CN 1185, 578 660/183 740. Altitude 560 m.
Date des fouilles: juin 2011.

Site déjà connu.
Suivi de chantier (transformation de la maison).
Surface de la fouille 85 m².
Habitat urbain.

Le suivi de la transformation de cette maison du rang sud de la Grand-Fontaine n'a pas révélé de maçonneries aussi anciennes que celles de la maison voisine (n° 31, voir CAF 11, 2009, 223s.); les parties les plus précoces repérées ne sont en effet pas antérieures à la seconde moitié du 14° s. ou au 15° s. À cette époque, la maison a été agrandie vers le sud, soit en direction de la pente. Au premier sous-sol, les maçonneries dressées en moellons de molasse taillés à la laye brettelée et la poutraison massive remontent à cette période ainsi qu'au rez-de-chaussée, le solivage sur rue. La façade sur rue a été remaniée, mais les maçonneries de la fin du Moyen Âge sont conservées jusqu'au premier étage. Le deuxième étage a été ajouté à l'époque moderne et l'intérieur transformé simultanément. Les murs mitoyens étaient alors en pans de bois sur les parties antérieures maçonnées et la maison présentait la traditionnelle partition en trois, la partie centrale abritant la cuisine et la cage d'escalier. L'âtre, situé au premier étage, était muni d'une hotte de bois à l'image de celles que l'on trouve en milieu rural; une seconde cheminée occupait le rez-de-chaussée qui était manifestement aussi dévolu à l'habitat, sans l'habituelle boutique. Les solives apparentes étaient simplement chanfreinées dans la cage d'escalier et les cuisines, alors qu'elles étaient moulurées dans les pièces. La cloison en pans de bois délimitant les pièces sur rue était hourdie de torchis sur clayonnage. Par la suite, le pan de bois des murs mitoyens a été enrobé de maçonneries, la poutraison du rez-de-chaussée sud remplacée par des solives de faible section et simplement chanfreinées. Ces réparations remontent manifestement au 18ᵉ s. Un peu plus tard, à la fin du 18° s. et au 19° s., les plafonds à solives apparentes ont été doublés par des plafonds à caissons ou de simples lambris. L'édicule-latrine, au sud, peut être rattaché à ces travaux de réfection ainsi que les poêles dont les emplacements ont été repérés dans les pièces sud et dont un seul pied était déposé dans les combles. Ce pied tourné appartenait à un poêle de la fin du 18᳤ s. et peut être attribué à l'atelier fribourgeois de Nuoffer, les mêmes pieds se retrouvant dans l'ancienne chambre du prieur du couvent des Augustins. Enfin, lors de ces transformations tardives, deux panneaux de lit à décor de serviettes pliées (fig. 39) ont été réutilisés, après avoir été sciés, comme entrevous au deuxième étage sur rue. Ces éléments de chêne sont les seules pièces de mobilier significatives qui ont été découvertes en ville de Fribourg depuis 40 ans. Un autre panneau de lit à décor de serviettes pliées provient de la Grand-Rue 56. Les panneaux de la Grand-Fontaine remontent à la fin du 15ᵉ s., après 1480 (réf. LRD11/R6596) et leur décor est identique à celui d'un des panneaux du lit gothique conservé au château de Gruyères, dont les autres panneaux ne diffèrent que par des détails. Ce lit est donc probablement issu d'un atelier fribourgeois et il constitue l'un des rarissimes témoignages de l'ébénisterie locale de la fin du 15ᵉ s.

Prélèvements: 27 échantillons en vue de datations dendrochronologiques, réf: LRD11/R6564RP.
Datation: archéologique; dendrochronologique.
SAEF, G. Bourgarel. Fig. 39. Fribourg FR, Rue de la Grand-Fontaine 29. Panneaux de lit à décor de serviettes pliées, fin 15ᵉ s. Photo SAEF, C. Zaugg.