CN 1205, 2579 181/1183252. Altitude 590m.
Dates des fouilles : mars 2019.
Références bibliographiques : CAF 17, 2015, 148 ; AAS 94, 2011, 280.
Sondage manuel programmé. Surface de la fouille env. 4 m².
Habitat.

Situé à quelques centaines de mètres de l'abbaye de la Maigrauge et de la ville de Fribourg, ce vaste abri de pied de falaise a fait l'objet au printemps 2019 d'une nouvelle intervention de la part du Service archéologique de l'État de Fribourg (SAEF). Les résultats archéologiques encourageants de la série de carottages effectuée en 2014 ont motivé l'ouverture d'un petit sondage de 4 m². Compte tenu de ses dimensions importantes (500 m² de surface protégée au sol), du très bon ensoleillement, de la proximité de la Sarine, ainsi que de son accès aisé, ce site offre des conditions très favorables à des occupations humaines. À l'instar d'autres abris recensés dans le canton, des niveaux anthropisés ont été mis au jour au sein d'une épaisseur de 2.2 m de sédiment. La séquence observée dans le sondage est le fruit de deux apports principaux. Il s'agit de colluvions provenant du sommet de la falaise, ainsi que de matériaux issus du démantèlement de la molasse par ruissellement, gélifraction et érosion éolienne. Si la géométrie de dépôt des colluvions constitue un cordon situé directement à l'aplomb du porche, les matériaux de démantèlement, relativement humides, sont localisés entre la paroi et ces apports exogènes. L'ensemble repose sur d'imposants blocs de molasse effondrés qui ont créé un plancher plus ou moins horizontal et ainsi facilité les implantations humaines postérieures.
Au sein de ces dépôts sableux et silteux, plusieurs niveaux anthropiques bien différenciés ont été individualisés. En effet, une série de foyers et de niveaux charbonneux intercalés dans la sédimentation naturelle ont été documentés. Si les premières structures foyères, ensevelies directement sous quelques centimètres de sable molassique, se rapportent à une période très récente, c'est à un demi-mètre de profondeur que les premiers artefacts anciens (deux petits fragments de verre bleuté) ont été mis au jour. Ces petits éléments pourraient être les témoins d'un artisanat du verre. Ce type d'activité a déjà été observé, notamment dans l'abri de Posieux FR, Bois de la Rappaz. C'est la présence d'un jeton de compte volontairement perforé et d'une monnaie qui permet de caler chronologiquement cette occupation au 15ᵉ siècle de notre ère. Plus bas, vers 1.3 m de profondeur, un petit foyer sans mobilier et intercalé dans un épais dépôt de colluvions gravillonneuses a été mis au jour. À 1.8 m, une grande structure de combustion de forme allongée qui a livré quelques restes osseux a été documentée. Une datation radiocarbone a permis de la caler chronologiquement autour de l'an mil.
Enfin, encore plus bas, au sein de la première couche déposée sur les gros blocs d'effondrement de la paroi, de discrets indices d'occupation du lieu ont été détectés. Ces traces remontent aux deux premiers tiers du 7ᵉ siècle de notre ère et constituent les témoins de la plus ancienne fréquentation constatée à ce jour dans l'abri. Elles sont notamment contemporaines de la nécropole de Fribourg FR Pérolles située à 1 km, de l'autre côté de la Sarine. Comme nous venons de le voir, l'abri a été fréquenté sporadiquement du haut Moyen-Age à nos jours. Il n'est cependant pas exclu que, sous l'effondrement massif du plafond qui a été observé à la base du sondage, des vestiges d'occupations plus anciennes subsistent.

Mobilier archéologique : céramique, jeton de compte, monnaie, verre, éléments métalliques.
Faune: ossements brûlés et non brûlés.
Prélèvements : sédiments pour tamisage, charbons.
Datation: C14. Ua-62880: 1399±31 BP, Ua-62881: 1060±30 BP.
SAEF, L. Kramer, M. Mauvilly et A.-F. Auberson.