CN 1244, 2558 803/1 153 239. Altitude 850 m
Date des fouilles : mai 2020 - juillet 2020.
Références bibliographiques : De Raemy, D. (2004) Châteaux, donjons et grandes tours dans les Etats de Savoie (1230-1330). Un modèle : le château d'Yverdon. CAR 98-99, 221-226, 562-564. Lausanne ; Reiners, H. (1937) Kanton Freiburg I (Die Burgen und Schlösser der Schweiz XIII), 49-52. Basel ; De Vevey, B. (1978) Châteaux et maisons fortes du canton de Fribourg. ASHF XXIV, 70-75. Fribourg ; CAF 8, 2006, 251 ; CAF 9, 2007, 223 ; CAF 14, 2012, 158-159
Suivi de chantier programmé, sondage, analyse du bâti (réfection du mur est et des tours du jardin, drainage, restauration de la cave centrale de l'aile sud). Surface de la fouille env. 150 m².
Autres.

Erigé de 1290 à 1304, le château de Châtel-Saint-Denis est établi sur une colline sise au nord-ouest du bourg. Sa position stratégique permettait d'assurer un contrôle de la route de Vevey à Fribourg. Il forme un quadrilatère de 83 m par 25 m de côtés, avec une longueur du nord au sud composée de deux parties distinctes. Au nord, le château lui-même comprend la tour maîtresse et un corps de logis adossé à la courtine ouest; le «donjon», au sens médiéval du terme, couvre 46 m de longueur. Au sud, une barbacane occupait l'actuelle aile sud et le jardin où se trouvait le logis du châtelain, ensemble désigné sous le nom de castrum. Cette barbacane attenante à la voie d'accès depuis la ville a été l'objet des dernières investigations. Seules deux des quatre caves de l'édifice ont pu être analysées, celles du centre et du sud-est. Dans le jardin, deux sondages, l'un à l'est et l'autre au sud, ont permis d'analyser les courtines tandis qu'un troisième a été réalisé pour vérifier l'emprise des couches archéologiques.
Les murs nord, est et sud du castrum appartiennent à la construction primitive et devaient être achevés en 1301. Dressés en moellons de calcaire et boulets, leur épaisseur atteint 1.55 m à 1.75 m et ils s'élèvent à plus de 6 m de hauteur. Au nord, la fente d'éclairage située à l'ouest de la porte d'accès est d'origine. Elle est liée au gros œuvre et son embrasure trapézoïdale à voûtain en arc segmentaire est revêtue de moellons de tuf, comme, semble-t-il, la fenêtre percée à l'est de la porte, malheureusement non décrépie. Cette ouverture atteste la présence d'un bâtiment qui devait avoir la même largeur que l'édifice actuel. Par ailleurs, la façade sud repose sur des fondations appartenant à la première phase de construction.
Six phases de transformations ont été mises en évidence et attestent une utilisation continue de ces celliers. Un premier mur de refend avec un tracé nord-sud a été érigé au centre de celles-ci ; au nord, il obstruait la fenêtre primitive. Par la suite, cet espace déjà scindé en deux a été subdivisé en trois, au même emplacement que les murs actuels. La façade sud est reconstruite au plus tôt à la fin du 17e siècle comme le prouve la date de 1686 conservée sur un remploi du mur observé probablement en 1736. En revanche, les autres murs seront reconstruits en 1748, simultanément aux voûtes. Par la suite, la cave orientale a été subdivisée en deux pour y installer une cuisine au nord, manifestement au 18e siècle encore.
Au sud du jardin, une niche en tuf d'une ouverture similaire à celle de la fenêtre primitive confirme l'existence d'une autre construction qui devait être accolée à la courtine sud. Le niveau de circulation de cet édifice n'a pas été atteint. Il se situait probablement à la même altitude que celui des caves analysées. Dans le jardin, un cellier de 2.7 m de largeur dans l'œuvre a été accolé à l'aile sud et adossé à la courtine orientale probablement en même temps que la reconstruction de la façade du corps de logis.
Au sud, le lien entre les courtines et les tours d'angle n'a pas pu être vérifié, ni la date de leur construction précisée. En 1301, les comptes de construction citent des tourelles en bois qui n'ont manifestement pas été remplacées avant l'acquisition du château par Fribourg en 1574, ce que suggère la meurtrière en trou de serrure de la tour sud-ouest. Quant à la tour sud-est, son aspect actuel remonte clairement au 18e siècle, avec ses larges fenêtres et sa cheminée.

Mobilier archéologique : échantillons de mortier, tavillons.
Datation : historique ; archéologique.
SAEF, G. Bourgarel, M. Prohaska.