À la suite des découvertes de nombreux vestiges datant de la Protohistoire à l’époque moderne dans les sondages effectués en été 2023 sur la parcelle du projet de construction de l’entreprise Rolex, deux interventions distinctes y ont été menées par le Service archéologique de l’État de Fribourg (SAEF) en 2024.
La première campagne de fouille a consisté en l’ouverture d’une excavation longue de 220 m et large de 15 m dans l’emprise de l’axe de communication antique mis en évidence en 2004 et 2023. La route, qui mesurait entre 3.5 et 4 m de large, était constituée d’un tapis assez dense de galets et de boulets limité au nord-ouest et au sud-est par un alignement d’éléments lithiques installés directement sur le substrat morainique. La bande de roulement était constituée d’un sédiment limono-argileux recelant de nombreux clous de chaussure et divers objets en fer. Des réfections de la chaussée, matérialisées par un second niveau de pierres, ont ponctuellement été mises en évidence. Aucun fossé bordier n’a été repéré sur l’ensemble du tracé. D’après les indices recueillis en 2004, la route a été construite vers le milieu du 1er s. apr. J.-C. Quant à la campagne de 2024, elle a permis d’attester une fréquentation autour de cet axe jusqu’au milieu du 3e s. apr. J.-C., grâce à la datation radiocarbone de charbon de bois présents dans deux structures situées à proximité de la voie. La faible largeur de celle-ci suggère qu’il s’agissait d’une voie secondaire reliant différents établissements ruraux. Plusieurs tombes à crémation ont été mises au jour à intervalle irrégulier en bordure nord-ouest de la route. Le mobilier recueilli permet de les dater du 1er s. apr. J.-C. Aux découvertes romaines s’ajoutent des indices d’occupation protohistorique matérialisée par un rejet de foyer daté du Bronze ancien (BzA2) et quelques tessons de céramique à pâte grossière.
La seconde intervention s’est focalisée autour des foyers repérés lors du diagnostic de 2023 qui avait mis en évidence deux sites distants de 130 m et datés par radiocarbone respectivement du Bronze moyen (BzB-BzC2) et du Bronze final (HaB1-HaB3). Le premier site avait livré trois petits foyers à pierres de chauffe. La fouille de 2024 a révélé la présence d’une nouvelle structure foyère et d’un rejet de foyer, qui s’alignaient parfaitement avec les vestiges déjà connus. En revanche, aucun aménagement annexe n’a été observé. Un tel alignement avait aussi été observé sur le site d’Ursy FR, En la Donchière daté par radiocarbone de la même période.
L’ouverture à l’emplacement du foyer daté du Bronze final n’a, en revanche, dévoilé aucun indice archéologique contemporain. Cette structure artisanale ou culinaire semble donc isolée. L’agencement en batterie, parfois attesté pour ce type de foyer, n’a manifestement pas été observé sur ce plateau. De plus, à l’instar du premier site, aucun aménagement annexe n’a pu être identifié. La très forte érosion observée sur l’ensemble du plateau pourrait en être la cause.
En sus des découvertes protohistoriques, une chaussée d’une largeur de 1.8 m et des fondations de murs maçonnés, associés à un trou de poteau, ont été mises au jour. Quelques tessons de céramique glaçurée situent ces constructions entre le 15e et le 18e siècle. Seule une datation radiocarbone permettra de préciser ce calage chronologique.