CN 1184, 2561730/1185760. Altitude 450 m.
Date des fouilles: 28.9.-11.12.2015.
Site nouveau.
Fouille de sauvetage (projet immobilier). Surface de la fouille 1800 m².
Habitat.

Les fouilles ont été entreprises dans le cadre d'un projet comprenant la construction de quatre immeubles locatifs avec parking souterrain sur deux parcelles jusque-là occupées par des jardins et des bâtiments agricoles. Le secteur, qui n'avait jamais été exploré, est situé dans le cœur historique de la ville, à peine 100 m en contrebas de l'abbatiale. Le site s'inscrit plus précisément dans le périmètre du bourg médiéval, entre un rempart partiellement conservé le long de la rue Derrière-la-Tour et un rempart plus ancien arasé, dont le tracé supposé est restitué en bordure nord de la Grand-Rue.
Les premières traces d'occupation de la zone remontent à la protohistoire. Elles sont matérialisées par un petit foyer à pierres chauffées, ainsi que par la présence de plusieurs tessons de céramique peu roulés provenant d'une couche enfouie à plus de 2 m de profondeur. Les caractéristiques typologiques de certains éléments suggèrent une datation provisoire à l'âge du Bronze final qui devra être confirmée par l'étude de la céramique.
La période romaine est représentée par quelques fragments de tegulae et de rares tessons de céramique retrouvés en position secondaire. Ils pourraient être en lien avec une villa identifiée sous l'abbatiale.
La principale occupation du site prend place à la période médiévale avec l'édification d'un vaste bâtiment de min. 33 × 17.5 m, dont le premier état comprend une halle au nord et au moins deux locaux au sud. L'entrée, au sud, est précédée d'un pavement de galets correspondant à une cour. Les murs porteurs reposent sur d'imposantes fondations en tranchée étroite constituées de lits de galets et de boulets de rivière inclus dans un mortier riche en chaux. Les élévations, en grand appareil, sont constituées de deux parements en pierre de taille et d'une fourrure de cailloux. Des fragments de tuiles forment localement des assises de réglage. Plusieurs trous de poteaux matérialisent la base d'une charpente sur laquelle reposaient des planchers surélevés, ainsi que la couverture de l'édifice, dont la nature n'est pas encore déterminée. Des foyers ont localement été aménagés à même le sol, exclusivement constitué de terre battue.
L'ensemble a connu plusieurs restructurations marquées par l'édification progressive de murs de refend et par l'ajout d'un local à l'angle sud-est. La rareté du mobilier, la simplicité des aménagements internes (absence de revêtements de sol, de poêles, d'escaliers, etc.), ainsi que la forte teneur en phosphates des sols, indiquent que le bâtiment a servi de lieu de stabulation mais peut-être également de stockage.
L'ensemble est implanté sur des terres noires grasses et très organiques résultant d'une occupation soutenue de la zone. L'humidité de cette couche entaillée de plusieurs fossés contenant localement des restes de cuir (fig. 47) a permis la conservation de nombreux éléments en bois (poteaux, poutres, piquets, planchettes, etc.), dont l'analyse dendrochronologique devrait permettre d'affiner le phasage des vestiges découverts. Bien qu'ils fonctionnent sans doute avec l'état principal du site, certains de ces éléments pourraient être en lien avec des phases d'occupation antérieures.
L'emploi exclusif de molasse dans les parements, ainsi que la technique de construction mise en œuvre, suggère que le bâtiment n'a pas été édifié avant le 13° siècle. Son absence sur le plus ancien plan de cadastre de la ville, datant de 1697, fournit en outre un indice quant à la durée de son fonctionnement.

Mobilier archéologique: fer, céramique, verre, tuile, faune, cuir - Étude calcéologique en cours (M. Volken).
Prélèvements: sédiments, charbons, bois. - Étude géomorphologique et pédologique en cours (M. Guélat).
Datation: archéologique. Âge du Bronze final (?) ; Époque romaine ; Moyen Âge.
Archeodunum SA, Gollion, D. Maroelli.