CN 1225, 569 580/162 970. Altitude 789 m (zone ouest) CN 1225, 569 730/163 020. Altitude 784 m (zone est).
Date des fouilles: octobre 2002-avril 2003.
Site nouveau.
Références bibliographiques: CAF 4, 2002, 59; ASSPA 85, 2002, 286-287; R. Blumer, Archéologie de la route d'évitement H189 Bulle - La Tour-de-Trême: tout un programme! CAF 5, 2003, 174-191.
Fouille de sauvetage programmée (construction de la route d'évitement de Bulle). Surface de la fouille env. 2000 m².
Habitat (zone ouest). Habitat, trouvaille isolée (zone est).

Une première intervention (zone ouest) a notamment permis de documenter deux anomalies rectilignes associées à de la poterie protohistorique très fragmentée. Non loin, une fosse oblongue et un trou de poteau ont été découverts. Le premier fossé, orienté sud-est/nord-ouest et suivi sur près de 16 m de longueur, présente une largeur à l'ouverture variant entre 0.80 et 1.50 m. Sa section est concave, avec un net aplatissement du fond et des bordures évasées. Son comblement, épais de 0.20-0.30 m, est constitué de limons silteux gris-brunâtre et de quelques cailloux. Il se démarque bien du substrat de moraine remaniée. À 1 m à l'est, une seconde anomalie rectiligne, sous forme d'une suite de négatifs rectangulaires d'environ 0.30-0.35 m de largeur pour 4-6 cm de profondeur, court parallèlement au premier fossé sur une distance de 8 m. Son comblement argileux gris clair est dénué d'inclusions lithiques. Des traces anciennes de labours sont visibles en périphérie de ces anomalies. À quelques dizaines de mètres plus à l'est, une fosse oblongue (2 × 0.70 m), flanquée de quelques blocs, a été creusée dans le remplissage d'un petit paléochenal nord-sud légèrement sinueux. Son comblement comprend quelques cailloux, deux pyrofracts et des charbons de bois. Un trou de poteau a été repéré au nord-est de cette fosse. D'autres fossés ont été observés en stratigraphie. Le matériel archéologique associé à ces structures est constitué exclusivement de tessons de poterie très fragmentés. En l'état, le calage chronologique précis de ces vestiges protohistoriques doit encore être déterminé. Nous les interprétons comme les restes mal préservés d'une occupation agro-pastorale munie d'enclos, voire d'une palissade.
Une deuxième intervention (zone est) a notamment permis la documentation d'un poteau carbonisé enfoncé dans le substrat de moraine remaniée. Repéré lors d'un sondage préliminaire, il avait fourni une datation C 14 calibrée à 2 σ entre 3700 et 3380 BC cal. (Ua-20074: 4810 ± 50 BP). À 10 m au nord-est, un bois horizontal carbonisé a été prélevé. Ces deux éléments indiquent une occupation durant le Néolithique moyen dont les vestiges sont aujourd'hui presque intégralement érodés. Signalons la découverte, dans un remaniement sédimentaire récent, d'un grattoir en silex de patine grise, aménagé sur un éclat de pleine taille par retouche abrupte et abattue.
À quelques mètres vers l'ouest, un vaste empierrement de 20 × 6 m orienté est-ouest a été intégralement fouillé (fig. 10). Il est constitué d'un agencement horizontal dense de blocs et de cailloux allochtones disposés sur une couche silteuse sans cailloux qui recouvre le substrat de moraine remaniée. Les deux tiers ouest de l'empierrement, très structurés, comprennent au moins cinq parements perpendiculaires dont trois sont constitués de deux rangs de blocs. Ces parements déterminent une partition de l'espace en deux cellules: à l'ouest, une pièce principale rectangulaire de 4 × 3.50 m de côté et, à l'est, une aire carrée de 3 m de côté. De nombreux tessons de poterie, dont un bord de jarre à profil en S et des tessons décorés de cordons horizontaux digités, ont été découverts en relation avec l'empierrement. Une concentration de tessons se trouve à l'est du parement le plus oriental, dans une zone de cailloux moins structurée. Trois groupes de pyrofracts et de roches rubéfiées ont été individualisés, deux d'entre eux sont associés à des zones charbonneuses et un groupe se trouve à l'intérieur de la cellule orientale. Signalons que l'angle d'un second empierrement de nature quasi identique a été partiellement documenté au nord-est du premier. Ces vestiges sont interprétés, selon toute vraisemblance, comme des plates-formes de fondations d'habitats construits sur sablières surmontées de parois à cadre de bois. L'attribution de cette occupation à l'Âge du Bronze devra encore être confirmée par des datations radiométriques.

Faune: fragments osseux
Prélèvements: charbons (C14), sédiments
Datation: archéologique; radiométrique. Néolithique; Âge du Bronze (à confirmer).
SAEF (programme H189), R. Blumer, E. Sauteur et A. Schönenberger.