CN 1165, 573 731/196 819. Altitude 427.50 m.
Date des fouilles: mars 2014.

Fouille de sauvetage programmée (programme de recherche concernant les stations lacustres). Surface de la fouille 12 m². Site nouveau. Trouvaille isolée.

En mars 2013, lors d'un vol en dirigeable piloté par Fabien Droz qui visait à explorer une partie de la rive sud du lac de Morat, un élément horizontal en bois gisant sur le fond du lac à 1.60 m de profondeur a été repéré à l'est de la Pointe de Greng. Des reconnaissances en plongée, effectuées durant l'été 2013, ont permis de conclure aux restes d'une embarcation.

Compte tenu des menaces pesant sur cet objet du fait de l'érosion, mais également de l'ancrage fréquents de bateaux de plaisance durant la belle saison dans ce secteur et des risques d'arrachage qui en découlent, option fut prise par le Service archéologique de l'État de Fribourg de réaliser durant l'hiver 2013/14 une exploration poussée de cet objet sous la forme d'une fouille subaquatique. Ces investigations ont très rapidement confirmé qu'il s'agissait bien d'un fragment de pirogue monoxyle en sapin blanc qui mesure environ 4.30 m de longueur et 0.70 m de largeur. Les flancsbords de la pièce ne sont plus conservés que sur une dizaine de centimètres de hauteur au maximum, alors qu'ils devaient probablement avoisiner plus d'une quarantaine de centimètres de hauteur à l'origine. Un échantillon de la pirogue a été envoyé au laboratoire d'Uppsala afin de réaliser une datation radiocarbone. Le résultat de cette dernière permet de caler l'époque de sa fabrication au 10ᶜ s. apr. J.-C.

Après la réalisation d'une documentation sur terre ferme la plus exhaustive possible, décision fut prise de ré-immerger le fragment de pirogue à l'emplacement même de sa découverte. Pour ce faire, un caisson en bois a été réalisé, lesté et déposé au sein d'une fosse creusée dans le fond marin. Afin de juger de l'efficacité de cette option, une surveillance régulière sera dorénavant effectuée par le SAEF.

À proximité immédiate de la pirogue gisait également une centaine de gros galets dont le poids total approchait la tonne. Si, dans ce secteur du lac, l'origine anthropique de ce dépôt de galets ne fait aucun doute, les relations qu'il aurait pu éventuellement entretenir avec la pirogue demeurent plus problématiques. Parmi les cas de figures archéologiquement recevables (voisinage fortuit; cargaison de galets ayant sombré avec l'embarcation qui la transportait; « lest» constitué de galets servant à maintenir au fond du lac l'embarcation, etc.), il est actuellement impossible de trancher catégoriquement pour l'une ou l'autre de ces hypothèses. Des plongées de contrôle n'ont révélé aucune autre concentration de pierres dans le secteur, même en faible quantité.

Mobilier archéologique: galets.
Prélèvements: échantillons pour C14, dendrochronologie et dendrologie.
Datation: Ua-48568: 1069 ± 30 BP, 10^{ e } s.

SAEF, M. Mauvilly et R. Blumer; OPAN, F. Langenegger.