuelle au Mésolithique, Villeneuve-La Baume peut d'ores et déjà être considéré comme l'un des sites sous abri de référence pour la Suisse occidentale.
Les plus anciennes traces de ses multiples fréquentations remontent au Mésolithique récent, soit vers 6000 av. J.-C.
Comme l'atteste la succession quasi ininterrompue de niveaux archéologiques sur près de 2 m de hauteur, les sociétés néolithiques vont ensuite investir l'abri, en imprimant profondément de leurs empreintes son remplissage. Les couches du Néolithique moyen, de loin les plus importantes, rassemblent des fosses, des dépotoirs, des foyers et un très abondant mobilier archéologique; elles témoignent d'occupations répétées et permanentes du site par de petites communautés humaines, entre 4500 et 3500 av. J.-C.
Durant la 2ᶜ moitié du 4ᶜ millénaire, la fréquentation de l'abri semble connaître une baisse passagère, puis, dès le début du millénaire suivant, toutes les cultures du Néolithique final de Suisse occidentale vont, à des degrés divers, laisser des traces de leur passage dans la cavité.
Cette période est matérialisée par divers niveaux archéologiques dont le plus ancien est une couche noirâtre principalement constituée de graines de céréales carbonisées et de fragments de molasse rubéfiés résultant d'un violent incendie des greniers à céréales. Ce sinistre a été, sur la base d'une date radiocarbone, calé précisément entre 3000 et 2900 av. J.-C.
Les vestiges de campements bien conservés qui succèdent à l'incendie, notamment plusieurs foyers et dépôts cendreux, sont attribués à l'Auvernier-Cordé et surtout au Campaniforme.
Loin de constituer une rupture dans la dynamique de fréquentation de la cavité, l'âge du Bronze se manifeste plutôt dans un esprit de continuité, avec la présence de vestiges mobiliers et/ou immobiliers datés du Bronze ancien au Bronze final, soit entre 2200 et 800 av. J.-C.
L'occupation de l'abri de La Baume se poursuit ensuite, mais de manière plus sporadique et ponctuelle. Ainsi, des témoins fugaces attestent le passage de petits groupes humains ou d'individus sur le site au Hallstatt, à la période gallo-romaine, au haut Moyen-Age, au Moyen-Age ainsi qu'à l'époque moderne.

Mobilier archéologique: tessons de céramiques, objets en bronze, artefacts en roches siliceuses, artefacts en matières dures animales, parures, restes fauniques.
Prélèvements: sédimentologiques, carpologiques; charbons de bois pour C14.
Datation: archéologique. Mésolithique récent/final; Néolithique moyen; Néolithique final (Lüscherz, Auvernier-Cordé, Campaniforme); Bronze ancien; Bronze moyen; Bronze final; Hallstatt final; Époque romaine; haut Moyen-Âge; Époque moderne. - C14. Ua-38221: 6703 ± 64 BP; Ua-38220: 5766 ± 48 BP; Ua-38064: 4856 ± 43 BP; Ua-38065: 4347 ± 43 BP; Ua-38222: 4003 ± 46 BP; Ua-38066: 3561 ± 41 BP; Ua-38063: 2005 ± 41 BP.
SAEF, M. Mauvilly et L. Dafflon.