CN 1225, 569 840/164 320. Altitude 759 m.
Date des fouilles: avril à novembre 2004.
Site nouveau.
Références bibliographiques: CAF 4, 2002, 59; ASSPA 85, 2002, 286s.; R. Blumer, Archéologie de la route d'évitement H189 Bulle-La Tour-de-Trême: tout un programme! CAF 5, 2003, en particulier 177.
Fouille de sauvetage programmée (route d'évitement H189 Bulle-La Tour-de-Trême). Surface de la fouille env. 200 m². Voie, tombes à incinération.

Sur ce site, les sondages de 2001 avaient permis de délimiter un empierrement dense de 7 x 4 m, orienté sud-ouest/nord-est. Non loin de là, des indices fugaces d'occupation protohistorique avaient été observés.

La fouille fine de trois secteurs a permis de documenter un tronçon de voie qui a subi au moins une réfection de grande ampleur. Les aménagements initiaux sont constitués d'un dépôt de fond de matériel sédimentaire relativement grossier (sables limoneux ou grossiers, graviers, petits cailloux) accumulé de part et d'autre d'un cordon central de blocs de 35-60 cm. Deux fragments de tuile et de rares tessons de poterie protohistorique se trouvaient en position secondaire dans ces dépôts. Les éléments de finition (couverture) ont certainement été démontés lors du rehaussement de la voie.

De part et d'autre de la voie et parallèlement à celle-ci, on trouve deux fossés destinés à l'écoulement des eaux de ruissellement. Le fossé situé en aval, large d'env. 50-60 cm et profond de 15-20 cm, se trouve à l'aplomb du bord de la voie dans son second état, mais 20-25 cm en dessous. Il a probablement été comblé naturellement lors du rehaussement et de l'élargissement de la voie. Le fossé amont présente des dimensions similaires au premier mais se trouve à 1.50 m du bord de la voie. Il a probablement été l'objet d'un curage en cours d'utilisation.

Le second état de la voie est constitué du rehaussement du cordon central de blocs associé à des recharges de sédiments plus ou moins fins (limons sableux, graviers, dépôts hétérogènes) de part et d'autre. Ces recharges sont recouvertes d'un radier de blocs et de cailloux (10-30 cm) formant une surface de 4 m de largeur. L'absence de graviers ou de petits cailloux sur le radier pourrait indiquer une couverture en terre battue. La présence de fossés contemporains au second état n'est pas certaine.

À quelques mètres au sud-est de la voie, une première tombe à incinération a été repérée et prélevée en bloc. Lors des extensions de la fouille, quatre autres tombes de même type ont été découvertes le long du bord sud-est de la voie. Trois incinérations étaient bien préservées. L'une d'entre-elles a été fouillée sur le terrain. Elle contenait les restes osseux carbonisés d'au moins un individu, un groupe de plusieurs récipients en verre et en céramique, dont des types sigillés attribuables à la fin du 2ᵉ ou au 3ᵉ s. apr. J.-C. Les deux autres tombes ont été prélevées en bloc. Des éléments d'une dernière incinération semblent avoir subi un fort remaniement dont la dynamique devra encore être précisée. La fouille en laboratoire des trois blocs prélevés sera réalisée entre décembre 2004 et mars 2005.

Signalons qu'un bloc bréchique d'origine préalpine, mesurant 1.70 x 1.50 x 1.10 m a été découvert. Son sommet a visiblement été équarri lors de la construction du second état de la voie gallo-romaine, de manière à l'adapter à la surface du radier. Le bloc est profondément enfoui dans la masse des remaniements gallo-romains. Toutefois, sa base s'insère dans une fosse et un calage de gros cailloux nettement calibrés se trouve dans cette fosse contre le flanc sud du bloc. Le solde du comblement de la fosse est un limon brun silteux très homogène. Plusieurs indices archéologiques laissent supposer une implantation anthropique du bloc antérieurement à l'époque gallo-romaine. Toutefois, en l'absence de mobilier archéologique, l'hypothèse d'un menhir devra encore être confrontée aux datations de charbons prélevés dans la fosse.


Matériel archéologique: céramique, tuile, verre, fer. Matériel anthropologique: incinérations. Prélèvements: charbons (C14), sédiments, tombes prélevées en bloc pour fouille en laboratoire.
Datation: archéologique. Néolithique ou Âge du Bronze (?); époque gallo-romaine, fin 2ᵉ-3ᵉ s. apr. J.-C.
SAEF (programme H189), R. Blumer et A. Schönenberger.