CN 1205, 2573 854/1 181756. Altitude 615 m.
Date des fouilles: mars - mai 2023
Références bibliographiques: Waeber, L./Schuwey, A. (1957) Églises et chapelles du canton de Fribourg, 222-224. Fribourg.
Suivi de chantier, sondages (installation de chauffage). Surface de la fouille env. 270 m².
Cultuel/rituel, funéraire, infrastructure.

L'installation d'un système de chauffage nécessitant d'importants travaux a conduit le Service archéologique de l'État de Fribourg à réaliser des sondages en 2022 puis un suivi archéologique des terrassements en 2023 dans l'église de Matran, dédiée à Saint-Julien et mentionnée pour la première fois en 1146.
L'excavation générale de toute la surface de la nef sur une profondeur moyenne de 50 cm et, dans une moindre mesure, du chœur et de la travée de chœur, a permis de retrouver les limites de l'église avant les transformations du 19° s. Les fondations de l'ancien portail occidental, situées à l'aplomb du plafond peint NANA s., marquent une distinction entre les couches archéologiques conservées dans la nef qui sont caractérisées par d'épais remblais de démolition plus ou moins remaniés et les sédiments très organiques bruns typiques des terres de cimetière, sous l'ancien parvis.
À proximité des fondations, l'apparition en fond de fouille d'un sarcophage a été l'occasion de réaliser un sondage manuel afin de mieux appréhender la relation stratigraphique entre les éléments. La semelle de fondation du mur a ainsi pu être dégagée sur toute sa hauteur et le sarcophage entièrement fouillé.
Dans la nef, les couches superficielles se sont révélées très remaniées. La fréquence des ossements qui y gravitent et les poches charbonneuses éparses supposent un terrassement important dans l'église qui paraît avoir perturbé de nombreuses tombes et les niveaux de démolition provenant vraisemblablement des incendies de la moitié du 17° s. D'anciens aménagements ont pu être mis en évidence, tels que les bases de l'ancien autel, supprimé au siècle dernier, ou encore un dallage en molasse dans la travée de chœur dont la datation reste encore à définir.
Les terrassements internes presque achevés, le fond de fouille a révélé la présence d'un sarcophage contenant une inhumation, surmonté d'un bloc de moyenne dimension correspondant au vestige d'un couvercle en calcaire de la Molière, sous l'ancien parvis. L'individu est inhumé en décubitus dorsal, la tête à l'ouest, les mains sur les épaules.
Le sarcophage de grandes dimensions mesure 2.2 x 0.75 x 0.45 m de haut. Ce bloc monolithique n'est pas orné, mais il contient plusieurs encoches telles qu'une fente d'évacuation au fond de la cuve, une crapaudine (probablement destinée à faire pivoter le couvercle), un aménagement céphalique caractéristique ainsi qu'un creux taillé sur le bord qui semble lié à l'ouverture du couvercle.
Plusieurs indices permettent de croire que le sarcophage a été remployé en place, tels que la présence sur le défunt d'une réduction de tombe ou bien le fait que le couvercle soit brisé, sans pour autant que la sépulture n'ait été perturbée par l'ajout des sédiments provenant des couches supérieures.
L'absence de mobilier archéologique associé à la tombe ne permet pas de préciser la datation du squelette qui devra être soumis à des datations par radiocarbone. La découverte d'un second sarcophage à l'est de l'ancien portail occidental permet d'exclure le caractère exceptionnel du premier. C'est également l'indice que d'autres sépultures dans la nef doivent se trouver dans des sarcophages monolithes. La tombe 2, encore scellée par son couvercle plat, a été préservée sous le nouveau dallage de l'église.

Mobilier archéologique: lapidaire, métal.
Matériel anthropologique: tombe et réductions.
Datation: archéologique ; C14 (en cours). Moyen Âge ; Époque moderne.
SAEF, C. Niot.