CN 1204, 2560 204 / 1171721. Altitude 775 m.
Dates des fouilles: avril-octobre 2017.
Références bibliographiques: L. Waeber/A. Schuwey, Eglises et chapelles du Canton de Fribourg, 264-270. Fribourg 1957; AAVV La Collégiale de Romont. Patrimoine Fribourgeois 6. Fribourg 1996; M. Grandjean, L'architecture religieuse en Suisse romande et dans l'ancien diocèse de Genève à la fin de l'époque gothique. CAR 157-158, 253-261. 272-275. 496-501. Fribourg 2015; CAF 19,2017, à paraître.
Suivi de chantier, fouille (rénovation et installation du nouveau système de chauffage au sol). Surface de la fouille 350 m².
Eglise. Cimetière.

En 2016, une première campagne de sondages archéologiques dans la Collégiale de Romont avait permis de déterminer et de comprendre la succession stratigraphique des couches sous le sol actuel de l'église. Les informations récoltées ont ainsi permis d'élaborer au mieux le projet d'installation du nouveau système de chauffage. Cela nous a permis de limiter l'impact des excavations et de préserver ainsi les inhumations. Ce chantier de grande envergure, qui a vu la fructueuse collaboration de plusieurs corps de métier, a débuté durant le printemps 2017. À cette occasion, les archéologues ont pu se confronter aux vestiges ensevelis dans le sous-sol. Les ouvertures ont été réalisées dans l'avant-nef et sa chapelle latérale sud, dans la nef centrale, dans les collatéraux sud et nord ainsi que dans le chœur. Sur environ 0.4 m d'épaisseur, tout le sédiment a été prospecté au détecteur de métaux. Ce travail nous a permis de mettre au jour une importante quantité de mobilier métallique, à savoir 360 monnaies datées entre le 15ᵉ siècle et le milieu du 20ᵉ siècle, une quarantaine de médailles religieuses et une centaine de petits fragments de bronze fondu. Ce dernier matériel témoigne vraisemblablement de la trace des anciens incendies qui ont ravagé le sanctuaire en 1434 et en 1476. Cette même couche renfermait un grand nombre d'ossements humains, tous en position secondaire. Dans l'avant-nef, les murs nord et sud du tout premier « portail », construit au début du NANA siècle et mesurant 10 m de largeur, ont été documentés. Les excavations conduites dans la nef centrale ont révélé la présence de plusieurs cercueils en planches de bois clouées, datant d'avant l'année 1812. Les tombes, qui apparaissent à environ 0.7-0.8 m de profondeur, n'ont été ni fouillées ni prélevées. Seule exception, une sépulture mise au jour dans la deuxième travée depuis le chœur et menacée par le passage des tuyaux du chauffage a été complètement documentée. Le cercueil contenait le squelette en décubitus dorsal d'un individu gracile, visiblement de petite stature et d'âge avancé. Au moment de son inhumation, le corps a été enveloppé dans un linceul - des traces de ce tissu ont été retrouvées autour du crâne - et recouvert d'une couche de chaux.
De plus, perpendiculaires au tracé de la nef, huit lambourdes d'épicéa ont été découvertes. Elles sont placées à une distance régulière de 2.3 m l'une de l'autre et datées par dendrochronologie autour de l'année 1494 (LRD16/R7261). Il s'agissait de poutres destinées à recevoir un ancien plancher. Des activités d'aménagement à l'intérieur de l'église semblent encore se poursuivre jusqu'à la fin du 15ᵉ siècle, même si les travaux de gros œuvre étaient déjà terminés, comme le rapportent les comptes du chantier de l'époque. Ce plancher, plutôt inattendu dans la nef centrale d'une église d'importance comme la Collégiale, correspond, de plus, au socle de la chaire érigée en 1520. La fouille des bas-côtés a permis de découvrir l'emplacement de trois caveaux, un au sud et deux au nord, utilisés à partir du 19ᵉ siècle. Deux d'entre eux ont pu être documentés: des cercueils et des squelettes sont encore visibles à l'intérieur, dont celui du chanoine Ignace Lhoste, qui était accompagné d'un message témoignant de sa vie. Les travaux entrepris dans le chœur, déjà fortement remanié à la fin des années 1940, ont relevé la présence des murets en moellons de molasse qui servaient de soutènement aux stalles réalisées entre 1464 et 1469.

Mobilier archéologique: monnaies, médailles, autre mobilier en bronze, cuir, fragments de vitraux. Matériel anthropologique: squelettes. Datation: archéologique. Dendrochronologique.
SAEF, R. Tettamanti.