CN 1205, 2570 050/1 175250. Altitude 678 m.
Date des fouilles: 24.11.2021-17.12.2022.

Site nouveau. Fouille de sauvetage programmée (construction de deux villas). Surface de la fouille env. 900 m² Habitat.
En automne 2021, des sondages mécaniques réalisés sur deux parcelles menacées par des projets de construction ont mis au jour plusieurs murs maçonnés bien conservés appartenant à la villa romaine signalée anciennement à Grenilles, mais mal localisée. Les fouilles déclenchées en novembre 2021 ont duré plus d'un an. Elles ont permis de dégager la partie orientale de la pars urbana, constituée de plus d'une vingtaine de locaux répartis dans plusieurs corps de bâtiment étagés dans la pente. Les vestiges présentent un état de conservation exceptionnel, avec des élévations parfois conservées sur plus de 2 m de hauteur (fig. 40).
Au nord devait s'élever une aile thermale (T), malheureusement détruite lors de la construction d'une maison individuelle au début des années 1990 et dont ne subsiste que le mur de façade oriental, traversé par une canalisation d'évacuation d'eau surmontée d'une voûte. Au sud s'étend un corps de bâtiment aménagé sur deux terrasses. Deux états maçonnés au moins, précédés d'une construction en bois sur poteaux, ont été documentés. Sur la terrasse supérieure, des portiques ou couloirs entourent une cour centrale (C); dans l'un d'eux, les restes d'un décor peint à fond noir et rouge présentant des éléments architecturaux surmontés de figures humaines et animales avaient été étalés dans un remblai.
Les autres locaux de la terrasse supérieure, en partie arasés du fait du pendage du terrain, sont mal conservés; l'un d'eux a cependant livré les traces d'une activité de forge (F), peut-être contemporaine de l'occupation de la demeure, à moins qu'elle ne soit liée au démantèlement des maçonneries à la fin de l'Antiquité. Une phase d'occupation tardive matérialisée par des constructions en bois a par ailleurs été identifiée dans la cour centrale.
Sur la terrasse inférieure, le terrain naturel plus profondément excavé a permis l'excellente conservation des murs d'un local équipé d'un «terrazzo» et d'une base en molasse qui accueillait une poutre soutenant la charpente du plafond. La pièce, détruite par le feu, a livré une importante couche de démolition charbonneuse, qui recouvrait des pièces de bois carbonisées signalant la présence d'un meuble (étagères?); les gravats recelaient les restes du plafond, sur lequel avait été aménagée une mosaïque d'étage (M), la troisième connue en Suisse.
Une bordure bichrome en cercles sécants entoure une composition en médaillons en grande partie détruite du fait de son effondrement, avec motifs figurés dont au moins un épisode mythologique (Hercule dans le jardin des Hespérides). Au rez-de-chaussée, la grande pièce était accessible depuis un couloir orné de peintures murales, transformé dans un deuxième temps en un portique à colonnade (P) bordé d'une antichambre. Ces travaux sont liés à l'installation d'une pièce d'eau monumentale, bassin ou fontaine (B), occupant le centre de la terrasse inférieure, ouverte au sud vers des jardins et une hypothétique route en contrebas.
Si les vestiges sont bien conservés, le site n'a livré qu'une quantité limitée d'objets, un signe que la demeure a été vidée de son mobilier. La céramique et les rares monnaies retrouvées indiquent que l'occupation s'échelonne entre le dernier tiers du 1er s. et le début du 4e s. de notre ère.
Le toponyme local «Les Masérales (< lat. maceriae, «murs, ruines») suggère que les murs antiques ont dû être partiellement visibles jusqu'à l'époque moderne, comme le suggère la présence de céramique glaçurée au-dessus des murs effondrés.

Mobilier archéologique: céramique, monnaies, verre, métal (bronze, plomb, fer), tabletterie, placages, éléments architecturaux.
Faune: ossements épars.
Prélèvements: sédiments, charbon de bois (anthracologie, C14), peintures murales, mosaïque.
Datation: archéologique. Époque romaine, 1er-3e / 4e s. ap. J.-C.
SAEF, J. Monnier, O. Presset et L. Rubeli.