CN 1185, 569 600/191 900. Altitude env. 453 m.
Date des fouilles: janvier-juillet 2003.
Références bibliographiques: G.Th. Schwarz, ASSPA 50, 1963, 74s.; US 27, 4, 1963, 60s.; L. Margairaz Dewarrat, BPA 31, 1989, 109-137; J. Morel, BPA 38, 1996, 103-105; J. Morel/Ch. Chevalley, BPA 42, 2000, 147-149; F. Eschbach/J. Morel, BPA 45,2003, à paraître.
Fouille de sauvetage programmée (pose de canalisations liées à l'équipement de parcelles à bâtir).
Voirie. Nécropole. Habitat-artisanat? Fosses à caractère funéraire?
La poursuite des travaux d'aménagement de futurs lotissements sur le site extra muros de la nécropole de la Porte de l'Ouest est à l'origine d'une deuxième campagne de fouilles en tranchées sur le tracé des quelques 450 m de canalisations projetées. Faisant suite à une première étape réalisée en 2000, au sein de la zone funéraire antique, les investigations se sont cette fois-ci rapprochées de l'enceinte d'Aventicum et de sa porte occidentale (fig. 27). Les tranchées ouvertes dans la partie amont, à flanc de coteau, se sont révélées exemptes de vestiges archéologiques, à l'exception de quelques épandages pierreux. Les fouilles des tronçons aval ont en revanche été plus fructueuses, mettant tour à tour en évidence la portion d'une voie romaine, les traces éparses d'une zone funéraire riveraine, l'hypocauste du local d'un petit bâtiment avec annexe, puis les restes d'un édicule d'époque romaine également, lequel est venu se superposer à une fosse à caractère funéraire ou cultuel de la période de La Tène finale.
La voie romaine (fig. 27,1): La mise en évidence de cette nouvelle portion de route vient judicieusement compléter les observations faites en 1996, lors d'un sondage préliminaire réalisé à proximité de la tranchée de 2003. Ainsi se confirme l'existence d'une voie d'axe nord-est/sud-ouest qui, après avoir longé le pied d'un coteau, franchissait une zone basse et inondable au sommet d'une butte naturelle, avant de se poursuivre en droite ligne en direction de la Porte de l'Ouest. Apparemment contemporaine de la création de l'enceinte flavienne d'Aventicum, cette route était équipée d'un fossé drainant qui bordait sa chaussée au sud. Celle-ci était constituée d'une succession de couches graveleuses prenant assise sur un radier de galets et de gros boulets morainiques. D'une largeur initiale de 6 m, elle a été rehaussée à plusieurs reprises pour atteindre progressivement une épaisseur de 0,6 m et une largeur maximale d'une dizaine de mètres lors de ses dernières phases d'utilisation, dans le courant du 3ᶜ s. apr. J.-C. Enfin, l'empierrement relevé lors de la fouille des couches de démolition supérieures pourrait correspondre au pavage d'une chaussée postérieure à la voie romaine, plus étroite (5 m) et légèrement décalée vers le nord par rapport à cette dernière. Cela indiquerait alors le maintien - ou la reprise - de l'axe routier romain à une époque plus tardive, ce que l'étude des monnaies recueillies dans les niveaux supérieurs de la voirie permettra peut-être de préciser.
Une zone funéraire riveraine? (fig. 27,2): Entre la voie antique et le petit bâtiment repéré une douzaine de mètres plus au nord (fig. 27,3), s'étendait un secteur apparemment à l'air libre où ont été mis au jour les restes présumés d'une tombe à incinération, ainsi qu'une sépulture en pleine terre curieusement aménagée sur le bas-côté de la route romaine et scellée par le niveau de chaussée tardif présumé (fig. 27,4). L'individu inhumé en décubitus ventral présente la particularité d'avoir la nuque brisée au niveau de la troisième vertèbre cervicale, une cassure qui lui a certainement été fatale. Dépourvue de mobilier, cette tombe est postérieure aux premiers aménagements de la voirie. Son insertion stratigraphique tend à la placer entre le 3ᵉ quart du 1ᵉʳ s. apr. J.-C. et le milieu du 2ᵉ s. apr. J.-C.
Le petit bâtiment à hypocauste (fig. 27,3): L'élargissement ponctuel de l'une des tranchées a permis de dégager dans son entier l'hypocauste ayant équipé la seule pièce d'un petit bâtiment quadrangulaire, de 6 x 5,5 m. Il a été érigé dans le courant du 2ᵉ s. apr. J.-C., en retrait de la voie romaine et orienté suivant celle-ci. Son aire de chauffe se situait sur son côté occidental où a été mis au jour un petit foyer extérieur aménagé à l'embouchure d'un alandier en blocs de molasse traversant le mur de la pièce. L'angle nord-est de cette dernière était flanqué d'une annexe d'aspect sommaire, placée sous couvert et dotée d'un sol en mortier de tuileau portant des traces de réfection. Les quelques vestiges architecturaux et le rare mobilier issus des niveaux de démolition du bâtiment ne nous renseignent guère sur sa fonction. Les limites encore mal définies de la nécropole de la Porte de l'Ouest, au voisinage de laquelle il s'implante, empêchent pour l'instant de rattacher ce bâtiment au complexe funéraire. En outre, cette construction a très bien pu faire partie des faubourgs résidentiels et/ou artisanaux disséminés aux abords de l'enceinte de la ville. Les déchets d'activités métallurgiques récoltés à la périphérie du bâtiment en 1996 parlent en faveur de cette dernière hypothèse.
L'édicule en pierres sèches (fig. 27,5): Une vingtaine de mètres plus au nord, une petite construction en pierres calcaires a été mise au jour au voisinage immédiat d'un bâtiment - à caractère profane? - partiellement dégagé en 1963 (fig. 27,6). Son orientation est-ouest, comme celle du bâtiment en question, découle vraisemblablement de la proximité de l'axe routier romain principal reliant Moudon/Minnodunum à Avenches/Aventicum, et dont le tracé supposé se situe sous l'actuelle route cantonale (fig. 27,7). Cet édicule, dont la superstructure n'est pas conservée, possède certaines caractéristiques qui l'apparentent à un puits: ses quatre parois en pierres sèches reposent en effet sur un cadre en bois fossilisé, délimitant ainsi une cavité rectangulaire de 1,1 x 0,7 m. Cependant, sa faible profondeur d'implantation (environ 1 m) évoque plutôt un réservoir destiné à récolter les eaux pluviales et d'infiltration pour la desserte des constructions avoisinantes. Quoiqu'il en soit, cette structure est venue se superposer, dès la 2ᵉ moitié du 2ᵉ s. apr. J.-C., à l'angle sud-est d'une fosse remontant à la période de La Tène finale. Le mobilier provenant du comblement de ce réservoir présumé place l'abandon de celui-ci au 3ᶜ s. apr. J.-C.
Une fosse laténienne à caractère funéraire? (fig. 27,8): Une fouille en extension au pied de l'édicule a permis de mettre en évidence, dans les sables naturels encaissants, une fosse de forme quadrangulaire, de 3 x 2,6 m, dont l'orientation est proche de celle de l'édicule gallo-romain qui la perturbe localement. D'une profondeur maximale de 0,7 m, cette fosse à fond plat présente la particularité d'avoir eu ses parois boisées, comme en témoigne la série d'empreintes de piquets relevée à son pourtour. Disposés à intervalles réguliers (20-30 cm), ces derniers devaient servir au maintien d'un coffrage de planches. Sur la paroi nord, le rythme des piquets s'interrompt pour laisser place à une éventuelle ouverture afin d'accéder directement à la fosse. Un tel agencement suppose qu'elle était destinée à rester à l'air libre durant une période indéterminée. Le comblement de la fosse a été effectué à l'aide de matériaux hétérogènes, sablo-limoneux, argileux et organiques. Elle a été scellée par une importante couche sableuse qui formait un léger tertre et contenait les restes d'un foyer. Le niveau de circulation en relation avec l'utilisation de la fosse n'a pu être clairement observé, ayant probablement subi une érosion, tout comme le tertre de la fosse, lors d'inondations du secteur après l'occupation laténienne. C'est du moins ce que suggère l'épaisse couche de sédiments limoneux omniprésente dans la tranchée nord et qui recouvre ici la fosse.
Les décapages successifs au travers des différentes strates du remplissage de la fosse ont permis la récolte d'un mobilier archéologique disparate où prédominent les ossements animaux non brûlés, majoritairement des suidés, des ovicapridés et des bovidés. Vient ensuite le mobilier céramique qui comprend essentiellement de la vaisselle à usage domestique, ainsi que de nombreux jetons et un seul fragment d'amphore. À cela s'ajoutent une perle et un fragment de bracelet en pâte de verre, plusieurs objets métalliques, parmi lesquels figurent un poucier d'anse de passoire en bronze, deux fibules en fer et une en bronze du type Jezerine, ainsi qu'un quinaire éduen. Deux autres quinaires helvètes du type «Büschel» ont été découverts aux abords immédiats de la fosse, l'un dans son niveau d'implantation, l'autre dans les sédiments limoneux qui la coiffent. Cette structure renfermait en outre des restes de bois carbonisés ainsi qu'une très faible quantité d'ossements brûlés qui a priori ne semblent pas être d'origine humaine.
Le survol de l'ensemble de ce mobilier permet de rattacher cette fosse à la 1ᶜʳᵉ moitié du 1ᶜʳᵉ s. av J.-C. Les plans de répartition des différentes catégories de mobilier ne mettent en évidence aucune organisation ou mise en scène particulière à l'intérieur de cette fosse dont la fonction exacte est sujette à caution. L'absence d'ossements humains - qui doit encore être certifiée - tend à écarter l'hypothèse d'une tombe. L'agencement particulier de la fosse, ainsi que l'aménagement d'un foyer dans la partie sommitale de son comblement suggèrent la pratique de rituels funéraires et/ou cultuels difficiles à appréhender. Quant à son mobilier, il privilégie la piste d'une fosse-dépotoir à caractère funéraire: en effet, plusieurs pièces céramiques surcuites sont susceptibles de provenir d'un bûcher voisin, tandis que l'importante quantité d'ossements animaux, les espèces et le nombre d'individus en présence, ainsi que la vaisselle à boire et l'amphore vinaire paraissent témoigner d'un banquet funéraire. Mais que faire des éléments de parure et du quinaire également présents dans le remplissage?
Par ailleurs, le contexte funéraire semble pouvoir être confirmé par la mise au jour d'une plus petite fosse charbonneuse qui renfermait huit passe-guides en bronze appartenant à un harnachement de char (fig. 28). Aménagée à proximité de la grande fosse, et peut-être en relation avec celle-ci, cette structure peut en effet correspondre à un dépôt funéraire partiel. À signaler encore l'apparition, en limite de fouille, d'une troisième fosse aux dimensions probablement aussi grandes que la première, mais qui n'a pas fait l'objet d'investigations plus poussées. Enfin, le rapprochement de ces fosses avec les restes d'une urne funéraire contemporaine exhumée en 1963 une quarantaine de mètres plus à l'ouest parle en faveur d'une zone funéraire laténienne d'une certaine ampleur (fig. 27,9). Dans l'attente de leur étude exhaustive, ces nouvelles découvertes apportent d'ores et déjà un précieux complément aux trouvailles funéraires de la même période faites intra muros et relance le problème des origines d'Aventicum.
Investigations et documentation: Archeodunum SA, Gollion, F. Eschbach, C. Brunetti; FPA: S. Bündgen, M. Ricottier, J. Morel.
Prélèvements: ossements humains et animaux, sédiments, bois.
Mobilier: architecture, céramique, monnaies, métal, os, verre déposé au MRA
Datation: archéologique; numismatique. 1ᶜʳ s. av. J.-C.-3ᶜ s. apr J.-C.
Fondation Pro Aventico, J. Morel; Archeodunum SA, Gollion, F. Eschbach.
Avenches VD, Sur Fourches
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Details of the chronicle
Municipality
Avenches
Canton
VD
Location
Sur Fourches
Coordinates
E 2569600, N 1191900
Elevation
453 m
Site reference number
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Cantonal intervention number
--
New site
--
Sampling
wood/charcoal, bones, geoarchaeological sediment sample
analyses
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Institution
--
Discovery date
--
Surface (m2)
500 m2
Start date
January 2003
End date
July 2003
Dating method
numismatical, archaeological
Author
--
Publication year
2004
Period
Roman Empire, Iron Age
Site type
settlement, settlement (single building), funerary, funerary (cemetery), infrastructure, infrastructure (transit systems), craft/industrial
Type of intervention
excavation (rescue excavation)
Archaeological finds
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bones
animal bones (dispersed), human bones (dispersed)
Botanical material
wood/charcoal
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