CN 1185, 539 140/180 820. Altitude 434 m.
Date des fouilles: 19.6.-11.8.2006.
Références bibliographiques: ASSPA 78, 1995, 7-56.
Fouille de sauvetage programmée (projet de construction d'un immeuble). Surface env. 825 m².
Habitat. Oppidum. Vicus. Castrum.

Suite au projet de construction d'un lotissement, la section de l'Archéologie cantonale vaudoise a mandaté l'IASA de l'Université de Lausanne pour effectuer une campagne de fouilles à l'extrémité sud-ouest du parc Piguet. Ce projet immobilier a impliqué l'ouverture d'une large zone qui a révélé les vestiges de différentes phases d'occupation s'échelonnant entre la Tène finale et l'Antiquité tardive. Hormis quelques rares tessons du milieu du 2ᵉ s. av. J.-C., les aménagements les plus anciens remontent au 1ᵉʳ s. avant notre ère. Ils consistent en un fossé (Fo. 678) associé à un enrochement rectiligne formé de dallettes calcaires (Ft 175), tous deux parsemés de trous de poteaux. Cet assemblage, dont il s'agira de préciser la fonction au cours de la campagne de 2007, pourrait appartenir à un aménagement de berge ou à un système de défenses.
Dès le Haut-Empire, le secteur est occupé par au moins quatre constructions. Les bâtiments 3 et 4 respectent l'orientation connue de l'agglomération gallo-romaine. Le mur de façade ouest de l'édifice 3 présente toutefois un alignement différent, tout comme les bâtiments 1 et 2. Cette orientation divergente paraît s'accorder à l'antique cours de la Thièle, situé à l'ouest de la fouille. Un nivellement de la zone et une récupération importante des matériaux dès le Bas-Empire ont oblitéré la quasi-totalité des niveaux de circulation.
Plusieurs états ont cependant pu être mis en évidence pour l'édifice 3. Dès la 1ᵉʳᵉ moitié du 1ᵉʳ s. apr. J.-C., plusieurs sablières basses attestent d'une première construction en matériaux légers (Fo. 410, 415 et 630). Sous Néron-Vespasien, ces structures sont remplacées par des solins maçonnés (M 117, M 318). Ils sont associés à un important niveau de démolition de terre et bois, mélangé à de riches décors picturaux. Ce bâtiment est par la suite rebâti et se voit doté de murs imposants (M 115, 383, 391, 392, 547), souvent profondément fondés, qui reprennent grosso modo l'emprise de l'état précédent. Cette construction subit plusieurs agrandissements progressifs vers l'ouest et, dans sa dernière phase de remaniement, l'angle nord-ouest de l'édifice est occupé par le bassin de décantation de latrines. À une époque qu'il n'est pas possible de préciser, faute d'indices chronologiques, l'édifice a été totalement arasé et remplacé par des solins qui reprenaient en partie le tracé de l'état précédent. Le même phénomène a pu être observé dans le bâtiment 4. Les abords de ces édifices étaient occupés par plusieurs fossés drainants (Fo. 91), trois puits maçonnés (P. 86, 196 et 293) ainsi que par un grand nombre de trous poteaux, appartenant à des aménagements de berge ou à de petites constructions dont il faudra préciser le plan.
Une route d'axe nord-est/sud-ouest (Rt 35), d'une largeur de 7-8 m, a été mise à jour dans la partie sud de la fouille. Ce tronçon de voie, bordé de fossés (Fo. 26 et 30) de fortes dimensions (3 m de large au nord et 4 m au sud), vient oblitérer certaines constructions du Haut-Empire. Les nombreuses monnaies du 4ᵉ s. retrouvées dans les fossés, ainsi que l'orientation de ces dernières, parfaitement parallèle au rempart nord castrum, permet de rattacher ce dispositif viaire à cette fortification. Au Bas-Empire, la zone septentrionale de la fouille est dénuée de constructions, à l'exception d'une maison-fosse (Fo. 92).

Matériel anthropologique: squelette de nourrisson (retrouvé à l'intérieur du bâtiment 3).
Faune: très abondante; pas étudiée.
Matériel archéologique: objets en fer (outils, quincaillerie), en bronze (fibules, strigile), en verre, en os (pions) et en terre cuite (pesons, statuette); céramiques; monnaies; enduits peints; éléments architecturaux
Datation: archéologique. Du milieu du 2ᵉ s. av. J.-C. au 4ᵉ s. apr. J.-C.
IASA Lausanne, C. Cramatte.