CN 1242, 519 650/149 550. Altitude moyenne 504.60 m. Date des fouilles: juillet-août 2010. Références bibliographiques: rapports internes; D. Glauser, Les maisons rurales du canton de Vaud. 3, De La Côte à la Venoge. Bâle 2002. Fouille programmée (transformation du rural en habitation). Surface env. 260 m².
Rural.

Les différentes investigations archéologiques faites en 1985, 1987, 1988 (AAM s.a., Moudon) et en 1990 (F. Christe, Archéotech S.A.) ont relevé que le rural, dépendant d'une ancienne maison forte du 14ᵉ s. appelée actuellement «La Couronne», est un bâtiment qui fut construit peu avant la révolution française. Les maçonneries découvertes sous le sol du bâtiment actuel correspondent à un rural présentant un plan trapézoïdal d'une surface utile de 160 m² et un volume estimé à 1100 m³; les maçonneries et les pavages sont d'une qualité constructive homogène. Dans la moitié orientale de la construction, un pavage en galets en parfait état fut dégagé. Il respecte la pente naturelle du terrain, descendant à l'est vers un ruisseau qui figure sur le plan cadastral de 1729. Dans la moitié occidentale, aucun pavage n'a été trouvé. Ces observations pourraient indiquer que la partie orientale servait d'écurie, et la partie occidentale, sans pavage, de grange-fourragère (Glauser 2002, 436); le rural était donc destiné uniquement à l'élevage. Le bâtiment primitif fut agrandi du côté septentrional d'une surface de 110 m² qui elle fut excavée pour y installer des caves. La nouvelle façade principale est située au sud avec trois portails; ces trois ouvertures sont surmontées d'une fenêtre chacune, celle du milieu a la forme d'un œil de bœuf. Le rural actuel présente une surface de 290 m² et un volume, avec les caves, de 3500 m³, soit par rapport à son prédécesseur le triple; il sert à l'élevage mais également à la viticulture. On peut appeler cette construction un rural de grands domaines (Glauser 2002, 110-121) avec une façade symétrique monumentale au sud qui présente de jolis éléments architecturaux, typiques de la 2ᵉ moitié du 18ᵉ s. L'agrandissement du rural par rapport à celui du Moyen-Age tardif est dû notamment à la révolution agricole; elle se développe dès le début du 18ᵉ s. en Angleterre, aux Pays-Bas et en France. Par sa grandeur et sa diversification le nouveau rural répond aux besoins de la production croissante de produits différenciés. Daniel Glauser le formule comme suit: «Les rendements de la production agricole s'améliorent à partir de la 1ère moitié du 18ᵉ s. et coïncident avec la phase la plus froide du Petit âge glaciaire. Les maisons existantes deviennent trop exiguës et de nouvelles formes sont introduites progressivement dans le monde paysan (Glauser 2002, 110-121).» Le rural médiéval figure sur le plan cadastral de 1729, le bâtiment actuel sur le plan de 1821/22, la construction ayant eu lieu entre deux. Pour préciser la date, nous avons procédé à une analyse dendrochronologique (Rapport d'expertise dendrochronologique LRD10/R6417, Aubonne, Rural Hôtel de la Couronne, Laboratoire Romand de Dendrochronologie, Moudon, 24 août 2010). L'expertise a donné une date d'abattage de 1786 pour une longrine sous un poteau et de 1811/12 pour le plancher dans le couloir au nord du portail principal. 1786 peut être considéré comme date de construction du rural, 1811/12 pourrait correspondre à une transformation.

Investigations et documentation: AAM s.a., Moudon. Datation: archéologique; historique; architecturale; dendrochronologique. 15ᵉ/16ᵉ s.; 18ᵉ s. AAM s.a., Moudon, W. Stöckli et H. Kellenberger.