CN 1185, 2579 438/1 183 856. Altitude 562 m. Date des fouilles : juin 2020 - septembre 2020.
Références bibliographiques : Bourgarel, G. (1996) Le canton de Fribourg. In : Sigel, B. (éd.) Stadt- und Landmauern 2, 107-109. Zürich ; Lauper, A. (2012) La ville de Fribourg en Nuithonie. In : SHAS (éd.) Fribourg-Valais (Guide artistique de la Suisse 4b), 37. Berne ; Strub, M. (1964) La ville de Fribourg : introduction, plan de la ville, fortifications, promenades, ponts, fontaines et édifices publics. MAH 50, canton de Fribourg I. Bâle.
Analyse du bâti (restauration des façades et de la toiture). Autres. Fortification urbaine.

La tour des Chats se dresse sur le flanc sud-est d'un petit vallon, face à la pente raide du Schönberg, au nord du quartier des Forgerons. De plan trapézoïdal, elle s'élève à près de 30 m de hauteur toiture comprise (fig. 63). D'une largeur de 9.6 m et de 6.25 à 6.8 m de côtés, elle possède six niveaux, sous une toiture à quatre pans. La hauteur des niveaux est variable : le premier atteint 6.7 m, le deuxième 4.05 m, le troisième 4.75 m, le quatrième 4.3 m, le cinquième 2.35 m et le sixième, soit le couronnement, 2.34 m.

Côté campagne, ses maçonneries de molasse atteignent près de 2 m d'épaisseur à la base et se réduisent à 1.2 m au cinquième niveau en raison des ressauts sur lesquels les poutraisons prennent appui à chaque étage. Le parapet crénelé est sommé de dalles biseautées en direction de l'extérieur et repose sur le chemin de ronde couvert de dalles similaires tournées vers l'intérieur de la tour. Le premier niveau, inaccessible, n'est pas doté d'ouverture. Les trois suivants sont percés d'une meurtrière par face et le cinquième niveau est également borgne. Les percements présentent des formes variables. La face nord-est est la plus large. Elle est munie d'une canonnière au deuxième niveau, d'une archère primitive coupée par une canonnière au troisième, et d'une supplémentaire insérée dans une baie à linteau sur coussinets au quatrième. La face latérale nord-ouest est dotée d'une meurtrière à mousquet au deuxième niveau et d'archères aux deux étages supérieurs. Le côté sud-est est percé d'une canonnière au deuxième niveau et d'archères à la hauteur des deux autres.

Les maçonneries construites d'un seul jet sont pourvues d'une base en tuf et de parements de carreaux de molasse taillés à la laye brettelée, régulièrement appareillés. Le mortier de liaison gris-beige, riche en graviers, a été lissé en surface pour former le jointoyage. Les marques de hauteur d'assises de III à X couvrent l'ensemble des maçonneries et possèdent les mêmes mesures que celles de la tour Dürrenbühl (dès 1368/1369) et des fortifications du quartier des Places. La tour était ouverte à la gorge, sauf au premier niveau où elle butait à la courtine. Initialement, sa couverture se situait au cinquième niveau, un simple pan de toit en direction de la ville qui a laissé des traces ténues.

La construction est édifiée en 1383-1384 selon les datations enregistrées dans les comptes de la ville. Les résultats des analyses dendrochronologiques corroborent ces mentions puisque les planchers des niveaux 2 à 5 et leurs escaliers ont été créés avec des bois abattus entre l'automne/hiver 1382/1383 et l'automne/hiver 1385/1386. Le maître maçon Rudy de Hohenberg et ses ouvriers, Hensli Houwenstein et Hensli Seltentritt en sont les bâtisseurs.

Deux essences de bois, l'épicéa et le sapin blanc, abattues entre l'automne/hiver 1423/1424 et l'automne/hiver 1424/1425 ont servi à la construction de la toiture actuelle en pavillon dont la réalisation n'aurait été mise en œuvre qu'en 1427-1428 selon les comptes de l'époque.

La fermeture de la tour côté ville a clairement été ancrée dans les maçonneries de molasse postérieurement à leur construction. Cette paroi de briques est sommée d'un crénelage sur une frise décorative à dents d'engrenage sur dents de scie. Ce décor est caractéristique de l'architecture de briques piémontaise et lombarde introduite dans la région au 15° s. sous l'influence ou directement par la Maison de Savoie. Les meurtrières à mousquet et canonnières remontent au 17° s.

Mobilier archéologique : échantillonnage de tuiles. Prélèvements : 49 échantillons prélevés sur les poutraisons, dont 6 lattes à tuiles. Datation : historique ; dendrochronologique (LRD20/R7951) ; typologique. S A E F, G. Bourgarel