CN 1163, 2538535/1205110. Altitude 1081 m. Date des fouilles: 25.9-6.10.2023. Date de la découverte: 2020. Site nouveau.

Référence bibliographique: Tremblay, L. (2017) Les fours à chaux modernes du Jura: essai de typo-chronologie. AAS 100, 109-134. Fouille programmée. Surface de la fouille env. 42 m². Structure (four à chaux).

Cette intervention a été réalisée dans le cadre d'un projet de recensement et de documentation des fours à chaux de la vallée de la Brévine mené depuis 2020 par Jacques Matthey - retraité originaire de la région - qui collabore bénévolement avec la section Archéologie de l'Office du patrimoine et de l'archéologie du canton de Neuchâtel (OPAN). Le four à chaux en question, situé dans les pâturages du Maix Baillod au Cerneux-Péquignot, se singularise par la présence inhabituelle d'une bande de sédiments à l'aspect vitrifié, large de plus de 30 cm par endroit et qui s'étend sur le pourtour de la chambre de chauffe.

Une tranchée de 1,5 × 11 m à travers la structure, ainsi que des ouvertures complémentaires, ont permis de mettre en évidence la fosse de travail, à l'avant du four, et le foyer d'environ 4 m de diamètre. Ces derniers ont été aménagés dans un placage de sédiments périglaciaires de type loess et creusés jusque dans la roche calcaire en place. Les blocs qui délimitaient la fosse de travail ont permis de positionner l'emplacement de la gueule du four, toutefois ses dimensions et sa forme exactes n'ont pas pu être restituées. Le foyer en cuvette, situé en contrebas de la gueule à une faible profondeur (<1 m), est de forme circulaire et ses parois, laissées naturelles, n'étaient délimitées par aucune maçonnerie.

Situés au sommet des parois, une série d'aménagements et de traces de blocs indurées dans le sédiment en négatif, marquaient l'insertion de la première assise de la voûte qui supportait la charge de calcaire à calciner. Ce type de four, dit «de surface», a notamment été identifié et décrit lors d'opérations préventives liées à la construction de la Transjurane N16 (Tremblay 2017). Il sous-entend l'aménagement d'un boisage important pour soutenir la charge et l'épais manteau argileux qui se développaient en hauteur.

Aucune trace de cette armature (trou de poteau, traces d'éléments organiques) n'a toutefois pu être mise en évidence sur le four à chaux du Maix Baillod. Lors de la fouille, il est apparu que la bande de sédiments vitrifiés se situait le long de la paroi de la chambre de chauffe, où les sédiments encaissants loessiques, riches en silice, étaient au contact direct du foyer, à la base de la voûte.

Ce qui indique que le four a probablement dû atteindre des pics de températures élevées, jusqu'à 1200° C, lors du processus de calcination du calcaire. Les éléments siliceux du loess des parois, au contact direct des cendres tourbillonnant dans la chambre, ont ainsi pu fondre et former cette couronne de sédiments à l'aspect vitrifié ou glaçuré. Ce phénomène n'a toutefois pas nui au bon fonctionnement de l'opération, puisque la chauffe semble avoir parfaitement fonctionné. L'ensemble de la charge calcinée a en effet été recueillie méticuleusement, à l'exception de quelques fragments de chaux retrouvés lors de la fouille.

L'absence de traces de réaménagement et la faible accumulation de sédiments semblent indiquer une utilisation unique de la structure. Un double liseré de chaux sur le fond du foyer intercalé par un liseré de charbons, pourrait toutefois suggérer deux phases d'utilisation. La typologie du four permet de dater sa construction au 18e-19e siècle (Tremblay 2017), ce qui paraît cohérent par rapport aux données historiques connues concernant la région de la vallée de la Brévine. Une datation C14 d'un des charbons prélevés est envisagée et devrait encore préciser la chronologie de la structure.

Prélèvements: échantillons de charbons de bois, sédiments, sédiments vitrifiés, chaux. Datation: archéologique, époque moderne, 18e-19e siècle.

Inventeur, J. Matthey; OPAN-section Archéologie, B. Jakob, P. Jobin et J. Deák.