CN 1106, 594 992/236 483. Altitude 530 m.
Date des fouilles: 27.3.-27.6.2012.
Références bibliographiques: A. Quiquerez, Monuments de l'ancien évêché de Bâle. Eglises, 7-79. Bâle 1853-1867/1983; Ch. Gerber, Moutier, Vieille Ville. Découverte du monastère de Grandval, Arch BE 2009, 98-105; L. Tremblay, Moutier, Rue Centrale 57. De nouveaux vestiges de l'abbaye de Grandval sous l'ancien Hôtel du Cerf. Arch BE 2013 (à paraître).
Fouille de sauvetage programmée (transformation de l'ancien Hôtel du Cerf). Surface de la fouille 56 m².
Monastère

Le projet de transformation de la moitié est de l'ancien Hôtel du Cerf impliquait des travaux d'excavation en sous-sol. La mise au jour des premiers vestiges du monastère mérovingien de Moutier Grandval dans la rue Centrale en 2008 pratiquement en face de ce bâtiment, de même que les observations réalisées par Auguste Quiquerez au 19e siècle lors du creusement de la cave, présageaient la présence de niveaux archéologiques. Leur fouille préventive, limitée à la moitié sud de la cave et à une bande extérieure le long de la façade sud, a permis de mettre au jour des structures qui s'articulent en cinq phases.
A l'intérieur, la première phase est caractérisée par la construction d'un bâtiment en pierres orienté est-ouest: douze blocs de fondation en calcaire sur trois rangées parallèles soutiennent les restes d'un mur en ressaut ou percé d'une porte. Au nord, ce mur est recouvert d'un enduit de mortier et donne sur une pièce intérieure présentant deux radiers d'assainissement au sol. Un fragment de charbon provenant du niveau de construction associé à ces maçonneries a été daté au C14 entre 765 et 892 (ETH-47910: 1210 30 BP, 83,2 % de probabilité). Les vestiges de ce bâtiment - fortement arasé par le creusement de la cave et dont seule une petite partie a pu être appréhendée sur la surface fouillée - appartiendraient donc à une phase d'agrandissement du monastère à l'époque carolingienne; ils définiraient ainsi son extension maximale au sud. La fonction exacte de l'édifice demeure toutefois indéterminée.
La seconde phase est constituée par le creusement d'un fossé orienté nord-sud qui vient rogner à l'est les vestiges du monastère, dont l'abandon et le démontage minutieux surviennent sans doute fin 11e ou début 12e siècle, avec la construction de la nouvelle collégiale sur la colline qui domine le bourg. Une canalisation constituée de planches de bois y est installée et un drainage massif nord-ouest/sud-est est ajouté.
La troisième phase correspond à l'implantation de trois sépultures, dont une en coffrage de bois; elles sont toutes recouvertes par des planches apparemment posées en bâtière. La fourchette de datation au C14 de l'une d'entre elles va de 1020-1160 (ETH47937: 941 ± 29 BP, 95,4 % de probabilité). Ces sépultures appartiennent probablement au cimetière paroissial de Moutier qui jouxtait l'église St-Pierre, transformée en église paroissiale suite à la construction de la nouvelle collégiale. Le cimetière prend ainsi de l'expansion et colonise l'ancien espace occupé par le monastère.
De la période d'occupation du site entre le Moyen-Âge et le 19e siècle, correspondant à la quatrième phase, il ne reste que trois couches riches en déchets culinaires: le creusement de la cave de l'Hôtel du Cerf, relevant de la cinquième phase, a fait disparaître en grande partie la substance archéologique médiévale et moderne. La datation exacte de l'édifice et de sa cave, dont le creusement aurait été réalisé sous l'œil d'Auguste Quiquerez vers le milieu du 19e siècle, demeure incertaine. Quant à l'espace extérieur situé le long de la façade sud, où les niveaux stratifiés les plus anciens n'ont pas été atteints, il n'a livré qu'un système de canalisation en planches de bois bordées de pierres du 19e siècle. Installé dans d'épaisses couches de remblai particulièrement riches en céramique médiévale et moderne, ce dernier était relié à un aménagement similaire à l'intérieur de la cave, associé à la cinquième phase.

Mobilier archéologique: céramique, verre, plaque de marbre, dalle calcaire, enduits muraux. Matériel anthropologique: 3 sépultures, quelques ossements erratiques. Faune: ossements épars. Prélèvements: C14 (charbon et sépulture), dendrochronologie, mortier. Datation: archéologique; C14. 9e-19e siècles.
SAB, L. Tremblay.